Présentation
Auteur(s)
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Richard LEBOURGEOIS : Docteur de l’Institut National Polytechnique de Grenoble - Ingénieur de l’École Nationale Supérieure d’Électricité de Grenoble - Responsable des Études Ferrites au Laboratoire Central de Recherches (LCR) de Thomson- CSF
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La découverte de nouveaux oxydes magnétiques appelés ferrites au début du siècle a motivé tout d’abord de nombreux théoriciens qui ont tenté d’expliquer leurs propriétés magnétiques. C’est à partir des années 1940 que Louis Néel a commencé à élaborer sa théorie du ferrimagnétisme qu’il a appliqué à l’ensemble des ferrites avec succès. Cette théorie décrit essentiellement les propriétés magnétiques statiques de ces matériaux : aimantation à saturation et température de transitions. Par la suite, on a découvert de nombreuses applications à ces nouveaux matériaux, notamment pour les utilisations à haute fréquence rendues possibles grâce à leur résistivité électrique élevée (> 1 Ω · m) qui caractérise la plupart des oxydes.
Outre la résistivité, les paramètres essentiels qui caractérisent les ferrites sont :
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l’aimantation à saturation Ms : elle varie de 0,15 à 0,60 T ;
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le champ d’anisotropie Ha : il caractérise la rigidité avec laquelle l’aimantation est maintenue dans des directions privilégiées du cristal. Plus l’aimantation peut se déplacer facilement sous l’action d’un faible champ magnétique extérieur, plus le matériau a un champ coercitif faible, une perméabilité grande et des pertes faibles si les fréquences d’utilisation ne sont pas trop élevées. On appelle ferrite « dur » un ferrite « difficile » à aimanter présentant des champs coercitif et d’anisotropie élevés (Ha > 100 kA/m) et « ferrite doux » un ferrite « facile » à aimanter présentant des champs coercitif et d’anisotropie faibles (Ha < 10 kA/m).
Les ferrites de structure cristallographique hexagonale comme la magnétoplombite (hexaferrites) sont anisotropes. Leurs propriétés dans le plan de base (a,b) sont très différentes de celles suivant l’axe c perpendiculaire. Ce sont des matériaux magnétiques durs et sous forme polycristalline on les utilise principalement pour la production d’aimants permanents. Les ferrites hexagonaux les plus répandus sont les hexaferrites de strontium (baryum) de type M de composition chimique SrFe12O19(BaFe12O19).
À la différence des hexaferrites, les ferrites doux sont isotropes. Ils ont une structure cristallographique cubique et peuvent être classés en deux groupes selon leurs applications techniques.
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Le premier groupe est celui des ferrites doux utilisés pour des fréquences allant de 10 kHz à 500 MHz dont nous parlerons dans les premiers paragraphes de cet article. Leur formule générique est MeFe2O4 où Me représente un métal de transition divalent ou une combinaison d’ions (cas d’un ferrite mixte). Leur nom de spinelles vient du minéral MgAl2O4 de même structure cristallogra-phique. Ces matériaux sont utilisés dans de vastes domaines tels que la conversion d’énergie ou le traitement du signal. Suivant la gamme de fréquence, on utilise :
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des ferrites spinelles de manganèse-zinc (Mn-Zn) de 10 kHz à 1 MHz. Ces ferrites sont couramment appelés ferrites de puissance car ils sont largement utilisés comme composants inductifs en électronique de puissance (transformateurs ou inductances). Leur formule chimique est MnxZnyFezFe2O4 avec x+y+z=1. Leurs aimantations sont parmi les plus élevées des ferrites (jusqu’à 0,60 T) mais leurs résistivités électriques sont parmi les plus faibles (≈ 1 Ω · m). Ces matériaux font l’objet de la première partie de cet article ;
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des ferrites spinelles de nickel-zinc (Ni-Zn) de 1 à 500 MHz. Leur formule chimique est NixZn1-xFe2 O4. Les aimantations sont plus modestes que pour les ferrites Mn-Zn ( 0,50 T) mais les résistivités électriques atteignent 106 Ω · m ce qui en fait des matériaux adaptés pour les radiofréquences (f > 1 MHz). Ces matériaux font l’objet de la seconde partie de cet article. Les ferrites Ni-Zn-Cu à basse température de frittage dérivent de cette famille et font l’objet de la troisième partie.
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Le second groupe est celui des ferrites doux pour hyperfréquences utilisés dans des dispositifs fonctionnant de 0,1 à 100 GHz. Ces ferrites sont soit du type grenat (même structure que le minéral Mn3 Al2Si3O12 ) comme le grenat d’yttrium-fer (YIG) de formule Y3 Fe5 O12, soit du type spinelle comme les ferrites Mg-Mn, Li-Zn, Ni-Zn et Ni-Al. Ces matériaux font l’objet de la dernière partie de cet article.
La grande diversité des ferrites vient des nombreuses possibilités de substitutions cationiques dans leurs solutions solides. Cela donne autant de propriétés magnétiques différentes que de combinaisons possibles. Nous essaierons de montrer que pour chaque type d’application (niveau de puissance, gamme de fréquence, gamme de température) il existe un matériau optimisé et que son optimisation passe par une analyse détaillée de son environnement électrique. Nous terminerons cette introduction en précisant que le nom « ferrite » désignant les oxydes ferrimagnétiques est masculin mais qu’il existe aussi la ferrite qui désigne une variété allotropique du fer.
VERSIONS
- Version archivée 1 de juin 1987 par Patrick BEUZELIN
- Version courante de févr. 2014 par Richard LEBOURGEOIS
DOI (Digital Object Identifier)
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1. Propriétés physiques des ferrites spinelles et grenats
1.1 Structures cristallographiques et compositions chimiques
Les ferrites sont des oxydes ferrimagnétiques dont l’élément métallique majeur est le fer. Les ferrites doux utilisés pour leur perméabilité élevée ou leurs faibles pertes ont une structure cristallographique cubique. Les deux grandes familles de ferrites doux sont les spinelles et les grenats.
HAUT DE PAGE
Les formules chimiques des ferrites de structure spinelle s’écrivent MeFe2O4. Dans la structure la plus simple, Me représente un cation métallique divalent, le fer se trouvant dans un état trivalent. Les ferrites les plus intéressants pour les applications sont complexes et Me représente alors une association d’ions divalents (Mn2+, Ni2+, Zn2+, Fe2+, Co2+, Cu2+...), mais également des combinaisons d’ions monovalents (Li+), trivalents (Fe3+, Mn3+) voire tétravalents (Ti4+, Sn4+) pourvu que leurs rayons ioniques soient compatibles avec le volume des sites interstitiels disponibles (sites tétraédriques ou octaédriques) et que l’électroneutralité soit respectée. Citons pour les plus importants :
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les ferrites de manganèse-zinc :
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les ferrites de nickel-zinc ou de nickel-zinc-cuivre :
Un exemple de combinaison d’ions monovalents et trivalents est le ferrite de lithium utilisé en hyperfréquence LiFe5O8 qui peut s’écrire également .
Dans cette structure, les anions O2− sont les ions de plus grandes dimensions (r ≈ 0,14 nm ou 1,4 Å). Ils forment un...
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BIBLIOGRAPHIE
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(4) - LEBOURGEOIS (R.), GANNE (J.P.), PIGNARD (S.), GARRIN (P.), LIORET (B.) - Effect of additions on electromagnetic properties of high frequency Mn-Zn ferrites - . Electroceramics IV, Aachen, 1994, pp. 1137.
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(5) - de LAU (J.G.M.), STUIJT (A.L.) - Chemical composition and high-frequency properties of Ni-Zn-Co ferrites - . Philips Res. Repts 21, 1966, pp. 104-112.
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1.1 Références des matériaux ferrites équivalents
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Ferrites de puissance Mn-Zn
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Ferrites Ni-Zn
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Ferrites hyperfréquences
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