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Hervé BILLARD : Ingénieur - Directeur de la formation technique, groupe SITA
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Tout un chacun a une idée de ce que représente une « décharge », car toute société a toujours eu besoin, pour se défaire de ses déchets, d'un moyen, d'un lieu, faisant office de « dépotoir ». Les plus initiés savent que les habitudes de nos grands-pères de jeter leurs ordures, et plus généralement tous les déchets, sans précaution, dans le premier trou venu, ont bien changé au cours des dernières décennies.
Durant cette période, le domaine des décharges s’est modernisé par l'application des principes de précaution et de prévention pour protéger l'environnement. Il est devenu technique, économique, et continue pourtant de faire l'objet de « passions » diverses et pour le moins controversées.
En France, comme dans bon nombre d'autres pays, les sites les plus modernes côtoient encore les dépôts de déchets « abandonnés ». Laisser quelques déchets, débris ou objets encombrants au coin du bois ou à peine dissimulés dans n'importe quelle excavation constitue une décharge sauvage. On considère que la France doit faire face à environ six mille dépôts sauvages de plus ou moins grande taille.
Choisir délibérément un endroit, non caché, où l'on entasse les déchets sans précaution particulière pour protéger l'environnement et sans autorisation constitue une décharge brute.
Pour lutter contre ces deux mauvaises façons de jeter, la réglementation s'est intéressée à ce mode d'élimination et la décharge est devenue contrôlée (1975 à 1981). C'était bien l'expression d'une volonté et d’une nécessité de surveiller les effets et impacts sur l'environnement.
Progressivement, des règles techniques ont été édictées concernant le choix des sites de confinement ; la récupération des effluents gazeux et aqueux aux fins de traitement avant rejet, la sélection des déchets admis, le contrôle et la surveillance des exploitations, etc. Pour refléter cette modernisation, la décharge s'est alors appelée centre d'enfouissement technique (1980 à1990).
Depuis les années 1990, des dispositions techniques très importantes, et radicales, ont été prises :
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choix de sites imperméables pour le confinement des déchets ;
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étanchéité et drainage des fonds, des côtés et de la couverture des sites ;
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forte sélection dans les catégories de déchets admis ;
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conditions de rejet fixées en teneurs et en flux pour le biogaz et les lixiviats, ce qui nécessite obligatoirement des systèmes performants de collecte et traitement avant rejet ;
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surveillance des sites au moins 30 ans après leur fermeture pour gérer la période postexploitation.
Pour marquer cette « révolution » dans le domaine, la réglementation a rompu avec le passé en donnant un nouveau nom : les centres de stockage de déchets. Cela sous-entend que les déchets sont entreposés dans un lieu confiné, sans échange avec les milieux environnants (eaux souterraines, sol et atmosphère). Entre le stock de déchets et ces différents milieux, des dispositifs de sécurité et de protection sont aménagés sous forme de « barrières ».
On distingue :
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la barrière passive, généralement constituée d'une couche de sol imperméable plus ou moins épaisse (1 à 5 m) selon la nature des déchets, qui est l'écran, non sollicité pendant la vie normale de l'exploitation, mais qui sert de « rempart extrême » et qui minimise les effets sur l'environnement en cas de défaillance des dispositifs d'étanchéité et de drainage (d'où l'appellation de système passif) ;
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la barrière active, ou dispositifs sur lesquels il est possible d'agir pour prévenir tout accident ou pour minimiser par une action volontaire toute sollicitation de la barrière passive. Elle est constituée d'un écran étanche généralement à base d'un matériau géosynthétique ou membrane et d'un réseau de drainage composé d'un réseau de canalisations de collecte, disposées dans une couche de matériaux drainants.
De plus, dans la masse des déchets, si ceux-ci sont évolutifs et fermen- tescibles, un réseau de collecte des gaz formés (biogaz) est aménagé, de même qu'en superficie, sous la barrière passive de couverture.
Les barrières de confinement et de drainage ceinturent en principe la totalité du stock de déchets (le fond, les flancs et en couverture finale).En complément de cette forte évolution dans la conception des aménagements de sites de stockage, l'application des principes de précaution et de prévention a porté aussi sur les déchets eux-mêmes. La sélection des déchets admis à été régulée en fonction de la capacité des différentes barrières à endiguer leur possible réactivité et leur comportement à long terme.
Le concept général qui a présidé à ces choix d'aménagement et d’admission des déchets a été en définitive celui de permettre un stockage permanent et définitif de déchets peu évolutifs ou dont il est possible de maîtriser l'évolution et les impacts sur l'environnement, même en cas de défaillance à long terme des dispositifs de sécurité. Les stockages peuvent dès lors être qualifiés d'écocompa-tibles.
Cet article expose les contextes dans lesquels s’inscrivent les centres de stockage des déchets, aussi bien sur le plan économique que social ou environnemental. Les perspectives d’évolution sont également présentées.
Les aspects plus techniques, relatifs au choix de l’implantation, à l’ingénierie et à l’exploitation des centres de stockage des déchets font l’objet des deux articles suivants, et , du même auteur.
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3. Aspects économiques
Les coûts de gestion des déchets disponibles actuellement varient avec la méthode de calcul et de présentation des résultats choisie : modalité de financement, régime juridique, imposition, phase de montage… Les coûts disponibles ne sont donc pas comparables d'une étude à l'autre.
Pour pallier cet état de fait, l'ADEME et l'AMF (Association des maires de France) ont décidé de confier à SOFRES Conseil une étude du coût global de gestion des déchets municipaux basée sur :
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une méthode d’évaluation des coûts reconnue par tous et la constitution d’une base d’informations ;
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l’observation des coûts sur site en appliquant le cadre ainsi définie.
Les coûts présentés dans cette étude (tableau 3) correspondent à des installations nouvelles, sont exprimés hors taxes et comprennent les frais d'étude de faisabilité, de mise en route ou de dossier ; les assurances ; les frais de structure et la marge des opérateurs.
L'évaluation correspondant aux stockages de classe I n'a pas été réalisée. On peut cependant indiquer les tarifs d'élimination suivants (hors taxes) pour les déchets industriels spéciaux : 400 à 600 F/t pour le stockage ; 400 à 600 F/t pour la stabilisation des déchets préalable à l'enfouissement, soit un coût global de 800 à 1 200 F/t.
Pour ce qui concerne les centres de classe II , les coûts correspondent à une exploitation en casiers et alvéoles conforme à l'arrêté du 9 septembre 1997, y compris le coût de fermeture du site et la taxe FMGD (fonds de modernisation de la gestion des déchets). Ils ne comprennent ni la valorisation du biogaz, ni les garanties finan- cières.
La durée d'exploitation est fixée à vingt ans, celle de postexploitation à trente ans.
La part des investissements à court et long termes représente 45 % à 55 % du coût total. Les coûts de fonctionnement fixes (autres que les coûts d'investissement de court terme : ouverture/fermeture...
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - Étude internationale des politiques et pratiques de la mise en décharge des déchets ménagers et industriels. - 1996 ADIT.
-
(2) - Mise en décharge et stockage des déchets ménagers et industriels. Synthèse. - 1996 ADIT, France Déchets, ADEME.
-
(3) - Les installations de stockage des déchets ménagers et assimilés. Techniques et recommandations. - 1999 ADEME.
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(4) - Analyse des coûts de gestion des déchets municipaux. Note de synthèse. - 1998 ADEME, AMF.
-
(5) - CONDON (C.) - Cadre réglementaire européen des déchets - (G 2 021), avril 1998.
-
(6) - MEHU (J.), GRELIER-VOLATIER (L.) - Classification réglementaire et écocomptabilité des déchets - (G 2 030), octobre 1999.
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