Présentation
En anglaisRÉSUMÉ
Le sonar passif est discret et ne perturbe pas la faune marine puisqu’il n’écoute que les sons provenant des bruiteurs, lesquels émettent des signaux acoustiques se propageant dans l’océan pour être reçus par les antennes du sonar. Ces dernières sont perturbées par les nuisances sonores provenant du porteur et du milieu. Les signaux reçus par les capteurs de l’antenne sont traités par des algorithmes appropriés dont les sorties sont affichées afin qu’un opérateur, aidé de l’écoute audio, décide de l’intérêt de la détection. L’article décrit chaque étape du cheminement de l’information, de la source acoustique à l’opérateur. Cet ordre est aussi celui des termes de l’équation sonar servant à estimer la portée. Trois exemples issus de situations réelles en mer montrent l’emploi de ce formalisme.
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The advantage of the passive sonar is its discretion and its non-disturbance of marine life, since it only listens to acoustic sources that emit acoustic signals propagated in the ocean, to be received by the sonar arrays. These are disturbed by self and ambient noise. The signals received by the hydrophones are processed by appropriate algorithms whose outputs are displayed so that an operator, helped by audio listening, decides on the utility of the detection. This article follows, step by step, the information flow from the source to the operator: this order is also that of the terms in the sonar equation. Three examples from real situations at sea show the use of this equation for calculating detection range.
Auteur(s)
-
Denis PILLON : Ingénieur en retraite - Conseiller de l’équipe signaux et système, IM2NP, Université du Sud Toulon Var, France
INTRODUCTION
Depuis la Seconde Guerre mondiale, les sonars passifs jouent un rôle clef dans la lutte sous-marine car ils permettent la détection de cibles tout en restant discrets et économes en énergie. Par ailleurs, les contraintes d’emplois des sonars actifs sont de plus en plus fortes : protection de la faune, coordination des émissions lors des opérations conjointes avec d’autres marines. Même si les budgets alloués à la détection sous-marine (DSM) passive ont décru depuis la fin de la guerre froide, ce secteur d’activité a gardé un certain dynamisme car les menaces sont certes moins nombreuses mais de plus en plus silencieuses, donc de plus en plus difficiles à détecter.
Nous présentons ici les notions de bases relatives à la DSM passive, domaine qui touche à des disciplines très diversifiées allant de l’hydrodynamique au traitement du signal en passant bien évidemment par l’acoustique. Le but de cet article n’est donc pas de faire du lecteur un ingénieur sonariste aguerri mais de lui permettre d’acquérir les éléments de base permettant d’accéder aux nombreux mais volumineux ouvrages traitant de la DSM passive. La présentation des notions élémentaires de la DSM se fait ici en suivant le cheminement du signal rayonné par les bruiteurs (navires, cargos, sous-marins, faune sous-marine, plates-formes offshores, etc.). Ce signal source se propage ensuite dans l’eau pour être reçu par des antennes puis traité et présenté à l’opérateur. Nous avons retenu cet ordre car il correspond à l’écriture habituelle des termes de l’équation sonar en passif. Nous ne traitons pas ici des fonctions plus en aval comme le pistage, l’identification/classification ou la localisation par télémétrie ou trajectographie passive. Nous nous sommes donc limités au niveau de ce que l’on nomme la primo-détection, c’est-à-dire la décision binaire de présence ou non d’une source (unique) dans une direction donnée.
Afin que le lecteur ait d’emblée une idée de l’utilisation pratique des sonars passifs, nous débutons par la description de trois exemples réels de détection passive en mer. Le premier exemple est relatif au sonar d’un cuirassé de la Seconde Guerre mondiale, le Prinz Eugen. Le deuxième date de la guerre froide et porte sur un réseau sous-marin surveillant le passage entre le Groenland, l’Islande et le nord du Royaume-Uni. Le troisième est plus récent : il concerne la détection des balises de détresse des boîtes noires des avions perdus au fond des océans. Pour ces trois situations, des portées de détections sont accessibles dans la littérature ouverte, ce qui, dans ce domaine ô combien secret, est relativement rare. Le jeu va être de savoir si ces portées sont réalistes et si oui, dans quelles conditions. La résolution de ces exemples applicatifs de l’équation sonar est proposée en fin d’article.
Préalablement, nous allons fournir les bases de la résolution de ces trois exemples en commençant par rappeler ce qu’est une onde acoustique et les avantages que cette grandeur physique possède par rapport à d’autres (optique, magnétique, électrique, etc.). Nous introduisons ensuite l’équation sonar en passif. Puis chacun des termes fait l’objet d’une section spécifique le décrivant plus précisément.
Le premier de ces termes est celui relatif aux bruits rayonnés par les sources : il résulte de la sommation de plusieurs types de signaux dont nous donnons l’origine physique et la modélisation. Ces signaux peuvent être stationnaires ou non (c’est-à-dire transitoires comme les chocs). C’est aussi le cas des impulsions électroacoustiques émises par des sonars actifs adverses que le récepteur passif doit intercepter car ils représentent souvent une menace de détection importante.
La propagation des signaux dans le milieu marin fait l’objet de la section suivante. Nous montrons l’impact des variations de la vitesse du son en fonction de la profondeur sur la propagation ainsi que les paramètres physiques jouant sur l’atténuation des sons dans l’eau de mer.
Comme le plus profond et éloigné des océans n’est jamais le monde du silence cher au commandant Jacques-Yves Cousteau, nous présentons les différentes origines de bruits ambiants pénalisant la détection des sources (c’est-à-dire les bruiteurs) ainsi que les nuisances sonores issues du porteur lui-même.
Les antennes des sonars passifs et leurs diverses géométries font l’objet de la section suivante ainsi qu’une rapide présentation de ce qu’est le traitement de base en sonar, la formation de voies panoramique.
Le dernier volet est relatif aux procédés de détection des signaux issus des chaînes amont ainsi qu’à leur présentation interactive aux opérateurs.
La résolution des trois exemples introduits en début d’article ainsi qu’une conclusion viennent clore cette présentation.
KEYWORDS
antenna | underwater defence | acoustic | signal processing | underwater propagation
DOI (Digital Object Identifier)
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4. Perte due à la propagation dans le milieu (TL )
4.1 Milieu océanique
La Terre porte bien son nom : en effet l’eau liquide représente une petite partie du volume du globe (0,002 %). Par contre, elle couvre plus de 70 % de la surface du globe. L’hydrosphère est une couche très fine (épaisseur : 0,06 % du rayon du globe) dont le plus simple des modèles est celui d’une eau salée, stratifiée en température . On distingue la couche de surface de 50 à 200 m de température proche de celle de la surface (qui est très variable). La couche profonde, au-delà de 200 m, où la température varie très peu autour de 3,5° sauf exceptions : estuaires, près des glaces, des volcans, etc. La thermocline est la couche de transition entre ces deux zones où en général la température décroît rapidement avec la profondeur.
La température T (en degrés Celsius), la salinité S (en millième sans unité) et la pression P (en Pa) sont appelées les trois variables d’état de l’eau océanique car ces quantités relativement faciles à mesurer déterminent de nombreuses propriétés physiques du milieu [K 140].
La quantité de sel contenue dans l’hydrosphère est importante : si on l’étalait uniformément sur la surface des terres émergées, il y en aurait 300 kg/m2. La salinité varie assez peu dans les océans (entre 35 ± 2 %) mais plus dans les mers attenantes. La proportion des divers constituants du sel reste toujours la même sauf exceptions : c’est la loi empirique de Dittmar (1884). Ainsi, certaines caractéristiques acoustiques dues à la salure sont quasi universelles.
HAUT DE PAGE4.2 Coefficient d’absorption α
Ce coefficient α donné en dB/km est la somme de trois contributions....
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BIBLIOGRAPHIE
-
(1) - COX (A.) - Sonar and underwater sound. - Lexington Books (1974).
-
(2) - URBAN (H.) - Handbook of underwater acoustic engineering. - STN ATLAS, Bremen, nov. 2002.
-
(3) - Aide-mémoire d’acoustique sous-marine. - Laboratoire DSM du Brusc, Marine Nationale (1968).
-
(4) - URICK (R.J.) - Principles of underwater sound. - 3rd Edition, McGraw Hill, New York (1996).
-
(5) - LI (Q.) - Digital sonar design underwater acoustics. - Springer (2011).
-
(6) - BURDIC (W.S.) - Underwater acoustic systems analysis. - Prentice-Hall Signal Processing Series (1990).
-
...
DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
ANNEXES
Calcul en ligne du coefficient α http://resource.npl.co.uk/acoustics/techguides/seaabsorption
Calcul en ligne de célérité http://keisan.casio.com/exec/system/1258122391
Calcul des rayons https://www.siplab.fct.ualg.pt/
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