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Auteur(s)
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Jean-Pierre HUTIN : Directeur technique adjoint de la Division production nucléaire, Électricité de France
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Cet article présente les principes et les modalités de mise en œuvre de la maintenance des chaudières nucléaires. Comme une bonne partie des installations d’une centrale nucléaire est identique, tant du point de vue fonctionnel que technologique, à ce que l’on peut rencontrer sur une centrale thermique classique, voire sur d’autres installations industrielles, l’exposé se limite à la maintenance des parties spécifiquement nucléaires. Il se focalise sur les pratiques françaises, mais celles-ci ne sont pas fondamentalement différentes de ce qui se fait dans les autres pays.
La maintenance contribue de façon importante aux grands enjeux auxquels est confrontée l’industrie nucléaire : sûreté et compétitivité de la production, durée de vie des installations, confiance du public. Si les technologies nécessaires sont souvent assez « classiques », ce sont surtout les conditions de leur mise en œuvre qui sont particulières, du fait des spécificités du nucléaire : haut niveau de fiabilité requis, nécessité de faire presque toute la maintenance pendant les arrêts pour rechargement (alors que nombre de systèmes doivent rester disponibles), risque d’irradiation et de contamination, exigences fortes en matière de qualité, surveillance permanente par les « autorités de contrôle », etc.
La majeure partie de la maintenance des chaudières nucléaires est une maintenance préventive dont les choix sont fondés, autant que faire se peut, sur le retour d’expérience et sur une analyse fonctionnelle des risques. Elle doit être limitée à ce qui est strictement nécessaire car un excès de maintenance peut être lui-même source de défaillance dans la mesure où l’on ne peut totalement exclure une erreur pendant une intervention, surtout si celle-ci est délicate. Mais il faut également penser avec suffisamment d’anticipation aux grandes opérations de rénovation et de remplacement qui sont indispensables pour préserver l’investissement.
À chaque fois que cela est possible, l’exploitant a recours aux techniques de maintenance conditionnelle qui permettent de n’engager d’interventions intru-sives que lorsque des paramètres représentatifs de l’état des composants atteignent des valeurs seuils. La surveillance de ces paramètres est assurée soit de façon continue (fuite, températures, vibrations, etc.) soit de façon périodique avec des méthodes d’examens non destructifs (ressuage, ultrasons, radiographie, courants de Foucault, etc.).
Dans l’organisation des activités, il est important d’associer les constructeurs d’origine, mais également les prestataires qui doivent adhérer aux objectifs de l’exploitant et s’approprier les contraintes spécifiques du nucléaire. Une politique de relations industrielles particulières est indispensable pour s’assurer de la pérennité des moyens et des compétences dans un marché très spécialisé (par exemple vis-à-vis de la question des pièces de rechange).
Enfin, il faut être conscient que le haut niveau de qualité exigé passe par le professionnalisme et la responsabilisation des acteurs qui doivent être formés et motivés dans ce sens. Les dégradations qui se manifestent sur les matériels ne doivent pas faire oublier que c’est en dépassant la simple vision technique et en motivant l’ensemble des personnels de maintenance, de conduite, d’ingénierie, internes ou externes, que de bons résultats peuvent être obtenus.
VERSIONS
- Version courante de juil. 2017 par Jean-Pierre HUTIN
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3. Spécificités de la maintenance
Dans ses principes, la maintenance des installations nucléaires a de nombreux points communs avec la maintenance d’autres industries. Par contre, le nucléaire se distingue dans la façon dont cette maintenance est préparée et mise en œuvre.
3.1 Niveaux de fiabilité requis
Bien que les fonctions liées à la sûreté fassent l’objet de multiples redondances, une très grande fiabilité est attendue de nombreux matériels (figure 4). Il faut en particulier mentionner le cas des composants qui ne sont pas en service lors du fonctionnement normal, mais dont le bon fonctionnement est impératif en situation accidentelle, dans des conditions que les essais ne permettent pas toujours de reproduire.
Les règles générales d’exploitation (RGE) définissent les conditions dans lesquelles sont exploités et maintenus les principaux systèmes ou matériels. Elles sont fondées, entre autres choses, sur des études probabilistes de sûreté ayant pour objet d’évaluer les risques d’accident et dans lesquelles des hypothèses ont été faites quant à la fiabilité des composants. Pour que ces règles restent pertinentes, il faut donc que ces hypothèses de fiabilité restent vérifiées.
Notons que, à la conception, les équipements ont été classés en différentes catégories vis-à-vis de la sûreté, la principale distinction se situant entre les composants IPS (importants pour la sûreté) et ceux qui ne le sont pas. Cette première classification est intéressante pour ajuster les besoins de maintenance, mais le suivi opérationnel de la fiabilité des matériels couplé aux études probabilistes de sûreté permet maintenant d’aller beaucoup plus loin dans la recherche d’une bonne adéquation entre stratégie de maintenance et enjeu sûreté.
HAUT DE PAGE3.2 Logique de décision et données nécessaires
Toute décision de maintenance est, implicitement ou explicitement, fondée sur l’analyse des défaillances potentielles des matériels et de leur criticité (couple « probabilité x conséquences » de ces défaillances). Dans le cas des centrales nucléaires, beaucoup de...
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