Présentation
En anglaisRÉSUMÉ
La détermination de la criticité des équipements industriels représente des enjeux stratégiques pour les analyses des risques industriels et la détermination des politiques optimales de maintenance. Cet article présente des méthodes à base de techniques d'exploitation des jugements d'experts connaissant bien les équipements en vue d'obtenir un consensus. Les méthodes de brainstorming, de Delphi, de Régnier, Pieu, RCM et Ishikawa y sont présentées et comparées.
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Determining the criticality of industrial equipment points out same strategic issues for the analysis of industrial hazards and the determination of optimal maintenance policies. This article presents methods based on the exploitation of judgments of experts familiar with the equipments in order to obtain a consensus. Methods such as Brainstorming, Delphi, Régnier, Pieu, RCM and Ishikawa are presented and compared.
Auteur(s)
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Gilles ZWINGELSTEIN : Ingénieur de l'École nationale supérieure d'électrotechnique, d'électronique, d'informatique, d'hydraulique et des télécommunications de Toulouse (ENSEEIHT) - Docteur-Ingénieur – Docteur ès sciences - Professeur associé des universités retraité, Université Paris Est Créteil, France
INTRODUCTION
La criticité de certains équipements d'installations industrielles doit impérativement être évaluée ; la défaillance de ces équipements peut avoir des conséquences graves sur le personnel, l'environnement, le respect de la réglementation, sans parler des conséquences d'arrêts de production.
Cependant, la détermination de la criticité des équipements en cours de conception, ou déjà en phase d'exploitation, pose de nombreuses difficultés si l'on ne dispose pas de données réelles de retour d'expérience archivées dans les banques de données spécialisées. Cette situation se rencontre très fréquemment dans de nombreuses entreprises où la connaissance est mémorisée par les différents experts qui conçoivent, exploitent ou maintiennent ces équipements. On notera cependant que souvent la qualité d'expert est ambiguë, voire contestée. Pour pallier cette difficulté, il devient nécessaire de faire appel à des méthodes qui reposent sur les connaissances d'un panel d'experts en comportement des équipements. Pour obtenir un consensus d'experts, la majorité de ces techniques repose sur les votes des experts en utilisant des questionnaires où chaque réponse est codée suivant une échelle prédéfinie ou un codage par couleur.
La première méthode présentée dans cet article, le Brainstorming d'Osborn, est un outil de créativité libre et ordonné qui permet de rechercher en groupe et en toute liberté un maximum d'idées sur un sujet donné ou d'inventer des solutions pour résoudre un problème. Cette méthode s'adapte à la recherche de la criticité des équipements, en demandant à chacun des membres du panel d'experts de donner leur avis sur la criticité du même équipement dont ils connaissent parfaitement le fonctionnement en toute liberté et indépendamment des autres experts.
La seconde méthode Delphi a été mise au point dans les années 1950 par Olaf Helmer à la Rand Corporation. La méthode implique un groupe d'experts qui, sous la direction d'un animateur, répondent anonymement et de façon individuelle aux questionnaires et reçoivent ensuite de la part de l'animateur la synthèse des informations sous la forme d'une représentation statistique de la réponse collective. Ensuite, l'animateur renvoie une autre série de questionnaires et assure le dépouillement et la synthèse, éventuellement sous forme statistique, des réponses. Après quoi le processus se répète. L'objectif est de réduire l'éventail des réponses pour obtenir un consensus. On présente également les versions apparues avec Internet.
La troisième méthode correspond à celle de l'Abaque de Régnier®. Le groupe d'experts se voit proposer une liste de questions (items) à laquelle chaque expert doit répondre de façon non verbale en utilisant un code de sept couleurs. Ensuite, en affectant une valeur numérique à chaque avis, on construit plusieurs tableaux colorés pour définir des entités spécifiques à la méthode. Leurs interprétations visuelles permettent de déterminer les items qui font l'objet d'un consensus et d'identifier les experts minoritaires qui envoient des « signaux faibles » définis par cette méthode.
La quatrième méthode décrit la méthode Pieu (pannes, importance de l'équipement, état de l'équipement, utilisation). Avec cette méthode, la criticité des équipements peut être définie avec précision par notation. Suivant le domaine et les avis des experts, il est possible de choisir des grilles d'évaluation avec différents poids associés à des critères définis de façon interne. La méthode Méride (méthode d'évaluation des risques industriels) est succinctement décrite.
La cinquième méthode présente succinctement les concepts de la maintenance basée sur la fiabilité (MBF) qui a pour objectifs de définir un programme de maintenance préventive uniquement sur les équipements critiques. On y présente les critères recommandés dans les normes internationales sur la RCM (reliability centered maintenance).
Finalement, la sixième méthode décrite est celle d'Ishikiwa, également appelée le diagramme de causes-effet. Après une description de la méthode formelle, on présente le diagramme d'Ishikawa pondérée et une adaptation pour la détermination de la criticité des équipements.
Pour chacune de ces méthodes, les avantages et inconvénients sont présentés en insistant sur la robustesse des résultats compte tenu du fait que l'on fait appel aux jugements d'experts et aux aspects psychologiques qui y sont liés.
KEYWORDS
Industrial equipments | Industrial risk management | Expert judgment
DOI (Digital Object Identifier)
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8. Conclusion
Les méthodes heuristiques, qui viennent d'être présentées pour définir la criticité des équipements en absence de retour d'expérience faisant appel à des jugements d'experts, utilisent des principes plus ou moins fondés sur des démarches scientifiques. La majorité de ces techniques fait appel à un panel d'experts piloté par un animateur. Le rôle de cet animateur est vital, car en général c'est une personne expérimentée qui va définir le questionnaire et gérer les modes de communication entre les différents partenaires présents en réunion ou contactés par d'autres moyens de communication. On remarque que la majorité des techniques de recherche de consensus utilise une procédure itérative où l'animateur va, à travers différents questionnements tenter d'obtenir un consensus par rapport aux problèmes à résoudre. Le retour d'expérience avec l'utilisation de ces méthodes, en particulier avec les méthodes Delphi, Régnier, Pieu ou Ishikawa, montre qu'il n'y aura jamais un consensus parfait et qu'il existe toujours un noyau irréductible d'experts qui ne changeront jamais d'avis. Cela correspond à la fameuse règle des 80/20. Statistiquement, en effet dans ce domaine de recherche de consensus, il y a environ 20 % des participants irréductibles à toute discussion. Le point incontournable avec ces méthodes heuristiques est la psychologie humaine. Pour conclure sur ces méthodes, si l'animateur n'a pas la capacité d'être un leader incontesté, ces méthodes risquent souvent d'être contre-productives et onéreuses en regard des résultats obtenus.
Les méthodes reposant sur la démarche RCM bénéficient, quant à elles, d'une plus grande robustesse car elles font référence à des normes internationales.
Comme les critères qui peuvent être retenus sont très différents, il est souvent souhaitable d'utiliser plusieurs méthodes de façon complémentaire pour éviter de biaiser les résultats fournis par le jugement collectif d'experts.
Avec la banalisation des nouveaux moyens de communication (Internet, réseaux sociaux), il devient très aisé de rassembler les avis de plusieurs centaines d'experts. Cette situation ouvre une nouvelle perspective aux méthodes basées sur les avis d'experts et permettra d'obtenir une plus grande robustesse dans le consensus. C'est ainsi que des recherches sont entreprises dans de nombreux pays pour développer des e-méthodes pour obtenir le consensus des experts
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - OSBORN (A.) - Applied imagination : principles and procedures of creative problem solving. - Scribner (1963).
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(2) - DE JONG (H.H.) - Guidelines for the identification of hazards : how to make unimaginable hazards imaginable. - Eurocontrol (2004).
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(3) - TIMMERMAN (T.) - When are more heads better than one ? - Proceedings of the Academy of Organizational Culture, Communications and Conflict, 8(1), New Orleans (2004)
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(4) - DALKEY (N.), ELMER (O.D.) - An experimental application of the delphi method to the use of experts. - Management Science, vol. 9, no 3, p. 458-467 (1963).
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(5) - MILLER (F.), VANDOME (A.), McBREWSTER (J.) - Likert scale. - VDM Publishing (2010).
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(6) - LINDQVIST (P.), NORDANGER (U.K.) - (Mis- ?) using the e-Delphi method : an attempt to articulate the practical knowledge of teaching. - ...
DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
De JONG (H.H.), site intéressant d'Eurocontrol sur les méthodes d'identification des risques et de leur criticité http://www.nlr-atsi.nl/downloads/guidelines-for-the-identification-of-hazards.pdf
LINDQVIST (P.), NORDÄNGER (U.-K.), site intéressant sur les méthodes e-Delphi http://www.scientificjournals.org/journals2007/articles/1222.pdf
Université de Technologie de Compiègne, site de la formation des assistants biomédicaux en Ingénierie http://www.utc.fr/tsibh/
Lidolimeeting, site commercial sur la méthode de l'Abaque de Régnier http://www.lidolimeeting.com/accueil.htm
The millennium project, site intéressant sur la méthode Delphi temps réel http://www.millennium-project.org/millennium/RTD-general.html
GORDON (T.), un site sur la méthode Delphi temps réel http://www.econ.uba.ar/unai/archivos/actividades/30_de_octubre/Real_Time_Delphi_Ted_Gordon.pdf
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SAE JA 1011 - 1999 - Evaluation Criteria for reliability-centered maintenance (RCM) Processes - -
SAE JA 1002 - 2002 - A Guide to the Reliability-Centered Maintenance (RCM) Standards - -
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