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EnglishRÉSUMÉ
Les développements en cryogénie ont été longtemps motivés par la recherche fondamentale : diminuer la température pour réduire l'agitation des atomes et avoir accès à des phénomènes autrement masqués. L'avènement d'applications « pratiques », avec comme moteur fort pour la cryogénie appliquée les applications spatiales, notamment dans le domaine subKelvin, a motivé la plupart des avancées technologiques. Cet article discute les trois technologies subKelvin majeures, le refroidissement par évaporation, le refroidissement magnétique et la dilution.
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Lionel DUBAND : Directeur du Service des Basses Températures (SBT) Université Grenoble Alpes, CEA INAC-SBT
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Philippe CAMUS : Ingénieur de recherche Institut Néel – CNRS/UJF UPR 2940
INTRODUCTION
Une tendance forte dans les basses températures est la suppression des réservoirs de liquide cryogénique au profit des cryoréfrigérateurs mécaniques. Cette rupture technologique permet un gain de place, de masse, ne nécessite pas de fluides cryogéniques en termes de consommable et par conséquent, surtout pour le spatial, accroît considérablement la durée de vie des missions. Pour des températures extrêmement froides, plusieurs systèmes doivent être associés en cascade pour couvrir l'intégralité de la gamme de température. Les cryoréfrigérateurs mécaniques sont alors utilisés comme moyens de prérefroidissement et amènent des spécificités et contraintes supplémentaires : les puissances frigorifiques sont limitées et certains systèmes nécessitent par exemple une gestion des charges thermiques (pics de puissance). Par ailleurs, le froid est en général produit localement sur une interface en cuivre et des moyens de distribution de ces « Joules froides » peuvent être nécessaires. Enfin, les vibrations induites doivent être considérées pour éviter des échauffements aux très basses températures.
Cette tendance motive des développements sur tous les éléments de la chaîne cryogénique. On note de plus que cette approche s'applique aux besoins sur sites isolés pour lesquels la disponibilité de fluides cryogéniques comme l'azote liquide et a fortiori l'hélium liquide est difficile et/ou extrêmement coûteuse.
Cet article est limité au domaine subkelvin, c'est-à-dire aux systèmes capables de refroidir un objet à des températures inférieures à 1 K (– 272,15 oC). Le refroidissement par boucle Joule Thomson hélium 3, qui permet en effet d'obtenir des températures sensiblement inférieures au kelvin, est également volontairement omis. Son principe est identique à une boucle fonctionnant avec l'isotope hélium 4 classique et la différence de performance provient des caractéristiques physiques particulières de l'hélium 3 (se reporter à l'article « Liquéfaction de l'hélium et réfrigération à l'hélium de moyennes et fortes puissances » [BE 9 816]). L'excursion en température se limite également à la dizaine de millikelvin. Les températures inférieures concernent le domaine des ultrabasses températures, un domaine a priori limité à quelques laboratoires dans le monde, et qui nécessiterait un article à lui seul tant les techniques utilisées sont complexes et difficiles à mettre en œuvre.
En pratique, trois technologies ou méthodes émergent :
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le refroidissement par évaporation utilisant les isotopes de l'hélium ;
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le refroidissement magnétique (désaimantation adiabatique) ;
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la dilution (propriété de la séparation de phase des deux isotopes de l'hélium).
Les deux premières méthodes sont des techniques dites one shot qui permettent d'obtenir de la puissance frigorifique à très basse température pendant une durée donnée. Au terme de cette durée, le système doit être recyclé à nouveau. L'efficacité est toutefois excellente en général, et le rapport durée à froid sur durée totale du cycle approche les 98 %, voire les 99 %. On peut cependant imaginer des arrangements qui permettent d'obtenir un fonctionnement en continu. Par exemple, en associant deux systèmes en parallèle, ou bien en série et en utilisant dans ce cas un des étages comme volant thermique pendant que l'autre étage est recyclé. Il est d'ailleurs possible de combiner les deux techniques. La dilution, quant à elle, est continue.
MOTS-CLÉS
Refroidissement actif Cryogénie Subkelvin Applications spatiales et sols Evaporation-adsorption Dilution Désaimantation adiabatique
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1. Évaporation hélium 4 ou hélium 3
1.1 Principe physique
Le refroidissement par évaporation est sans doute la technique la plus répandue : c'est une méthode universelle, pratiquée par tous les êtres humains et bon nombre d'espèces animales. En effet, il s'agit du même mécanisme physique qui nous permet de réguler la température de notre corps, la transpiration. Dans ce cas, le passage de l'eau de l'état liquide à l'état vapeur requiert de l'énergie ; en l'absence de source extérieure, cette énergie est ponctionnée directement sur l'agitation thermique des atomes et par conséquent, ce processus induit un refroidissement. Cette propriété s'étend quasiment à tous les fluides et, utilisée avec de l'hélium, elle permet d'obtenir des températures inférieures à 1 K. Évidemment, afin d'améliorer l'efficacité du processus, le taux d'évaporation est augmenté par pompage. La physique en jeu est liée aux états du fluide, qui dans sa phase liquide n'existe à l'équilibre que pour des couples pression-température bien définis, ce que l'on appelle le diagramme de phase et la courbe de pression de vapeur saturante. Tout écart à cette courbe se traduit par une augmentation ou une baisse de température (ou inversement de pression). Notons qu'il est possible d'obtenir des états hors équilibre (hélium supercritique ou sous critique par exemple) mais ils nécessitent une action extérieure (source froide, augmentation de pression).
Dans le cas qui nous intéresse, l'abaissement de pression au-dessus d'un bain hélium conduit à une évaporation et donc à un refroidissement. Qui dit évaporation dit perte de matière, et par conséquent une partie du bain va être consommée dans ce processus. La température ultime que l'on peut obtenir dépend des conditions finales de pression au-dessus du bain. Les courbes de pression de vapeur saturante des deux isotopes de l'hélium (figure 1) permettent de déterminer ces états d'équilibre. On constate que les deux héliums ont des propriétés différentes. En particulier à pression équivalente, l'hélium 3 liquide est sensiblement plus froid que l'hélium 4. Son utilisation permet donc d'obtenir des températures beaucoup plus basses. En pratique, ces températures sont limitées à environ 750 et 240 mK respectivement pour l'hélium 4 et 3.
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Évaporation hélium 4 ou hélium 3
BIBLIOGRAPHIE
-
(1) - DRAGOVAN (M.) - He3 refrigerator of operation to 0,237 K. - Applied Optics, vol. 23 (1984).
-
(2) - DUBAND (L.) - Double stage helium sorption coolers. - Cryocoolers, Plenum Press, NY, États-Unis, nov. 2001.
-
(3) - TORRE (J.P.) et al - Miniature liquid 3He refrigerator. - Review of Scientific Instruments, vol. 56 (1985).
-
(4) - ROUBEAU (P.) - Adsorption de l'Hélium 4 par le charbon actif. - Colloque international vide et froid, SFITV, Grenoble (1969).
-
(5) - KHALATNIKOV (I.) - * - Zh. Eksp. Teo. Fiz., vol. 22 (1952).
-
(6) - DUBAND (L.) et al - HERSCHEL flight models sorption coolers. - Cryogenics, vol. 48 (2008).
-
...
Ressources en ligne de l'école DRTBT (CNRS/CEA) http://www-ecole-drtbt.grenoble.cnrs.fr
On consultera en particulier les notes de Patrick Pari sur les cryostats à dilution. Elles contiennent de nombreuses informations sur le dimensionnement et la conception de ces systèmes
HAUT DE PAGE
Cryostat à dilution EP 0188976 B1
Portable hélium 3 cryostat US 4136526 A
Appareil et procédé de cryorefroidissement WO 2013021217 A2
Dilution refrigerator with sample holding device EP 0675330 B1
Réfrigérateur et procédé de production de froid à très basse température EP 2307823 B1
HAUT DE PAGE3.1 Constructeurs – Fournisseurs
Janis Research Company, Inc., États-Unis https://www.lakeshore.com/
Leiden Cryogenics, The Netherlands http://www.leidencryogenics.com
Advanced Research Systems, Inc., États-Unis ...
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