Présentation
En anglaisRÉSUMÉ
L'analyse fonctionnelle est une méthodologie visant à résoudre une problématique en précisant les termes du problème sous la forme de fonctions à remplir. Bien qu'efficace, cette méthode atteint ses limites dans les contextes complexes. Pour améliorer la pratique de l'analyse fonctionnelle, la démarche proposée dans cet article s'articule en deux temps. En premier lieu, l'apport effectué par toutes les parties prenantes de l’interaction collective qu'est l'analyse fonctionnelle est précisé. Dans une seconde partie, les améliorations à apporter à l'analyse fonctionnelle sont déterminés à partir du bâti comme point d'application. L'objectif étant de remettre l'analyse fonctionnelle au coeur des outils indispensables pour implémenter une véritable responsabilité sociétale des différents acteurs de notre économie.
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Functional analysis is a method implemented by teams interested in solving a problem not directly by finding a solution, but by explaining the terms of the problem in the form of functions to be fulfilled. Although effective, this method reaches its limits in complex contexts. Is it possible to improve the practice of functional analysis? The answer outlined in this paper is divided into two parts. The first specifies the contribution made by all the stakeholders in functional analysis. The second suggests improvements in functional analysis from the perspective of the construction industry. The purpose of this paper is to show that the method of functional analysis has a central place in the “toolbox” to implement real social responsibility in our economy.
Auteur(s)
-
Christophe GOBIN : Conseiller scientifique VINCI Construction France
INTRODUCTION
L’analyse fonctionnelle, comme l’indique sa dénomination, est par essence une méthodologie mise en œuvre par une équipe qui cherche à résoudre une problématique, moins en y apportant directement une solution, qu’en précisant les termes du problème sous la forme de fonctions à remplir.
Personne ne conteste l’efficacité de cette approche. Par contre de nombreuses voix s’élèvent pour en montrer les limites en insistant sur son côté intrinsèquement réducteur de la complexité.
Il faut déjà observer que le fait même d’intermédiatiser la recherche de solution c’est-à-dire de chercher à suppléer le manque de connaissance des « questionneurs » est déjà mécaniquement un biais. Mais ne serait-il pas utopique de croire que toute situation soit en mesure d’être directement résolue par celui qui la crée ? À bien y réfléchir se serait même le stade ultime de l’individualisme et le renoncement à vivre en communauté.
L’objet de cet article est plutôt d’examiner s’il existe une voie intermédiaire qui chercherait à améliorer la pratique de l’analyse fonctionnelle sans refuser d’en tirer avantage compte tenu de ses intérêts qui demeurent patents.
Pour cela, la démarche proposée s’articule en deux temps. Le point de départ est celui de prendre comme sujet d’étude l’objet même qui doit résulter d’une analyse fonctionnelle c’est-à-dire l’artefact, la solution tangible issue d’une création de celui qui l’a pensé. Il faut alors préciser que par ce vocable, il ne s’agit pas seulement d’un produit physique mais aussi d’un service ou d’une organisation.
La première étape va consister à mettre en situation l’artefact. L’objectif est de préciser comment il résulte d’un équilibre entre son bénéficiaire, son concepteur et l’environnement dans lequel il se déploie. La question est de chercher à démêler le poids de chacun, à répartir le rôle de chaque protagoniste, à préciser surtout l’apport effectué par toutes les parties prenantes de cette interaction collective.
La seconde est de déterminer, à partir du bâti comme point d’application, les améliorations à apporter à l’analyse fonctionnelle. Cela passe par une redéfinition de ce que peut être la fonction et surtout sur un approfondissement de la caractérisation des critères de valeur c’est-à-dire les éléments descriptifs de la fonction. Ce choix n’est pas restrictif car notre cadre de vie est par essence une construction purement collective et il est par excellence l’archétype de l’artefact d’une communauté de plus en plus urbaine.
L’intérêt de cette démarche devrait résider dans une taxonomie générique des critères de valeur qui n’ont pas fait l’objet à ce jour d’une relecture dans la perspective d’un développement durable. Et cet éclairage pourrait remettre l’analyse fonctionnelle au cœur des outils indispensables pour implémenter une véritable responsabilité sociétale des différents acteurs de notre économie.
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1. Mise en perspective de l’analyse fonctionnelle
Revisiter le concept de fonction qui est par définition la manière de spécifier une entité non par la prescription, le moyen mais par l’énoncé de résultats attendus, suppose d’abord de revenir sur la nature même du « sujet » concerné.
Ce qui est privilégié ici est relatif à des entités qui ne préexistent pas à l’activité humaine. Les spécialistes désignent ces éléments comme des artefacts c’est-à-dire des productions façonnées par l’homme. Et cette particularité est importante car elle introduit une complexité quant à la relation de l’utilisateur à ces artefacts. En effet, elle n’est plus strictement univoque puisque l’objet peut être conçu par une personne et utilisé par une autre.
L’approfondissement de cette situation est instructif puisqu’il peut permettre de dégager les nouvelles dimensions de l’analyse fonctionnelle.
L’artefact introduit inévitablement, non pas une relation, mais une double relation qui reconstruit de manière séquentielle l’interaction recherchée.
Dans un premier temps il permet de répondre à une attente de manière plus ou moins adéquate du fait même de sa nature qui n’est jamais parfaite. Ce constat traduit un principe physique qu’aucune solution ne peut présenter un « rendement parfait ». Mais, consécutivement, il va provoquer chez l’utilisateur un comportement en retour qui est celui de l’appréciation du résultat. Il sera satisfaisant, ou au contraire incomplet, ce qui conduira soit à une acceptation soit à une reconduction de l’attente.
Cette reconstruction de la relation est indéniablement une difficulté pour réfléchir tous les artefacts. Elle introduit nécessairement une analyse qui doit se déployer sur deux échelles de temps :
-
celle de l’usage immédiat (dimension synchronique) ;
-
celle de l’évolution du comportement (dimension diachronique).
Cette distinction n’est pas de pure forme, elle est consubstantielle de toutes les activités humaines intermédiatisées par l’utilisation d’un artefact.
1.1 Artefact en situation
À notre époque définie comme celle d’une économie de l’immatériel, nous sommes assez éloignés de la période artisanale où chaque utilisateur était...
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BIBLIOGRAPHIE
-
(1) - JURAN (J.) - Quality Control Handbook. - McGraw-Hill Company (1951).
-
(2) - GIARINI (O.), STAHEL (W.) - * - . – The limits to certainty – facing risks in the new service economy (1989).
-
(3) - BOURG (D.), BUCLET (N.) - L'économie de fonctionnalité : changer la consommation dans le sens du développement durable. - (Futurible) (2005).
-
(4) - DU TERTRE (C.) - Économie de la fonctionnalité, développement durable et innovations institutionnelles. - (Cerisy) (2007).
-
(5) - SIMONDON (G.) - Du mode d'existence des objets techniques. - Méot (1958).
DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
-
Management global des risques et performance – Prescriptions et pratiques.
-
Élaboration d'un cahier des charges fonctionnel – Méthodologie et informatisation.
-
Économie fonctionnelle et construction – Vers une nouvelle économie du secteur.
-
Efficience d'une construction – Contribution à un développement durable.
-
Le développement durable en BTP – Optimisation des ressources par la R&D.
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