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Auteur(s)
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Georges MESSIN : Ingénieur de l’École centrale de Paris - Ingénieur-conseil chez Euroconsult
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D’une façon générale, le recyclage des matières d’origine industrielle commence par la récupération, c’est‐à‐dire la collecte des rebuts et déchets, et leur transformation en matières premières « secondaires » (MPS) consommables par l’industrie. Il se termine par la consommation des MPS en concurrence avec les matières premières vierges.
Le premier paragraphe montre que le recyclage présente une image inversée de celle de la production industrielle et que les schémas habituels de raisonnement ne s’y appliquent pas.
Le second paragraphe présente le recyclage des métaux ferreux, montrant son importance mondiale. Le consommateur largement dominant est la sidérurgie et tout particulièrement les aciéries électriques. Les matières recyclées sont elles-mêmes minoritaires par rapport au minerai pour la production d’acier. Le recyclage des métaux ferreux récupérés sous forme de « ferraille » existe depuis des siècles car son état métallique a l’avantage d’éviter le coûteux passage de la forme minérale à la forme métallique. La quasi-totalité des déchets est récoltée et réutilisée suivant des méthodes variant avec le degré de développement des régions concernées. Le marché est à la fois régional pour des raisons de qualité et de ressources, et mondial pour écouler les excédents régionaux. Le débat reste dominé par la peur de manquer de ferraille de qualité acceptable et de voir son prix monter exagérément.
Le troisième paragraphe décrit les facteurs techniques gouvernant la récupération. Certains, comme les données physicochimiques et la stabilité des grands principes opératoires de la sidérurgie, sont invariants. D’autres, comme la nature des rebuts et déchets et les techniques de préparation des ferrailles, évoluent dans le temps.
Le quatrième paragraphe insiste longuement sur les paradoxes de l’économie du recyclage. Le premier se situe dans le processus d’adaptation de l’offre à la demande. En production manufacturière, il y a généralement adaptation de l’offre à la demande mais l’offre peut proposer un nouveau produit. En recyclage la consommation ne peut dépasser la ressource de rebuts et déchets, et on ne peut inventer une ressource. La demande doit impérativement s’adapter à la réalité de l’offre. Pur fruit du passé de la consommation, le flux de rebuts et de déchets ne se commande ni en qualité ni en quantité. L’adaptation se fait par le prix, le stockage et la rétention des matières.
Le niveau des prix de l’acier est commandé par son prix de revient, largement influencé par celui des minerais et des apports énergétiques : charbon, gaz naturel et électricité. Le niveau des prix de ferraille ne se détermine pas par un coût de collecte et de préparation mais par une valeur d’usage permettant de concurrencer la production d’acier à partir des matières premières dominantes.
Il en découle des lois qui relèvent de l’économie de rente, qui régule l’intensité de la collecte de rebuts et déchets en fonction de leur valeur d’usage, elle-même fonction du niveau de prix de l’acier. Cette régulation est aujourd’hui perturbée par la pression écologique qui pousse à tout récolter et valoriser au moyen de subvention, ce qui peut avoir l’effet pervers de transférer des charges de l’industrie vers la collectivité.
Le cinquième et dernier paragraphe couvre les aspects commerciaux du métier de collecte et de la préparation de la ferraille. Contrairement à la production industrielle, la fonction achat prime sur la fonction vente, du fait même que le schéma est inversé.
La conclusion est que la question même du manque de ferraille au niveau mondial n’a pas de sens. La ressource de rebuts et déchets s’impose en quantité et qualité au niveau régional comme au niveau mondial. La consommation se développe là où l’écart entre la valeur d’usage et le coût d’approvisionnement est le plus élevé, et elle s’étiole là où il est le plus faible. De cette économie de rente résulte au niveau mondial un déplacement géographique lent mais irrépressible des centres de consommation de ferraille.
VERSIONS
- Version archivée 1 de janv. 1988 par Georges MESSIN
- Version archivée 3 de déc. 2007 par Bernard GROS
- Version courante de sept. 2017 par Philippe RUSSO
DOI (Digital Object Identifier)
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4. Aspects économiques
La récupération fonctionnant à l’inverse des systèmes de production, son économie obéit à des lois spécifiques qui sont trop souvent mal comprises.
4.1 Économie de l’offre
Fréquemment utilisé par analogie avec le monde minier pour qualifier la ressource, le terme gisement, est une source de confusion. Il suggère en effet l’extraction à partir de quelques points précis alors que l’origine de la ferraille est un ensemble diffus d’innombrables détenteurs (particuliers, industriels, garages, compagnies d’assurances, collectivités locales...). Gisement suggère également une possibilité d’action sur le volume de production alors que la ressource de rebuts et déchets est un flux totalement incontrôlable.
L’économie de l’offre de ferraille rendue aux usines consommatrices couvre plusieurs domaines : l’accès aux déchets, les coûts de préparation, la valorisation de matériaux ou d’objets récupérés parallèlement, les transports à destination des usines consommatrices.
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L’accès aux rebuts et déchets
La collecte de déchets ferreux est une activité de proximité impliquant une multitude d’acteurs (marginaux, chineurs, chiffonniers, microentreprises familiales...) intervenant de multiples façons. Elle est fortement associée à des services rendus : débarras, manutentions, nettoyage, enlèvement d’autres déchets, prêt de main-d’œuvre... Sa rémunération est complexe et obscure, pouvant aller du simple troc entre matières et services jusqu’à une facturation précise. C’est de ce réseau de collecteurs locaux que dépendent les récupérateurs régionaux disposant de chantiers de préparation équipés de moyens mécaniques. La valeur ajoutée par la collecte résulte d’un premier tri entre déchets de différentes natures (papiers, chiffons, métaux non ferreux), et du regroupement en quantités permettant de franchir le seuil minimal de la commercialisation, un camion ou un wagon par exemple.
Étant capillaire, le marché des rebuts et déchets est fragile. La négociation y est permanente et tout ce qui pourrait donner l’impression d’un accroissement de la demande peut créer le réflexe de la rétention des déchets en vue de jours meilleurs. L’image de l’éponge et de la pompe éclaire...
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