Présentation
EnglishRÉSUMÉ
Le développement de l’électronique de puissance a permis un renouveau de la propulsion électrique en contribuant d’abord à l’électrification de navires spécialisés tels que câbliers, brise-glace, navires scientifiques, puis le « tout électrique » s’est progressivement étendu aux navires de croisière modernes. Aujourd’hui, poussés par des contraintes environnementales de plus en plus strictes, les solutions tout électriques ou hybrides envahissent de nombreux types de navires. Cet article recense la définition des besoins en énergie des principaux types de navire, explique les enjeux dans le choix de systèmes de propulsion mécaniques, tout électrique ou hybrides et détaille les architectures électriques mises en œuvre dans ces applications ainsi que les moyens utilisés pour la production de l’énergie électrique à bord.
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Lire l’articleAuteur(s)
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Michel PACAULT : Ingénieur de l’École Nationale Supérieure de Techniques Avancées - Consultant, Construction Navale
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Alain BONDU : Ingénieur de l’École Supérieure d’Électricité - Consultant, ancien ingénieur, Jeumont Electric
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Paul LETELLIER : Ingénieur de l’École Supérieure d’Électricité - Ingénieur de l’École Navale, Jeumont Electric
INTRODUCTION
Les applications de l’électricité à la propulsion électrique sont pratiquement aussi anciennes que l’électricité industrielle, et ont toujours existé pour certaines applications spécifiques. Nous ne prendrons qu’un seul exemple : le prestigieux paquebot Normandie, dans les années 1930, était équipé d’une propulsion électrique constituée de 4 moteurs synchrones entraînant chacun une hélice à pas fixe de 40 000 chevaux-vapeurs.
Il reste que l’immense majorité des navires utilisait jusqu’à une période récente des groupes propulsifs constitués de turbines et/ou de moteurs diesels accouplés à une ligne d’arbre porte-hélice. Par ailleurs, le bord disposait de plusieurs systèmes autonomes de production d’énergie pour les servitudes, les systèmes de combat (navires militaires) et les auxiliaires de coque.
Dans le navire « tout électrique » (c’est-à-dire à propulsion électrique intégrée), c’est la production, la distribution et l’utilisation globale de l’énergie pour l’ensemble du bâtiment qui sont prises en compte. La distribution entre les principaux utilisateurs s’effectue par l’intermédiaire de réseaux de câbles électriques de puissance.
Toutefois, de nos jours, un nouveau concept de navires appelés hybrides, associant un système purement électrique à des équipements de propulsion thermiques, gagne de l’ampleur, poussé par les nouvelles formes de production d’énergie propre et des avantages technico-économiques déterminants en termes d’installation et de performances opérationnelles.
Un navire électrique comprend principalement deux ensembles : production d’énergie et propulsion.
La centrale de production d’énergie est similaire à celle utilisée sur tous les navires pour l’alimentation du réseau de bord, mais avec une puissance installée bien évidemment largement supérieure. Elle alimente tous les utilisateurs du bord et notamment un ou plusieurs équipements de propulsion.
L’(ou les) équipement(s) de propulsion comprend (ou comprennent) généralement un moteur électrique à vitesse variable associé à un convertisseur. (Il existe quelques cas de propulsion électrique par moteur à vitesse fixe entraînant une hélice à pales orientables.)
D’une manière générale, les finalités recherchées dans le navire électrique sont :
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la souplesse de manœuvre : la propulsion électrique se prête à un renversement de sens de marche quasi instantané et à la marche arrière à pleine puissance, d’où une distance d’arrêt du navire très réduite. Elle offre une stabilité de marche aux très faibles allures du navire et une grande précision de manœuvre ;
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une amélioration du rendement nautique global, obtenue via le fractionnement de la centrale d’énergie permettant un fonctionnement des groupes thermiques à un taux de charge correspondant à un rendement optimal ;
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la fiabilité et un allègement de la logistique et de la maintenance. Ces améliorations sont obtenues grâce à la suppression de certaines complexités mécaniques (hélices à pales orientables) et à la robustesse des machines électriques ne comportant pas de pièces d’usure. La redondance, puissant facteur d’amélioration de la fiabilité, est présente, à la fois au niveau de la production d’énergie, des réseaux électriques aisément reconfigurables et des moteurs électriques de propulsion à enroulements multiples ;
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une grande souplesse architecturale à la conception du navire, pouvant aller jusqu’à la suppression de toute ligne d’arbre. L’implantation à bord des équipements électriques est aisée, ce qui permet d’accroître et de mieux exploiter le volume utile et facilite la répartition des masses ;
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la protection de l’environnement par la réduction – voire la suppression – des émissions de CO2 , d’oxydes de soufre et d’azote, des particules fines. Cela peut s’obtenir via une meilleure gestion énergétique et l’utilisation de nouveaux moyens de stockage de l’énergie électrique à bord (navire à zéro émission) ;
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une réduction de la signature acoustique. La réduction du bruit émis dans l’eau est particulièrement importante pour les navires de recherche scientifique, halieutique, les navires militaires (non-perturbation des sonars) et de manière générale, en vue de la préservation de la biodiversité marine (objectif européen de réduction de 10 dB du bruit rayonné dans l’eau, à l’horizon 2050). Comparés à leurs homologues thermiques, les moteurs électriques sont très silencieux et les hélices à pas fixe sont moins sujettes à la cavitation, source de bruit et d’usure.
Les avantages cités ci-dessus ne doivent cependant pas masquer les problèmes posés par la multiplication des câbles de puissance et des tableaux électriques et leurs incidences notamment sur :
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la sécurité et la formation du personnel ;
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la compatibilité électromagnétique (interférences avec les équipements de bord).
La conception d’un navire « électrique » est un problème complexe, nécessitant la maîtrise d’un grand nombre de sujets tels que :
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la conception des réseaux électriques (protection vis-à-vis des défauts, qualité de la tension, gestion des régimes transitoires) ;
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la gestion optimale de sources d’énergie de nature différente.
Le thème du navire tout électrique est traité à travers trois articles : [D 5 610] examine la propulsion et la production d’énergie ; [D 5 615] dresse un état de l’art des composants ; enfin [D 5 620] se concentre sur ses évolutions et ses systèmes de conduites.
MOTS-CLÉS
navire électrique navire hybride réseaux électriques architectures électriques production d'énergie électrique
VERSIONS
- Version archivée 1 de nov. 2000 par Gérard FILLIAU, Alain BONDU, Laurent MAZODIER
DOI (Digital Object Identifier)
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2. Architectures énergie-propulsion. Point de vue de l’architecte naval
Pour mieux comprendre les améliorations apportées par le « tout électrique », examinons d’abord les caractéristiques des propulsions classiques des navires, puis celles des propulsions électriques ou hybrides.
2.1 Familles de propulsion mécanique
Le ou les propulseurs sont entraînés par une machine thermique :
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l’entraînement direct par moteur diesel lent est le mode de propulsion systématiquement adopté sur les grands navires de charge, avec des puissances unitaires allant jusqu’à 80 à 90 MW à moins de 100 tr/min, hélices à pales fixes ;
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l’entraînement par diesel semi-rapide, via un réducteur, est le mode de propulsion le plus répandu. Avec un ou deux propulseurs, un ou deux moteurs par ligne d’arbres, il permet de couvrir la totalité des besoins de la flotte mondiale, hors grands navires de charge. La vitesse de rotation des moteurs peut varier entre 500 et 1 200 tr/min, et la vitesse de l’hélice est ramenée via un réducteur à une plage de vitesse de l’ordre de 200 à 300 tr/mn. Les propulseurs sont à pales orientables ; la puissance unitaire des moteurs peut aller jusqu’à plus de 10 MW ;
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les turbines à gaz sont réservées aux navires rapides avec un très fort ratio puissance/déplacement, comme les frégates ou destroyers militaires et les ferries rapides. Ce sont des turbines aérodérivatives qui ont un fonctionnement extrêmement flexible et qui sont réputées émettre peu de gaz polluants, mais qui présentent une consommation excessive à charge partielle, aussi les associe-t-on souvent à des moteurs semi-rapides dans des propulsions combinées. La puissance unitaire peut aller jusqu’à près de 40 MW ;
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les moteurs de type diesel rapide, plus de 2 000 tr/min, sont réservés aux petites puissances pour les petits navires.
Les systèmes propulsifs et électriques sont complètement séparés, y compris en ce qui concerne leurs systèmes de conduite sur de nombreux navires. Toutefois, il peut exister des liaisons entre ces deux systèmes, liaisons qui ont tendance à se développer :
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la génération électrique par alternateur attelé sur la ligne d’arbres, sur le réducteur (figure 5) ou directement sur le moteur....
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - * - Sessions annuelles de l’ATMA – Association technique maritime et aéronautique.
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(2) - * - Revue Electric and Hybrid marine technology international.
-
(3) - BONDU (A.) - Les réseaux d’énergie électrique à bord des navires de surface. 1ère partie : Les enjeux et les contraintes. - Revue 3EI, n° 48, p. 46-53, mars 2007.
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(4) - BONDU (A.) - Les réseaux d’énergie électrique à bord des navires de surface. 2e partie : Les convertisseurs et les composants associés. - Revue 3EI, n° 55, p. 43-53, déc. 2008.
-
(5) - BONDU (A.), LETELLIER (P.) - Les réseaux d’énergie électrique à bord des navires de surface. 3e partie : Exemples de schémas et perspectives d’avenir. - Revue 3EI, n° 65, p. 44-52, juin 2011.
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DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
ANNEXES
Congrès All Electric Ship-AES
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Bureau Veritas (BV)
Det Norske Veritas (DNV)
Lloyd’s Register of Shipping.
Registro Italiano Navale (RINA)
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GICAN, Groupement des industries de construction et activités navales
60, rue de Monceau 75008 Paris http://www.gican.asso.fr
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