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Article

1 - ÉTAT DES RESSOURCES EN EAU

2 - USAGES DE L'EAU

3 - SÉCURITÉ HYDRIQUE ET SÉCURITÉ ALIMENTAIRE : BILAN DE L'EAU VIRTUELLE

4 - RESSOURCES NON CONVENTIONNELLES

5 - MENACES ET GESTION DES RISQUES LIÉS À L'EAU

6 - GESTION DE L'EAU : UN PROJET D'AVENIR POUR LA TUNISIE

  • 6.1 - Maîtrise de la demande : un gisement prometteur
  • 6.2 - Normalisation et contrôle des usages de l'eau
  • 6.3 - Gestion locale de l'eau et participation des usagers
  • 6.4 - Modernisation des systèmes d'information sur l'eau

7 - CONCLUSION : MAÎTRISE DES CAPACITÉS DE GESTION ET DE CONNAISSANCE

Article de référence | Réf : W3005 v1

Menaces et gestion des risques liés à l'eau
L'eau en Tunisie

Auteur(s) : Mustapha BESBES, Jamel CHAHED, Hedi SHAYEB, Abdelkader HAMDANE

Date de publication : 10 août 2013

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RÉSUMÉ

Dans un contexte de rareté de la ressource en eau, la mise en valeur de la Tunisie s'appuie sur une importante infrastructure hydraulique composée de barrages, puits et forages, conduites et canaux de transfert, qui mobilisent plus de 80 % des ressources en eau, avec pour conséquence des risques d'apparition de conflits entre les différents secteurs d'usage en perspective. La sécurité hydrique et alimentaire du pays repose désormais sur l'amélioration des performances de l'irrigation et de l'agriculture pluviale, l'optimisation des flux d'eau virtuelle, le développement des ressources alternatives, la rénovation des instruments législatifs et institutionnels, et une forte émancipation cognitive de toute la société.

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ABSTRACT

Water in Tunisia

As far as scarce water resources are concerned, the development of Tunisia is based on a large hydraulic infrastructure composed of dams, wells and boreholes, pipes and transfer channels, which involve more than 80% of water resources, thus inducing the risk of conflicts between the different sectors of use. Water and food security in this country is now correlated with the improvement of irrigation and rain-fed agriculture, optimization of virtual water flows, development of alternative resources, renovation of legislative and institutional instruments and a heightened cognitive emancipation of the whole society.

Auteur(s)

  • Mustapha BESBES : Professeur émérite à l'École nationale d'Ingénieurs de Tunis - Université de Tunis El Manar

  • Jamel CHAHED : Professeur à l'École nationale d'Ingénieurs de Tunis - Université de Tunis El Manar

  • Hedi SHAYEB : Professeur à l'École nationale d'Ingénieurs de Tunis - Université de Tunis El Manar

  • Abdelkader HAMDANE : Directeur général honoraire du Génie Rural - Conseiller scientifique à l'Institut national agronomique de Tunisie - Université de Carthage

INTRODUCTION

La Tunisie comptait en 2011 une population de 10,7 millions d'habitants. Les précipitations moyennes sur le pays, estimées à 36 km3/an, sont en raison de l'aridité du climat reprises à 88 % par l'évapotranspiration : 28 % dans les forêts et parcours, 17 % dans les zones humides, 10 % dans les déserts et 33 % sur les terres cultivées. Les 12 % restants alimentent les écoulements : oueds et nappes souterraines dans lesquels l'irrigation, pratiquée sur environ 400 000 hectares, représente 80 % des prélèvements, le reste servant à l'approvisionnement des collectivités, des industries, du tourisme et à la sauvegarde d'écosystèmes aquatiques. Le quota par habitant des ressources hydrauliques renouvelables est actuellement de 400 m3/hab/an, ce qui place la Tunisie dans le groupe des pays les moins dotés en eau douce de la planète.

La planification de l'eau vise le développement total de la ressource au service de la mise en valeur du pays. Le programme hydraulique tunisien s'est ainsi appuyé sur la réalisation d'une importante infrastructure de grands barrages, de petits barrages et lacs collinaires, de nombreux puits et forages d'eau profonds, ce qui a permis de mobiliser 81 % des ressources en eau identifiées. Ces ouvrages sont reliés par un réseau complexe de conduites et de canaux, autorisant notamment le transfert des ressources en eau des régions qui en sont riches, le Nord et l'Ouest, vers celles qui en sont dépourvues, les zones côtières de l'Est où se concentrent traditionnellement les populations et l'expression des besoins en eau.

L'agriculture irriguée utilisant la majeure partie de l'eau disponible, et la demande en eau potable devant croître au moins autant que la population, la Tunisie aura dans un avenir proche à résoudre l'équation hydraulique la plus paradoxale de son histoire : faire que l'agriculture irriguée produise bien plus qu'aujourd'hui tout en utilisant moins d'eau. La sécurité alimentaire du pays sera donc fonction de sa capacité à économiser l'eau dans toutes ses utilisations, et notamment à bien maîtriser l'irrigation. D'ores et déjà, et grâce à un système d'incitations financières et de subventions des petits exploitants, le taux d'équipement par des systèmes d'économie d'eau a atteint 80 % des superficies irriguées, dont 30 % équipés en irrigation localisée. Cette stratégie a permis, en dix ans, de stabiliser la demande en eau d'irrigation de la Tunisie malgré l'extension des superficies irriguées.

Aujourd'hui, les prélèvements en eau approchent l'ordre de grandeur des ressources et les coûts marginaux de fourniture d'eau augmentent et commencent à dépasser les avantages économiques offerts par les usages les moins productifs. Cela se traduit par une interdépendance accrue entre les différents secteurs d'usages et par des risques d'apparition de conflits potentiels en perspective : l'eau devient un facteur limitant du développement socio-économique. En relation avec le volet économique de l'eau se posent également les questions relatives au développement et à l'utilisation optimale de ressources alternatives : réutilisation des eaux usées traitées, dessalement des eaux saumâtres et de l'eau de mer dont les coûts des procédés sont de plus en plus abordables, optimisation des flux d'eau virtuelle.

Les perspectives de plafonnement des prélèvements renvoient à la nécessité de réadapter les instruments institutionnels et de régulation du secteur de l'eau. Les arbitrages à effectuer pour équilibrer l'offre et la demande et concilier les différents usages nécessitent une réforme radicale des modes de gestion de l'eau. Le projet en cours de rénovation de la législation tunisienne sur l'eau sous-tend une politique fondamentalement adaptée au contexte de rareté de la ressource.

Mais au-delà, ces conditions limites nécessitent une forte émancipation de toute la société, pour atteindre les impératifs d'efficience. Il est essentiel que tous les intervenants assimilent les enjeux de l'eau et maîtrisent les moyens techniques permettant de les réaliser, et que toute l'opinion publique s'approprie la question de l'eau comme un projet d'avenir. Toutes les réformes à introduire sur la modernisation de la gestion des données et de l'information, sur la gestion locale et démocratique de l'eau, sur l'approche de l'eau dans l'éducation scolaire, sur le développement de l'innovation et des applications de la recherche, devraient permettre de contribuer à stabiliser et à améliorer sensiblement la sécurité hydrique de la Tunisie.

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KEYWORDS

water security   |   risk management   |   alternative water resources

DOI (Digital Object Identifier)

https://doi.org/10.51257/a-v1-w3005


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5. Menaces et gestion des risques liés à l'eau

Les menaces et les risques proviennent des aléas naturels à l'origine de situations extrêmes, ils résultent aussi d'actions anthropiques en relation avec les modes de gestion de l'eau. La maîtrise des ces problèmes procède d'une démarche qui inscrit le risque comme élément de gestion, et nécessite l'amélioration des outils d'analyse et d'évaluation du risque, ainsi que des méthodes et des moyens de contrôle et d'intervention.

5.1 Surexploitation des eaux souterraines

Les eaux souterraines ont été exploitées d'une manière excessive au cours des quarante dernières années, provoquant l'épuisement des réserves de nombreux aquifères. Le volume fourni par surexploitation des aquifères de Tunisie est estimé à 480 Mm3/an, soit 24 % des prélèvements totaux d'eaux souterraines, ce qui est difficilement soutenable. Bien que le Code des Eaux ait introduit les éléments d'une gestion rationnelle, essentiellement coercitive, des ressources souterraines, l'eau des nappes phréatiques exploitée en mode d'accès libre exige en réalité un système de gestion associant tous les usagers. La mise en place d'un programme national de gestion participative des nappes surexploitées devrait permettre de développer une stratégie de gestion dont les agriculteurs sont les acteurs principaux, pour équilibrer l'influence grandissante des lobbys locaux, disposés à prélever toujours plus d'eau, par le renforcement des capacités des opérateurs de l'eau, stratégie basée sur des principes d'acquisition par les usagers de connaissances spécifiques sur la nappe, et d'association démocratique et effective aux mécanismes de prise de décision.

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5.2 Salinisation des sols

Les eaux tunisiennes sont affectées à des degrés divers par la salinité. L'utilisation à grande échelle des eaux moyennement à fortement salées en irrigation affecte le niveau de rendement des cultures, mais risque aussi de dégrader sur le long terme et d'une manière souvent irréversible la structure des sols irrigués. Ce phénomène est amplifié par l'excès d'eau ou hydromorphie provoquée par la surirrigation et l'élévation excessive du niveau des nappes phréatiques. On estime actuellement...

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BIBLIOGRAPHIE

  • (1) - FRIGUI (H.L.) -   Rapport National sur la mise en valeur des ressources en eau en Tunisie.  -  Nations Unies ; Commission Économique pour l'Afrique ; CEA-AN/PUB/EAU/TN/7 (2005).

  • (2) - KALLEL (R.) -   Caractéristiques morphologiques et hydrologiques du réseau hydrographique Tunisien.  -  Direction Générale des Ressources en Eau, Ministère de l'agriculture, Tunis (1994).

  • (3) - WWAP, World Water Assessment Programme -   The united nations world water development report 3.  -  Case Studies Volume, Facing The Challenges (2009).

  • (4) - SONEDE, Société Nationale d'Exploitation et de Distribution des Eaux -   *  -  Rapport statistique 2010 (2009).

  • (5) - ONAS, Office National de l'Assainissement -   *  -  Rapport Annuel 2010 (2010).

  • (6) - Center of Arab Women for Training and Research -   *  -  Eau,...

NORMES

  • Norme tunisienne définissant les caractéristiques physiques, chimiques et micro-biologiques des eaux destinées à la consommation humaine - NT 09.14 - 1983

  • Norme tunisienne relative aux spécifications des eaux traitées utilisées à des fins agricoles - NT 106.003 - 1989

  • Norme tunisienne relative aux rejets d'effluents dans le milieu hydrique - NT 106.002 - 1989

1 Règlementation

Loi no 75-16 du 31 mars 1975, portant promulgation du Code des eaux modifiée et complétée par :

  • loi no 87-35 du 6 juillet 1987 ;

  • loi no 88-94 du 2 août 1988 ;

  • loi no 2001-116 du 26 novembre 2001 ;

  • loi no 2004-24 du 15 mars 2004 modifiant et complétant la loi no 99-43 du 10 mai 1999 relative aux Groupements de Développement dans les secteurs de l'Agriculture et de la Pêche ;

  • décret no 2001-2606 du 9 novembre 2001 modifiant l'article 19 du code des eaux.

Décret no 78-419 du 15 avril 1978, fixant composition et modalités de fonctionnement du Comité National de L'Eau.

Décret no 78-557 du 24 mai 1978, fixant composition et fonctionnement de la commission du domaine public hydraulique.

Décret no 78-814 du 1er septembre 1978, fixant les conditions de recherche et d'exploitation des eaux souterraines.

Décret no 81-1818 du 22 décembre 1981 portant désignation des agents chargés de la conservation et de la police du domaine public hydraulique.

Décret no 85-56 du 2 janvier 1985, relatif à la réglementation des rejets dans le milieu récepteur.

Décret no 87-1202...

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