En 2017, la firme américaine Apple fait les gros titres des journaux, après avoir reconnu qu’elle limitait volontairement les performances des anciens iphones, pour que ces derniers supportent mieux les mises à jour. Suite au scandale que cette révélation entraîne, Apple baisse le coût de ses batteries, pour que les utilisateurs puissent échapper à l’obsolescence de leurs appareils à moindre coût. Depuis, les prix des batteries d’iphone ont retrouvé leur prix d’origine.
Apple s’est également défendu en arguant du fait que les développements opérés sur les dernières générations d’iphones sont optimisées pour ces dernières, et qu’il est donc naturel que les « anciens » modèles finissent par devenir obsolètes. D’un autre côté, les associations de consommateurs ont dénoncé un exemple flagrant d’obsolescence programmée. Au final, peu importe. L’obsolescence programmée, ou non programmée, oblige souvent le consommateur à racheter un produit neuf. En effet, la réparation d’un produit par le constructeur coûte en général très cher.
Depuis 2005, la directive européenne DEEE oblige les constructeurs à s’impliquer dans la gestion des DEEE dont ils ont la responsabilité de l’émission, de par leur ventes. Depuis d’autres lois, comme la loi anti-gaspillage entrée en vigueur en 2020 et complétée en 2022, obligent les producteurs d’appareils électriques et électroniques à informer le consommateur sur le degré de réparabilité et de recyclabilité des produits qu’ils vendent. Aussi, les producteurs et les constructeurs doivent laisser disponibles sur le marché les pièces détachées des produits qu’ils commercialisent, jusqu’à cinq ans après le retrait d’un produit de la vente.
Ces décisions politiques ont donné un élan sans précédent au marché de la réparation et du réemploi. Marché sur lequel la demande est importante, beaucoup de consommateurs désirant pouvoir réparer (ou faire réparer) leurs produits au lieu de les jeter, à un prix abordable. Aussi, les consommateurs se tournent de plus en plus vers des solutions de réparation ou de réemploi car cela leur permet d’acquérir du matériel qui n’est pas de dernière génération, mais dont le prix d’acquisition est hyper compétitif. Notamment au vu des prix pratiqués en ce qui concerne la téléphonie et l’informatique sur les produits de dernière génération mis chaque année sur le marché.
Quelles voies de valorisation autour du réemploi ?
Le réemploi est une tendance forte, comme nous venons de l’évoquer. Depuis 2005, de nombreuses entreprises se sont lancées dans la réparation d’équipements électriques et électroniques, souvent avec beaucoup de difficultés. En cause, l’exigence des consommateurs, qui ne voulaient pas investir dans du matériel remis en état, doutant fortement de leurs performances et de leur fiabilité. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. La qualité générale des appareils ayant baissé, et le prix du neuf étant trop souvent dissuasif, un créneau s’est ouvert pour la remise en état d’appareils usagés, les consommateurs ayant aujourd’hui une image très positive du réemploi.
Le réemploi consiste pour un propriétaire à vendre (ou donner) un produit à un tiers, qui lui donnera une seconde vie. Ainsi, au sens strict, les produits entrant dans la catégorie du réemploi ne passent jamais par la case déchet.
A côté du réemploi, on parle beaucoup de réparation et de réutilisation, qui sont en fait des composantes du réemploi. La seule différence est que le produit en question passe par la case déchet. Il entre donc dans la filière de gestion des DEEE. Ainsi, la réutilisation est une opération en plusieurs étapes qui démarre lorsque le propriétaire d’un bien usagé s’en défait, sans le remettre directement à une structure dont l’objet est le réemploi. Il va ensuite subir une « préparation en vue de la réutilisation », qui lui permet de retrouver son statut de produit. Enfin, la réparation consiste à remettre un produit en fonctionnement, avec une spécificité : le propriétaire s’est défait du bien, ce qui n’est pas le cas pour une réparation courante.
Les chiffres sur le taux de réemploi des équipements électriques et électroniques sont aujourd’hui difficiles à interpréter, notamment car ils recouvrent souvent des catégories de produits très diverses. Le site internet d’Ecosystem, un des éco-organismes agréé par l’Etat, fait état pour 2020 d’un total de 600 000 produits de gros et petits équipements électriques réemployés, pour un total de 139 millions d’unités collectées.
Aujourd’hui, les produits non remis en état de marche sont valorisés essentiellement sous forme de matière première secondaire. C’est moins rémunérateur que la réparation, mais c’est un processus aujourd’hui mieux maîtrisé. A n’en pas douter, la législation et la demande des consommateurs préparent pour le réemploi un avenir plein de promesses.
Cet article se trouve dans le dossier :
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