Limites et critique de la veille

C’est le point clé. La veille ne produit rien. Ou plutôt si mais elle ne produit que de l’immatériel. Elle produit de l’analyse, de l’information, de l’intérêt, de l’alerte, de la décision. Dans le meilleur des cas, elle produit de la bonne décision.

Alors que l’entreprise doit vendre ses produits et ses services, elle est confrontée à une fonction parfois décorélée des objectifs opérationnels et commerciaux.

La veille coûte et de surcroît ne produit rien.

Cette critique trouve son attachement dans plusieurs raisons.

• L’on a trop souvent voulu faire passer la veille pour quelque chose d’impérativement stratégique en lui interdisant parfois de répondre également à des besoins bien plus terre-à-terre. Dans des moments de tension où les directions productives sont mises en avant, le conflit larvé entre veilleurs et business units de production se fait jour, et les directions productives en ressortent souvent vainqueurs.
• L’immatériel est difficilement traçable, quels que soient les dispositifs mis en place. Ainsi, la connaissance et l’information font leur chemin entre le moment où elles sont transmises par une cellule veille et celui où elles déclencheront une prise de décision éclairée. Pourtant il est impensable de croire que ce n’est pas l’information qui est aujourd’hui au cœur du management des entreprises. Ainsi il peut être intéressant de développer un service veille plus facilement chiffrable dans ses retombées. La veille appel d’offres est notamment une bonne solution car elle est génératrice de business et facilement traçable : je trouve un AO, je décide de répondre, je gagne, je marge… grâce à la veille qui l’a détecté.
• Les fonctions veille hésitent souvent à développer un système d’évaluation quantitative ou bien qualitative. Qu’il s’agisse des informations traitées, transmises, des utilisateurs de la veille ou de leur satisfaction…, le tableau de bord est trop souvent vierge, là encore car la traçabilité est complexe. Mais il est clair que préparer son reporting est aujourd’hui indispensable à toute fonction. La veille ne saurait y échapper et l’objectivation de l’activité veille permet souvent d’anticiper le désamour de cette fonction et de repositionner à temps les services rendus.