| Réf : H5538 v1

Obtention de bitcoins
Monnaies cryptographiques et blockchains - Créer de la confiance

Auteur(s) : Jean-Paul DELAHAYE

Date de publication : 10 mars 2017

Pour explorer cet article
Télécharger l'extrait gratuit

Vous êtes déjà abonné ?Connectez-vous !

Sommaire

Présentation

RÉSUMÉ

En 2008 Satoshi Nakamoto définissait un nouveau modèle de monnaies, dont l'émission et la gestion s'opèrent sur un réseau pair-à-pair sans contrôle centralisé. Le Bitcoin qui est la première monnaie cryptographique créée sur ce modèle existe depuis janvier 2009. Il tient très bien. Comme les 700 autres monnaies du même type créées à sa suite, il fonctionne grâce à une blockchain. C'est un fichier partagé et collectivement contrôlé par un réseau pair-à-pair. Il peut servir à bien d'autres buts que la création de monnaie. Une multitude d'applications sont, grâce à cette technologie, étudiées et mises en place progressivement, en particulier dans le monde des banques et de la finance.

Lire cet article issu d'une ressource documentaire complète, actualisée et validée par des comités scientifiques.

Lire l’article

Auteur(s)

  • Jean-Paul DELAHAYE : Professeur émérite à l’université de Lille1 Centre de recherche en informatique, signal et automatique de Lille (CRISTAL), UMR CNRS 9189, France

INTRODUCTION

La cryptographie mathématique a acquis une maturité remarquable depuis la seconde guerre mondiale. En même temps, les progrès dans la conception et la réalisation matérielle des réseaux informatiques ont conduit à en concevoir fonctionnant sans centre principal de commande : les réseaux pair-à-pair. Ces deux éléments associés à la puissance de calcul et de mémorisation dont chaque machine dispose aujourd’hui ont rendu possible la conception de nouveaux moyens de paiement qui ne ressemblent à aucun autre et sont susceptibles de bouleverser l’économie et la finance, voire bien d’autres secteurs d’activité.

Fin 2008, l’énigmatique Satoshi Nakamoto – c’est un pseudonyme – publie sur les réseaux un texte décrivant comment il est possible de mettre en place un système d’échange d’unités monétaires (qu’il nomme les bitcoins) qui n’a besoin d’aucun contrôle centralisé pour fonctionner, contrairement à toutes les monnaies et à tous les systèmes de paiement en ligne. Le 3 janvier 2009, les programmes nécessaires au lancement de cette première « crypto-monnaie » sont prêts et elle est créée. Après des débuts confidentiels où seuls quelques experts en cryptologie connaissent son existence et s’y intéressent, elle se met à prospérer. Son cours, dérisoire en 2009, prend son envol, lui donnant une réalité concrète. Début 2013, un bitcoin vaut une dizaine d’euros. L’année 2013 est celle du décollage du bitcoin qui acquiert alors une notoriété mondiale. Il voit son cours multiplié par 50 en un an, pour atteindre 580 euros, le 1er janvier 2014. Après une période d’hésitations et de baisses de deux ans, en 2016, il regagne un cours entre 500 et 800 euros (607 euros le 1er juillet, 728 euros le 8 décembre 2016). Ses variations sont devenues raisonnables. Contrairement à ce qui avait été annoncé par de nombreux analystes hostiles à cet étrange objet numérique souvent mal compris, le bitcoin s’est toujours bien maintenu. Aujourd’hui, la capitalisation totale des 16 millions de bitcoins émis dépasse 11 milliards d’euros (le 8 décembre 2016). À partir de rien, la cryptologie mathématique et la technologie réseau ont donc créé des devises numériques qui s’échangent contre de l’argent sonnant et trébuchant, permettant par exemple à un étudiant norvégien – Kristoffer Koch – qui avait acquis pour 25 euros de bitcoins en 2009, d’en revendre une partie pour s’acheter un appartement au centre d’Oslo. Plusieurs centaines de crypto-monnaies, copiant plus ou moins le bitcoin ont été introduites, mais le bitcoin reste très largement dominant : sa capitalisation représente 80 % environ de la capitalisation de toutes les crypto-monnaies.

L’idée de cette monnaie est que, grâce à un subtil agencement de protocoles cryptographiques, on peut émettre une monnaie dont le contrôle se fera collectivement sur un réseau pair-à-pair, sans qu’aucune autorité ne dispose du pouvoir d’agir sur elle... et en particulier d’émettre de nouveaux bitcoins. Le protocole de Nakamoto a été rendu possible grâce aux fonctions de hachage cryptographique (qui assurent l’intégrité d’un gros fichier de comptes), aux protocoles de signatures à double clé (qui certifient que seul le détenteur d’un compte l’utilise), au concept de preuve de travail (qui organise un système d’incitation pour que de nombreux utilisateurs participent à la gestion et à la surveillance du système).

Ces primitives, convenablement assemblées, réalisent un dispositif numérique qu’on pensait impossible auparavant. La mise en place du protocole bitcoin doit aussi son existence à la puissance informatique dont chacun dispose et qui fait qu’avec son ordinateur personnel il peut contribuer à la surveillance de la monnaie bitcoin au travers d’un réseau pair-à-pair. Ceux qui le souhaitent peuvent télécharger des logiciels open source et participer à la surveillance de la monnaie bitcoin, c’est-à-dire vérifier que personne ne crée des bitcoins non prévus par le protocole, et que toutes les transactions se déroulent conformément aux règles définies au départ par Nakamoto (ces règles peuvent évoluer, mais seulement lentement, et à la suite de votes où seuls participent ceux qui contribuent collectivement à sa gestion).

Le registre des comptes qui détient une trace de chaque transaction entre comptes bitcoin depuis 2009 se nomme la blockchain. Chaque nœud principal (full node) du réseau (c’est-à-dire participant à sa gestion) en détient une copie et c’est cette information partagée, indestructible et infalsifiable qui assure la sécurité des comptes. Il y a aujourd’hui 5 000 nœuds principaux : 5 314 précisément le 8 décembre 2016. Personne ne peut manipuler un compte, personne ne peut créer d’autres bitcoins que ceux prévus par le protocole qui, grâce à cette blockchain, engendre et maintient la confiance des utilisateurs. Ce succès a conduit à envisager d’autres applications de telles blockchains. On les utilise pour mémoriser et garantir les informations d’un cadastre, pour enregistrer les données sur la localisation d’œuvres d’art, pour détenir et garantir l’authenticité des listes des diplômes délivrés par des écoles et des universités et qu’on souhaite rendre consultables par tous, pour organiser toutes sortes de transactions, jeux, votes ou paris, etc. De tels fichiers partagés et collectivement surveillés semblent fournir plus de garanties et de fiabilité que les méthodes traditionnelles à base de tiers de confiance (un opérateur central qui détient le fichier doit le mettre à jour, le sécuriser et le rendre accessible, partiellement le plus souvent). C’est la raison d’un intérêt croissant depuis trois ans pour cette technologie des blockchains directement inspirée du bitcoin. Notons qu’elle n’en dépend pas et s’en éloigne souvent, tant les variantes sont nombreuses et s’ajustent à des applications variées et innovantes.

Nota

dans ce texte nous avons utilisé des extraits de textes publiés par nous précédemment au sujet du bitcoin et des blockchains, par exemple dans notre blog ( http://www.scilogs.fr/complexites/). Le texte ici proposé est cependant une synthèse nouvelle et originale d’informations et une mise à jour aussi précise que possible à la date du 9 décembre 2016 sur ce sujet en évolution rapide.

Cet article est réservé aux abonnés.
Il vous reste 93% à découvrir.

Pour explorer cet article
Téléchargez l'extrait gratuit

Vous êtes déjà abonné ?Connectez-vous !


L'expertise technique et scientifique de référence

La plus importante ressource documentaire technique et scientifique en langue française, avec + de 1 200 auteurs et 100 conseillers scientifiques.
+ de 10 000 articles et 1 000 fiches pratiques opérationnelles, + de 800 articles nouveaux ou mis à jours chaque année.
De la conception au prototypage, jusqu'à l'industrialisation, la référence pour sécuriser le développement de vos projets industriels.

VERSIONS

Il existe d'autres versions de cet article :

DOI (Digital Object Identifier)

https://doi.org/10.51257/a-v1-h5538


Cet article fait partie de l’offre

Innovations technologiques

(177 articles en ce moment)

Cette offre vous donne accès à :

Une base complète d’articles

Actualisée et enrichie d’articles validés par nos comités scientifiques

Des services

Un ensemble d'outils exclusifs en complément des ressources

Un Parcours Pratique

Opérationnel et didactique, pour garantir l'acquisition des compétences transverses

Doc & Quiz

Des articles interactifs avec des quiz, pour une lecture constructive

ABONNEZ-VOUS

Lecture en cours
Présentation

1. Obtention de bitcoins

Pour posséder des bitcoins, il faut disposer d’un compte, mais il n’est pas besoin de donner son identité pour en créer un. Cet anonymat des détenteurs de bitcoins est l’une des caractéristiques de cette monnaie. Il faut cependant savoir qu’il n’est que partiel, car le suivi des transactions opérées permet dans certains cas de remonter au détenteur d’un compte.

Chaque compte possède deux numéros. Il y a le numéro secret qu’il faut absolument garder pour soi, car quiconque en dispose peut dépenser le contenu du compte. Il y a aussi le numéro public que vous communiquerez et qui est comme une adresse ou un numéro de compte. Ce second numéro permet de recevoir des bitcoins : on l’indique à celui qui souhaite vous envoyer des bitcoins, ce qui lui permet de composer une transaction (qu’il signera) de son compte vers le vôtre.

Créer un compte est immédiat et gratuit : on télécharge un porte-monnaie (on dit aussi « portefeuille », ou wallet en anglais... et en français !) (voir par exemple [CHOI] du « Pour en savoir plus », rubrique « Sites Internet »).

Ces logiciels qui existent pour toutes les plateformes d’ordinateurs et de smartphones sont gratuits. Le plus souvent leur code est libre : vous pouvez contrôler que le programme ne fait que ce qui est prévu qu’il fasse. Quand on dispose d’un wallet, on peut créer autant de comptes qu’on le souhaite.

On obtient des bitcoins en en achetant contre de l’argent usuel sur les plateformes d’échange qui sont pour la plupart des entreprises tout à fait légales ayant reçu les accréditations et autorisations leur permettant ce type d’activité. Pour utiliser leur service, il faut décliner son identité (voir le « Pour en savoir plus », rubrique « Sites Internet » référence [PLA]).

On obtiendra aussi des bitcoins en faisant du commerce : vous échangez un bien contre des bitcoins.

Autre méthode encore pour avoir des bitcoins : participer à la surveillance de la monnaie. On peut pour cela soit détenir un nœud principal (nous avons dit qu’il y en a environ 5 000 aujourd’hui). Soit adhérer à un pool de minage qui est centré sur un nœud principal (le leader du pool  ), auquel on fournit une certaine puissance de calcul supplémentaire, augmentant sa capacité à gagner des bitcoins.

En...

Cet article est réservé aux abonnés.
Il vous reste 94% à découvrir.

Pour explorer cet article
Téléchargez l'extrait gratuit

Vous êtes déjà abonné ?Connectez-vous !


L'expertise technique et scientifique de référence

La plus importante ressource documentaire technique et scientifique en langue française, avec + de 1 200 auteurs et 100 conseillers scientifiques.
+ de 10 000 articles et 1 000 fiches pratiques opérationnelles, + de 800 articles nouveaux ou mis à jours chaque année.
De la conception au prototypage, jusqu'à l'industrialisation, la référence pour sécuriser le développement de vos projets industriels.

Cet article fait partie de l’offre

Innovations technologiques

(177 articles en ce moment)

Cette offre vous donne accès à :

Une base complète d’articles

Actualisée et enrichie d’articles validés par nos comités scientifiques

Des services

Un ensemble d'outils exclusifs en complément des ressources

Un Parcours Pratique

Opérationnel et didactique, pour garantir l'acquisition des compétences transverses

Doc & Quiz

Des articles interactifs avec des quiz, pour une lecture constructive

ABONNEZ-VOUS

Lecture en cours
Obtention de bitcoins
Sommaire
Sommaire

BIBLIOGRAPHIE

  • (1) - DELAHAYE (J.-P.) -   Bitcoin, la crypto-monnaie.  -  Pour la science, p. 76-81, déc. 2013.

  • (2) - DELAHAYE (J.-P.) -   Les preuves de travail.  -  Pour la science, p. 86-91, avr. 2014.

  • (3) - DELAHAYE (J.-P.) -   Mathématiques et mystère.  -  Éditions Belin (2016). [Trois chapitres consacrés respectivement au bitcoin, aux blockchains, aux preuves de travail.]

  • (4) - HERLIN (P.) -   Apple, Bitcoin, Paypal, Google : la fin des banques.  -  Eyrolles (2015).

  • (5) - KROLL (J.) et al -   The economics of bitcoin mining, or bitcoins in the presence of adversaries.  -  12th Workshop on the economics of information security (2013).

  • (6) - MOUGAYAR (W.) -   The business blockchain, promise, practice, and applications of the next internet technology.  -  ...

1 Sites Internet

[BNS] Bitcoin Network Shaken by Blockchain Fork http://bitcoinmagazine.com/3668/bitcoin-network-shaken-by-blockchain-fork/ (page consultée le 29 septembre 2016)

[CEV] Vulnerabilities CVE-2010-5139 https://en.bitcoin.it/wiki/Common_Vulnerabilities_and_Exposures#CVE-2010-5139 (page consultée le 29 septembre 2016)

[CHOI] Choisir votre portefeuille bitcoin https://bitcoin.org/fr/choisir-votre-porte-monnaie (page consultée le 29 septembre 2016)

[DEL] Autour du bitcoin http://www.lifl.fr/~jdelahay/LeBitcoin/ (page consultée le 29 septembre 2016)

[OSE] Qui osera dire après cela que le bitcoin n’est pas un marché manipulé ? http://www.forex.fr/newslist/6814-qui-osera-dire-apres-cela-que-le-bitcoin-nest-pas-un-marche-manipule (page consultée le 29 septembre 2016)

[PEO] 927 People Own Half Of All Bitcoins http://www.businessinsider.com/927-people-own-half-of-the-bitcoins-2013-12 (page consultée le 29 septembre 2016)

[PLA] Plateforme d’échange bitcoin https://bitcoin.fr/acheter-bitcoin/ (page consultée le 29 septembre 2016)

[SCR] The 9 Biggest Screwups in Bitcoin History http://www.coindesk.com/9-biggest-screwups-bitcoin-history/ (page consultée le 29 septembre 2016)

[TRAN1] Transaction https://en.bitcoin.it/wiki/Transaction (page consultée le 29 septembre 2016)

[TRAN2]...

Cet article est réservé aux abonnés.
Il vous reste 93% à découvrir.

Pour explorer cet article
Téléchargez l'extrait gratuit

Vous êtes déjà abonné ?Connectez-vous !


L'expertise technique et scientifique de référence

La plus importante ressource documentaire technique et scientifique en langue française, avec + de 1 200 auteurs et 100 conseillers scientifiques.
+ de 10 000 articles et 1 000 fiches pratiques opérationnelles, + de 800 articles nouveaux ou mis à jours chaque année.
De la conception au prototypage, jusqu'à l'industrialisation, la référence pour sécuriser le développement de vos projets industriels.

Cet article fait partie de l’offre

Innovations technologiques

(177 articles en ce moment)

Cette offre vous donne accès à :

Une base complète d’articles

Actualisée et enrichie d’articles validés par nos comités scientifiques

Des services

Un ensemble d'outils exclusifs en complément des ressources

Un Parcours Pratique

Opérationnel et didactique, pour garantir l'acquisition des compétences transverses

Doc & Quiz

Des articles interactifs avec des quiz, pour une lecture constructive

ABONNEZ-VOUS