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Philippe AIGRAIN : Chef de secteur Technologies logicielles, Commission européenne, DG Société - de l’information, programme Technologies pour la société de l’information
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Lire l’articleINTRODUCTION
Les logiciels libres ne constituent pas une technique comme la program-mation objet, ils ne sont pas écrits dans un langage de programmation particulier ou destinés à une plate-forme spécifique. Ce qui les définit est d’une autre nature : leur licence d’utilisation institue un régime de propriété sociale collective, qui autorise chacun à accéder au code source, à l’utiliser comme il l’entend, à le modifier et à redistribuer le résultat de ces modifications. Par cette invention « juridique », les fondateurs des logiciels libres ont rendu possibles divers modèles de développement partagé des logiciels. Des réalisations de grande ampleur en ont résulté dans des domaines aussi divers que les systèmes d’exploitation, les interfaces graphiques, la technologie pour les médias, les logiciels embarqués ou le calcul en grappes et en grille. Des innovations spécifiques ont émergé ou ont été diffusées dans le cours de ce mouvement, qu’il s’agisse de supports au développement ou de fonctionnalités comme le partage de fichiers pair à pair. Le lecteur devra donc toujours garder à l’esprit qu’au-delà de telle ou telle réalisation remarquable (les logiciels supports d’Internet ou du Web, le système d’exploitation GNU/Linux et ses milliers d’applications, par exemple), c’est le mécanisme de création et de partage rendant possibles les logiciels libres qui mérite l’attention.
À l’heure actuelle, un grand débat se développe à l’échelle mondiale : les logiciels libres sont-ils un modèle général, ayant vocation à s’étendre au moins à l’ensemble des plates-formes et des applications génériques, ou une simple curiosité sociétale destinée à des groupes d’usagers passionnés ? Ce débat a des dimensions politiques, sociales, culturelles et économiques qui échappent à un ouvrage encyclopédique technique. Mais il a aussi une dimension proprement technique. En donnant au lecteur une compréhension générale des mécanismes, réalisations, atouts et difficultés techniques des logiciels libres, cet article de synthèse vise à permettre à chaque lecteur de se faire sa propre opinion, et d’utiliser au mieux les potentialités de ce domaine.
Le contenu de cet article doit beaucoup au groupe de travail européen sur les logiciels libres – en particulier en ce qui concerne le paragraphe 1 dont plusieurs extraits sont simplement traduits ou adaptés de son rapport [1] – et aux contacts de l'auteur avec les développeurs et usagers d’Europe et d’ailleurs. Ils ne peuvent être tous cités ici, mais l’article tout entier constitue un hommage à leur activité. Il y a aujourd’hui quelques centaines de milliers de développeurs de logiciels libres dans le monde, des dizaines de millions d’usagers conscients, et chacun de nous est usager à un titre ou un autre d’infrastructures et de normes qui n’existeraient pas sans les logiciels libres.
Les opinions exprimées dans ce texte sont celles de l’auteur et ne représentent pas nécessairement le point de vue officiel de la Commission européenne. L’auteur maintient également une version en ligne de ce texte sous la « GNU Free Documentation License », version destinée à être amendée, complétée et mise à jour.
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1. Historique et motivation
1.1 Préhistoire : logiciels de base des constructeurs
Le rapport du groupe de travail européen sur les logiciels libres signale que les logiciels ont été « libres » bien avant qu’il n’existe de logiciels propriétaires, un fait aujourd’hui oublié du fait de la domination des approches propriétaires dans les années 1980 et 1990. De fait, dans les années 1960, les constructeurs d’ordinateurs, au premier rang IBM mais aussi Control Data, distribuaient les sources des logiciels de base de leurs ordinateurs, autorisaient les usagers à modifier pour leurs besoins ce code et, dans une certaine mesure, encourageaient la soumission en retour de ces modifications. Ce mode de diffusion des logiciels ne faisait cependant pas l’objet d’une codification juridique et s’explique essentiellement par le fait qu’à l’époque, le matériel représentait l’essentiel de la valeur ajoutée pour la filière informatique. Les développements logiciels internes aux sociétés utilisatrices représentaient déjà des investis-sements importants, mais ne faisaient pas l’objet d’une diffusion commerciale.
HAUT DE PAGE1.2 Les fondateurs : GNU, Berkeley et TEX
C’est à partir du milieu des années 1970 qu’il devint usuel de distribuer des logiciels seulement sous forme d’exécutables, et en restreignant les droits d’usage et de modification. C’est cependant la repropriétarisation d’Unix qui déclencha le choc psychologique qui allait aboutir à l’émergence des logiciels libres comme mouvement conscient. Développé aux AT&T Bell Labs en coopération étroite avec divers chercheurs de l’université de Berkeley, le système Unix était en effet utilisé par de vastes communautés de chercheurs universitaires aux États-unis. La décision d’AT&T de ne plus diffuser librement le système d’exploitation mais de réclamer des droits de licence allait aboutir à la fragmentation du monde Unix, et convaincre deux groupes distincts de la nécessité de garantir la disponibilité d’une infrastructure logicielle libre pour tout un chacun.
Pour en savoir plus sur le système d’exploitation Unix, le lecteur est invité à consulter l’article Système...
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - * - Dans le domaine des logiciels libres, le Web constitue l’instrument primaire de publication et de diffusion des résultats. De ce fait, la plupart des références bibliographiques sont données sous la forme de liens vers des documents en ligne. Inévitablement, certains de ces liens seront périmés au moment où le lecteur souhaitera y accéder. La recherche du document concerné au moyen d’un moteur de recherche devrait cependant lui permettre d’y accéder dans la plupart de ces cas.
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(2) - Groupe de travail européen sur les logiciels libres - Free Software/Open Source : Opportunities for Europe - ? http://eu.conecta.it/paper.pdf Ce document fut publié sous licence OR Magazine License.
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(3) - STALLMAN (R.) - Le projet GNU - http://www.fsf.org/gnu/thegnuproject.fr.html
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(4) - Articles réunis à l’URL - http://www.fsf.org/philosophy
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(5) - HAUBEN (M.) - History of ARPANET - (1994) http://www.dei.isep.ipp.pt/docs/arpa.html
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