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Auteur(s)
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Vincent SOL : Avocat à la Cour de Paris, correspondant organique international du cabinet Winston & Strawn
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En droit des sociétés, les cessions ou acquisitions d’activités industrielles peuvent emprunter différentes modalités juridiques dont les principales sont les suivantes :
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l’acquisition de titres de la société exploitant l’activité concernée ;
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l’acquisition du terrain et d’actifs mobiliers ;
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l’acquisition du fonds de commerce ou l’apport du fonds dans le cadre d’un apport partiel d’actif.
Le choix de l’une ou l’autre de ces modalités dépend de plusieurs facteurs (financiers et fiscaux notamment) et aussi de l’objectif qui sous-tend l’acquisition, à savoir la continuation ou non de l’exploitation de l’activité industrielle.
De multiples paramètres entrent donc en jeu dans la détermination des risques et responsabilités pesant sur chacune des parties (vendeur ou acheteur) ainsi que sur les possibilités de les aménager contractuellement. Le droit des fusions/acquisitions fortement imprégné des pratiques anglo-saxonnes pour les transactions les plus importantes ou impliquant des acteurs étrangers, prévoit généralement avant la réalisation de l’acquisition une période d’investigations (« due diligence »). Pendant ce délai, les conseils de l’acheteur vont examiner les déclarations du vendeur dans différents domaines (financier, comptable, fiscal, social, juridique, etc.), afin de les vérifier et de détecter des risques éventuels qui lui permettront de prendre une décision d’acquisition mieux éclairée, de réduire le prix ou d’aménager les clauses contractuelles, notamment celles portant sur la garantie de passif, généralement accordée par le vendeur.
Dans ce cadre, la pratique des audits d’environnement apparue aux États-Unis dans les années 1970, s’est généralisée au point d’y devenir incontournable dans toutes les acquisitions de terrains ou de sites industriels.
Cette pratique s’est également développée en Europe et en France au fur et à mesure de la prise de conscience que les risques et responsabilités en matière d’environnement peuvent avoir des conséquences financières très lourdes (une réhabilitation de site peut coûter plusieurs millions de francs) et aboutir à la mise en jeu de la responsabilité administrative (par exemple non-conformité à la réglementation sur les installations classées), civile (recours des voisins), ou pénale (pollution de l’eau par exemple).
Il convient de noter que l’audit d’environnement en matière de cession/acquisition ne répond à aucune obligation légale. En effet, il existe peu d’obligation en ce domaine au regard du droit de l’environnement. Ainsi, l’article 8-1 de la loi du 19 juillet 1976 a mis à la charge du vendeur d’un terrain industriel une obligation d’information. Mais cette obligation ne concerne que la cession de terrain et non celle de titres de sociétés. De plus, cette obligation d’information n’induit pas la réalisation d’un audit d’environnement.
« lorsqu’une installation classée a été exploitée sur le terrain cédé, le vendeur doit informer l’acheteur par écrit et pour autant qu’il les connaisse, des dangers ou inconvénients importants qui résultent de l’exploitation. À défaut, l’acheteur peut demander la résolution de la vente, la restitution d’une partie du prix ou la remise en état lorsque le coût ne paraît pas disproportionné par rapport au prix d’achat ».
Dans ces conditions, au regard des responsabilités encourues et des coûts potentiels, la simple transmission des informations du vendeur (à supposer que l’obligation légale d’information s’applique) ne suffit pas. En pratique, même dans le cas de simple cession de terrains ayant eu un usage industriel, il est recommandé de procéder à un audit d’environnement.
L’évaluation des risques (et par conséquent des responsabilités) est donc une pratique indispensable des opérations de cession/acquisition de sites industriels. C’est le rôle de l’audit d’environnement. Toutefois, la finalité de l’évaluation des risques est de pouvoir les identifier et ensuite d’en opérer le transfert. C’est le rôle des clauses environnementales dans les contrats de cession/acquisition.
le lecteur pourra utilement se reporter à l’article Introduction au droit de l’environnement industriel Introduction au droit de l’environnement industriel dans le présent traité.
VERSIONS
- Version archivée 2 de oct. 2009 par Vincent SOL, Frédérique CHAILLOU
- Version courante de avr. 2014 par Vincent SOL, Frédérique CHAILLOU
DOI (Digital Object Identifier)
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3. Conclusion
La cession ou l’acquisition d’un site industriel entraîne un jeu complexe de négociations au sein desquelles la dimension environnement n’est qu’une composante. De ce point de vue, les aspects environnementaux se traduiront in fine dans les contrats par des engagements de travaux ou des clauses de garantie assez classiques.
Néanmoins, si l’intérêt stratégique d’un site ou d’une activité industrielle a pu conduire certains acquéreurs à n’accorder qu’une importance limitée à la négociation du partage des risques et responsabilités environnementaux, une vigilance accrue en ce domaine est désormais de mise. Le recours aux audits d’environnement s’est développé et tendra certainement à se systématiser, s’agissant notamment des acteurs publics désireux d’activer la reconversion d’anciens sites industriels.
Ce développement s’explique non seulement par les enjeux financiers de plus en plus substantiels, mais également par deux aspects spécifiques au domaine environnemental.
D’une part, en cas de poursuite de la même activité par l’acquéreur, la difficulté de départager l’origine des pollutions conduit à adopter des clauses particulières.
D’autre part, en ce domaine, il faut souligner la multiplicité des intervenants possibles (acheteur, vendeur, experts, sociétés de travaux, avocats, notaires, etc.), mais aussi et surtout l’intervention de l’administration chargée de l’inspection des installations classées.
Dans le jeu de la négociation contractuelle, le rôle assigné à l’administration peut être très variable, l’une des parties pouvant chercher à s’appuyer sur ses décisions ou les deux parties pouvant chercher à faire arbitrer leurs désaccords.
Ainsi, pour les niveaux des travaux à réaliser, le vendeur, face à un acheteur maximaliste, pourra chercher à s’appuyer sur l’opinion de l’administration. L’acheteur préférera peut-être des normes plus strictes pour éviter que l’administration ne revienne ultérieurement. En effet, il faut rappeler qu’en France, aucun « quitus » n’est délivré par l’administration après une opération de remise en état.
Dans ce contexte, le rôle de l’administration n’est pas facile. En tout cas, une meilleure connaissance du jeu des acteurs dans la négociation contractuelle devrait lui permettre de mieux évaluer...
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