Présentation
En anglaisRÉSUMÉ
Cet article présente comment l’émergence d’un marché global de l’hydrogène risque de bouleverser l’ordre établi et les relations commerciales entre pays. Une nouvelle géographie de l’énergie se dessine avec quelques régions importatrices et une compétition entre de multiples exportateurs potentiels, certains voulant remplacer leurs exportations d’énergie fossiles par de l’hydrogène, d’autres ambitionnant de devenir des acteurs majeurs grâce à un hydrogène renouvelable peu cher. Cependant, le transport international de l’hydrogène (ou de ses dérivés) demeure un obstacle majeur. Enfin la compétition est aussi sur le plan technologique, notamment dans le domaine des électrolyseurs.
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This article describes how the emergence of a global hydrogen market risks upsetting the established order and trade relationships between countries. A new energy geography is taking shape with a few importing regions, while many potential exporters will compete. Some exporters want to replace their exports in fossil energy with hydrogen; others are aiming to become major players thanks to cheap renewable hydrogen exports. However, transporting hydrogen (or its derivatives) across long distances remains a major obstacle. Finally, the competition also takes place at the technological level, in particular on electrolysers.
Auteur(s)
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Anne-Sophie CORBEAU : Global Research Scholar, Center on Global Energy Policy, Université de Columbia, New York, États-Unis - Professeur, Sciences Po, Paris, France
INTRODUCTION
L’hydrogène est devenu depuis 2018 un sujet d’intérêt croissant dans le monde de l’énergie. En effet, l’hydrogène apparaît comme un vecteur d’énergie essentiel pour décarboner de nombreux secteurs qui sont difficiles (voire impossibles) à électrifier économiquement et techniquement, tels que la production d’acier ou de ciment, la pétrochimie, le transport maritime ou aérien, et une partie du transport routier. L’hydrogène (ou ses dérivés tels le méthanol, l’ammoniac, ou les électro-carburants) apparait donc comme nécessaire pour atteindre les objectifs de neutralité carbone.
Actuellement l’hydrogène est essentiellement consommé sur son lieu de production et produit à partir d’énergies fossiles. Dans le futur, l’hydrogène devra être décarboné, produit soit à partir d’électrolyse et d’électricité renouvelable, soit à partir du vaporeformage du gaz naturel avec captage et stockage du carbone. Un marché global avec des échanges commerciaux est susceptible de se former. Cela avantage donc les pays avec des ressources en énergie renouvelable abondantes et peu coûteuses, tandis que les traditionnels exportateurs d’énergies fossiles, notamment de gaz naturel, tablent sur leurs ressources pour rester influents en tant qu’exportateurs.
Les perspectives d’une forte augmentation du rôle de l’hydrogène dans le mix énergétique risquent de bouleverser profondément le paysage énergétique mondial. À travers les « stratégies hydrogène », déjà publiées par plus de 40 pays, et les accords bilatéraux émerge une géographie énergétique différente. De nouveaux pays exportateurs, comme le Chili ou le Maroc, entrent sur la scène énergétique mondiale. Les exportateurs actuels d’énergie fossile tentent de conserver leur rôle et de faire de l’hydrogène leur nouveau pétrole. Un nombre élevé de producteurs et d’exportateurs potentiels laisse aussi présager une compétition féroce entre ces pays pour approvisionner un nombre limité d’importateurs, centrés sur l’Europe et l’Asie.
L’économie de l’hydrogène va toutefois au-delà des équilibres offre et demande. Elle inclut toutes les technologies associées à l’hydrogène, telles que les électrolyseurs ou les piles à combustible, ainsi que les matières premières nécessaires pour la production de ces technologies. Des pays, tels les États-Unis, l’Europe, la Chine, le Japon ou la Corée du Sud, se positionnent pour dominer les différentes parties de l’échelle de valeur de ce nouveau vecteur énergétique.
MOTS-CLÉS
KEYWORDS
hydrogen | geopolitics | electrolysers | ammonia
DOI (Digital Object Identifier)
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1. Situation actuelle du marché de l’hydrogène
La consommation et la production mondiale en hydrogène s’élèvent à 94 millions de tonnes (Mt) en 2021, en hausse comparé à 2020 (90 Mt) . Cette consommation est en hausse régulière depuis 20 ans. Elle a augmenté de plus de 50 % depuis 2000.
1.1 Production de l’hydrogène
La majorité de l’hydrogène est produit à partir d’énergies fossiles. En 2021, environ 62 % de la production mondiale d’hydrogène provient du vaporeformage du gaz naturel, 19 % de la gazéification du charbon (surtout en Chine) et 18 % vient de la production d’hydrogène dans les raffineries comme sous-produit du reformage . Ces chiffres n’incluent pas l’hydrogène produit comme produit dérivé, comme dans les procédés chlore-alcali.
D’un point de vue géopolitique, la dépendance principale dans ce domaine est celle des importations en gaz naturel et de leur coût : en 2022, plusieurs producteurs d’engrais européens (qui utilisent le gaz pour produire de l’hydrogène), tel Yara, ont diminué leur production en raison de l’augmentation du prix du gaz et de la diminution des approvisionnements en gaz Russe.
Cette production d’hydrogène à partir d’énergies fossiles engendre des émissions annuelles estimées (en 2021) à environ 900 Mt de CO2 ; il est donc important de la décarboner. Cependant, la production d’hydrogène bas carbone reste à ce jour extrêmement faible ; elle est estimée par le Hydrogen Council à environ 0,8 Mt en 2022. La majorité (0,74 Mt) provient du vaporeformage du gaz naturel avec captage et stockage du CO2, et le reste de l’électrolyse de l’eau (« hydrogène renouvelable »).
À la fin 2022, une capacité...
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BIBLIOGRAPHIE
-
(1) - INTERNATIONAL ENERGY AGENCY - Global Hydrogen Review 2022. - OECD (2022).
-
(2) - HYDROGEN COUNCIL - Hydrogen Insights 2023. - McKinsey Company (2023).
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(3) - INTERNATIONAL ENERGY AGENCY - World Energy Outlook. - OECD (2022).
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(4) - bp - Energy Outlook - (2023).
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(5) - TOTALENERGIES - TotalEnergies Energy Outlook 2022 - (2022).
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(6) - IRENA - World Energy Transitions - (2022).
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(7) - HYDROGEN COUNCIL - Global Hydrogen Flows - (2022).
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