Présentation
En anglaisRÉSUMÉ
Dans un contexte de rareté de la ressource en eau, la mise en valeur de la Tunisie s'appuie sur une importante infrastructure hydraulique composée de barrages, puits et forages, conduites et canaux de transfert, qui mobilisent plus de 80 % des ressources en eau, avec pour conséquence des risques d'apparition de conflits entre les différents secteurs d'usage en perspective. La sécurité hydrique et alimentaire du pays repose désormais sur l'amélioration des performances de l'irrigation et de l'agriculture pluviale, l'optimisation des flux d'eau virtuelle, le développement des ressources alternatives, la rénovation des instruments législatifs et institutionnels, et une forte émancipation cognitive de toute la société.
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As far as scarce water resources are concerned, the development of Tunisia is based on a large hydraulic infrastructure composed of dams, wells and boreholes, pipes and transfer channels, which involve more than 80% of water resources, thus inducing the risk of conflicts between the different sectors of use. Water and food security in this country is now correlated with the improvement of irrigation and rain-fed agriculture, optimization of virtual water flows, development of alternative resources, renovation of legislative and institutional instruments and a heightened cognitive emancipation of the whole society.
Auteur(s)
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Mustapha BESBES : Professeur émérite à l'École nationale d'Ingénieurs de Tunis - Université de Tunis El Manar
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Jamel CHAHED : Professeur à l'École nationale d'Ingénieurs de Tunis - Université de Tunis El Manar
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Hedi SHAYEB : Professeur à l'École nationale d'Ingénieurs de Tunis - Université de Tunis El Manar
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Abdelkader HAMDANE : Directeur général honoraire du Génie Rural - Conseiller scientifique à l'Institut national agronomique de Tunisie - Université de Carthage
INTRODUCTION
La Tunisie comptait en 2011 une population de 10,7 millions d'habitants. Les précipitations moyennes sur le pays, estimées à 36 km3/an, sont en raison de l'aridité du climat reprises à 88 % par l'évapotranspiration : 28 % dans les forêts et parcours, 17 % dans les zones humides, 10 % dans les déserts et 33 % sur les terres cultivées. Les 12 % restants alimentent les écoulements : oueds et nappes souterraines dans lesquels l'irrigation, pratiquée sur environ 400 000 hectares, représente 80 % des prélèvements, le reste servant à l'approvisionnement des collectivités, des industries, du tourisme et à la sauvegarde d'écosystèmes aquatiques. Le quota par habitant des ressources hydrauliques renouvelables est actuellement de 400 m3/hab/an, ce qui place la Tunisie dans le groupe des pays les moins dotés en eau douce de la planète.
La planification de l'eau vise le développement total de la ressource au service de la mise en valeur du pays. Le programme hydraulique tunisien s'est ainsi appuyé sur la réalisation d'une importante infrastructure de grands barrages, de petits barrages et lacs collinaires, de nombreux puits et forages d'eau profonds, ce qui a permis de mobiliser 81 % des ressources en eau identifiées. Ces ouvrages sont reliés par un réseau complexe de conduites et de canaux, autorisant notamment le transfert des ressources en eau des régions qui en sont riches, le Nord et l'Ouest, vers celles qui en sont dépourvues, les zones côtières de l'Est où se concentrent traditionnellement les populations et l'expression des besoins en eau.
L'agriculture irriguée utilisant la majeure partie de l'eau disponible, et la demande en eau potable devant croître au moins autant que la population, la Tunisie aura dans un avenir proche à résoudre l'équation hydraulique la plus paradoxale de son histoire : faire que l'agriculture irriguée produise bien plus qu'aujourd'hui tout en utilisant moins d'eau. La sécurité alimentaire du pays sera donc fonction de sa capacité à économiser l'eau dans toutes ses utilisations, et notamment à bien maîtriser l'irrigation. D'ores et déjà, et grâce à un système d'incitations financières et de subventions des petits exploitants, le taux d'équipement par des systèmes d'économie d'eau a atteint 80 % des superficies irriguées, dont 30 % équipés en irrigation localisée. Cette stratégie a permis, en dix ans, de stabiliser la demande en eau d'irrigation de la Tunisie malgré l'extension des superficies irriguées.
Aujourd'hui, les prélèvements en eau approchent l'ordre de grandeur des ressources et les coûts marginaux de fourniture d'eau augmentent et commencent à dépasser les avantages économiques offerts par les usages les moins productifs. Cela se traduit par une interdépendance accrue entre les différents secteurs d'usages et par des risques d'apparition de conflits potentiels en perspective : l'eau devient un facteur limitant du développement socio-économique. En relation avec le volet économique de l'eau se posent également les questions relatives au développement et à l'utilisation optimale de ressources alternatives : réutilisation des eaux usées traitées, dessalement des eaux saumâtres et de l'eau de mer dont les coûts des procédés sont de plus en plus abordables, optimisation des flux d'eau virtuelle.
Les perspectives de plafonnement des prélèvements renvoient à la nécessité de réadapter les instruments institutionnels et de régulation du secteur de l'eau. Les arbitrages à effectuer pour équilibrer l'offre et la demande et concilier les différents usages nécessitent une réforme radicale des modes de gestion de l'eau. Le projet en cours de rénovation de la législation tunisienne sur l'eau sous-tend une politique fondamentalement adaptée au contexte de rareté de la ressource.
Mais au-delà, ces conditions limites nécessitent une forte émancipation de toute la société, pour atteindre les impératifs d'efficience. Il est essentiel que tous les intervenants assimilent les enjeux de l'eau et maîtrisent les moyens techniques permettant de les réaliser, et que toute l'opinion publique s'approprie la question de l'eau comme un projet d'avenir. Toutes les réformes à introduire sur la modernisation de la gestion des données et de l'information, sur la gestion locale et démocratique de l'eau, sur l'approche de l'eau dans l'éducation scolaire, sur le développement de l'innovation et des applications de la recherche, devraient permettre de contribuer à stabiliser et à améliorer sensiblement la sécurité hydrique de la Tunisie.
KEYWORDS
water security | risk management | alternative water resources
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3. Sécurité hydrique et sécurité alimentaire : bilan de l'eau virtuelle
La maîtrise des ressources facilement mobilisables est presque totale et le renforcement de la sécurité hydrique va à l'avenir dépendre en partie de la capacité du pays à développer le potentiel de satisfaction de la demande à travers :
-
les possibilités de valorisation des ressources d'eau verte et l'optimisation des flux d'eau virtuelle ;
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l'accroissement des ressources non conventionnelles.
3.1 Flux d'eau virtuelle et sécurité alimentaire
Les facteurs démographiques, sociaux et économiques détermineront la demande et la disponibilité des ressources en eau dans le futur. Après la forte croissance démographique de la deuxième moitié du XXe siècle, la population de la Tunisie voit son taux de croissance diminuer et elle devrait se stabiliser à un peu moins de 13 millions d'habitants vers 2030. Le développement et l'urbanisation auront également des impacts sur les ressources en eau aussi bien par l'augmentation des besoins individuels d'eau potable et des exigences de normes de qualité que par des changements du régime alimentaire des populations. Le problème majeur demeure celui de la maîtrise, dans quelques années, d'une situation où 100 % des ressources auront été mobilisés et où toutes les mesures techniques, réglementaires et institutionnelles de préservation auront été épuisées, alors que la population et les besoins individuels continueront de croître. Comment dans ces conditions continuer à assurer la sécurité hydrique, et par-là même, la sécurité alimentaire du pays ?
L'objectif de sécurité alimentaire de la Tunisie consiste à couvrir, par la production nationale, une partie essentielle des besoins alimentaires fondamentaux (céréales, huiles, viande, lait). Les aléas climatiques induisent d'importantes fluctuations des productions de l'agriculture pluviale et le bilan des échanges agroalimentaires de la Tunisie a été négatif pendant les deux dernières décennies (figure 6), à l'exception des années pluvieuses 1991 et 2004. Ce bilan est fortement dépendant des importations de céréales.
1 DT # 0,5 e en décembre 2012.
Le bilan des demandes en eau de la Tunisie indique que la moitié de l'équivalent-eau des besoins alimentaires est fournie en année moyenne...
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Sécurité hydrique et sécurité alimentaire : bilan de l'eau virtuelle
BIBLIOGRAPHIE
-
(1) - FRIGUI (H.L.) - Rapport National sur la mise en valeur des ressources en eau en Tunisie. - Nations Unies ; Commission Économique pour l'Afrique ; CEA-AN/PUB/EAU/TN/7 (2005).
-
(2) - KALLEL (R.) - Caractéristiques morphologiques et hydrologiques du réseau hydrographique Tunisien. - Direction Générale des Ressources en Eau, Ministère de l'agriculture, Tunis (1994).
-
(3) - WWAP, World Water Assessment Programme - The united nations world water development report 3. - Case Studies Volume, Facing The Challenges (2009).
-
(4) - SONEDE, Société Nationale d'Exploitation et de Distribution des Eaux - * - Rapport statistique 2010 (2009).
-
(5) - ONAS, Office National de l'Assainissement - * - Rapport Annuel 2010 (2010).
-
(6) - Center of Arab Women for Training and Research - * - Eau,...
DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
NORMES
-
Norme tunisienne définissant les caractéristiques physiques, chimiques et micro-biologiques des eaux destinées à la consommation humaine - NT 09.14 - 1983
-
Norme tunisienne relative aux spécifications des eaux traitées utilisées à des fins agricoles - NT 106.003 - 1989
-
Norme tunisienne relative aux rejets d'effluents dans le milieu hydrique - NT 106.002 - 1989
ANNEXES
Loi no 75-16 du 31 mars 1975, portant promulgation du Code des eaux modifiée et complétée par :
-
loi no 87-35 du 6 juillet 1987 ;
-
loi no 88-94 du 2 août 1988 ;
-
loi no 2001-116 du 26 novembre 2001 ;
-
loi no 2004-24 du 15 mars 2004 modifiant et complétant la loi no 99-43 du 10 mai 1999 relative aux Groupements de Développement dans les secteurs de l'Agriculture et de la Pêche ;
-
décret no 2001-2606 du 9 novembre 2001 modifiant l'article 19 du code des eaux.
Décret no 78-419 du 15 avril 1978, fixant composition et modalités de fonctionnement du Comité National de L'Eau.
Décret no 78-557 du 24 mai 1978, fixant composition et fonctionnement de la commission du domaine public hydraulique.
Décret no 78-814 du 1er septembre 1978, fixant les conditions de recherche et d'exploitation des eaux souterraines.
Décret no 81-1818 du 22 décembre 1981 portant désignation des agents chargés de la conservation et de la police du domaine public hydraulique.
Décret no 85-56 du 2 janvier 1985, relatif à la réglementation des rejets dans le milieu récepteur.
Décret no 87-1202...
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