Présentation
EnglishNOTE DE L'ÉDITEUR
La norme NF EN ISO 8044 de novembre 1995 citée dans cet article a été remplacée par la norme NF EN ISO 8044 (A05-001) : Corrosion des métaux et alliages - Vocabulaire (Révision 2020)
Pour en savoir plus, consultez le bulletin de veille normative VN2003 (Avril 2020).
La norme ISO 8044 de septembre 2015 citée dans cet article a été remplacée par la norme ISO 8044 : Corrosion des métaux et alliages - Vocabulaire (Révision 2020)
Pour en savoir plus, consultez le bulletin de veille normative VN2001 (Février 2020).
RÉSUMÉ
La corrosion des objets archéologiques ferreux doit être comprise et modélisée dans différents domaines (conservation, restauration et génie civil) pour prévoir le comportement de matériaux métalliques sur le très long terme. Les alliages ferreux archéologiques sont principalement des aciers doux et les milieux de corrosion sont variés (sols, atmosphère, milieux marins, mortiers). Des techniques spécifiques d'étude doivent être adaptées à ces systèmes qui présentent des couches de corrosion très épaisses. Les vitesses sont contrôlées par la nature de ces couches (composition, structure et morphologie) et peuvent être, dans certains cas, très lentes, de l'ordre du µm/an.
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Philippe DILLMANN : Directeur de recherche au CNRS, LAPA, SIS2M UMR3299 CEA/CNRS et IRAMAT UMR5060 CNRS
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Delphine NEFF : Ingénieur CEA, LAPA, SIS2M UMR3299 CEA/CNRS et IRAMAT UMR5060 CNRS
INTRODUCTION
Depuis le XIX e siècle, la corrosion du fer et des autres métaux a été largement et finement étudiée dans un grand nombre d'environnements, mais uniquement pour des processus se développant sur des périodes relativement courtes comparées aux durées concernées par l'altération des objets archéologiques. Par ailleurs, les couches épaisses des produits de corrosion, formées après plusieurs siècles d'exposition aux différents milieux archéologiques, ont été décrites par les restaurateurs et les scientifiques de la conservation de manière parfois assez détaillée, mais souvent avec des moyens analytiques limités, donnant une bonne appréhension des hétérogénéités et de la variabilité que peuvent présenter les systèmes de corrosion archéologiques à l'échelle macroscopique, mais offrant peu d'éléments de compréhension des mécanismes, notamment aux échelles micro et nanométrique. Or, il est patent que seule la combinaison raisonnée de ces deux approches peut permettre de cerner un tel système de corrosion, parfois fort complexe et dont les cinétiques d'altération sont contrôlées par des mécanismes ayant lieu à différentes échelles et dont il faut comprendre les synergies.
Ces dernières années, pour les métaux ferreux principalement mais également pour d'autres matériaux, le besoin s'est fait sentir de tenter une approche plus fine de la corrosion des objets archéologiques, basée sur la compréhension des mécanismes. Cela a été motivé, dans les milieux de la conservation/restauration, par la recherche d'informations spécifiques, et le besoin de diagnostics fiables et d'optimisation des traitements de stabilisation des objets. En particulier, la localisation dans les produits de corrosion de l'ancienne surface de l'objet, sur laquelle peuvent être retrouvées des informations archéologiques primordiales, fait l'objet de recherches poussées. De plus, la conservation des objets ferreux dans les musées ou dans les monuments historiques exige de bien connaître les produits de corrosion formés durant les siècles précédents et leur évolution en fonction de celle du milieu. Enfin, pour les objets ferreux, notamment ceux conservés en milieu marin, il est primordial, avant toute exposition en musée ou stockage en réserve, de procéder à un traitement de stabilisation destiné à retirer les ions chlorure du système, afin d'éviter tout effet dramatique de reprise de la corrosion pouvant entraîner la ruine d'objets sortis de leur milieu, en quelques années. Ces traitements parfois très longs nécessitent d'être optimisés et l'approche empirique seule ne suffit pas à cette démarche. À ces motivations liées exclusivement au domaine du patrimoine, s'est greffée une problématique plus récente, qui a été à l'origine d'avancées significatives ces dernières années dans le domaine de la compréhension de la nature des produits de corrosion développés sur les objets archéologiques. En effet, dans des contextes liés à l'ingénierie nucléaire, l'entreposage et le stockage des déchets radioactifs à vie longue deviennent un sujet crucial. Pour ce faire, il est envisagé, en France (loi no 91-1381) et dans d'autres pays, de conditionner ces déchets dans une matrice d'enrobage et une série d'enveloppes constituées de différents matériaux (verre, acier inoxydable, acier non allié). Dans plusieurs de ces concepts de stockage, la dernière enveloppe du colis de déchets est un surconteneur en acier au carbone dont il est primordial de connaître le comportement en corrosion sur des durées multiséculaires. Suivant les solutions envisagées, différents milieux, dans lesquels la corrosion de ce surconteneur peut avoir lieu, sont à considérer. Pour toutes ces raisons, les recherches sur les objets archéologiques, considérés en tant que tels ou comme analogues, sont nécessaires et sont menées dans différents laboratoires français et internationaux.
Dans le cas des matériaux ferreux, la morphologie et l'épaisseur (de l'ordre de quelques centaines, voire quelques milliers de micromètres) des produits de corrosion nécessitent une approche un peu différente de celle classiquement utilisée en corrosion. En effet, les techniques d'analyse de surface ou d'études électrochimiques ne peuvent plus être employées comme pour l'étude des couches plus minces, correspondant aux premiers stades de la corrosion. De plus, un des axes principaux de recherche est de saisir le rôle exact joué par ces couches épaisses sur les mécanismes de corrosion et la manière dont celles-ci peuvent influencer la vitesse d'altération du métal. Cette compréhension, passant par la caractérisation fine des systèmes de corrosion, nécessite soit l'adaptation de techniques existantes, soit la mise en œuvre de techniques spécifiquement adaptées. C'est l'ensemble de ces points qui vont être décrits ci-dessous. Ils traiteront exclusivement de la corrosion des alliages ferreux.
MOTS-CLÉS
nucléaire Génie civil conservation des objets du patrimoine Corrosion caractérisation matériaux
VERSIONS
- Version archivée 1 de déc. 2004 par Philippe DILLMANN
DOI (Digital Object Identifier)
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6. Estimations des vitesses de corrosion
De manière complémentaire à l'étude des mécanismes, il est extrêmement intéressant, dans le cadre de la prévision du comportement en corrosion, d'évaluer les vitesses de perte de métal des objets archéologiques en fonction de leur âge et de leurs conditions d'enfouissement. La difficulté principale réside ici dans le fait que les dimensions initiales exactes de l'objet archéologique sont inconnues. Trois approches différentes peuvent alors être mises en jeu :
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une approche empirique, basée sur la mesure approximative de l'épaisseur des produits de corrosion d'un très grand nombre d'échantillons ;
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une approche analytique plus fine basée sur la mesure de la teneur locale en fer ;
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enfin une approche par des techniques électrochimiques et notamment la chronoampérométrie.
Chacune de ces méthodes présente ses limites intrinsèques :
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la première repose sur des mesures approximatives ;
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la seconde est limitée par la seule détection possible des phases ayant précipité ;
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enfin, la dernière méthode ne donne accès qu'à la vitesse instantanée dans l'électrolyte d'étude.
6.1 Méthode empirique
Différentes études ont tenté de déterminer une fourchette de vitesses moyennes de corrosion par estimation de l'épaisseur des produits de corrosion formés sur des objets archéologiques. La plupart du temps, ces études sont basées sur une mesure par radiographie X des objets étudiés, voire sur photographie à plus ou moins fort grossissement. La limite réside cependant dans le manque de précision de l'évaluation. Il semble, de plus, que cette méthode ne fasse pas la distinction entre la couche de produit dense et le milieu transformé et que la limite entre les différentes zones du système de corrosion (particulièrement la limite milieu transformé/sol) soit assez délicate à déterminer.
Ci-dessus : Profil de distribution élémentaire obtenu sur une coupe transversale d'un objet archéologique gallo-romain (surface analysée par point
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - BERTHOLON (R.), RELIER (C.) - Les métaux archéologiques. - In La conservation en archéologie, BERDUCOU (M.-C.) and SYMPHORIEN (M.), Editors, Masson, Paris, Milan, Barcelone, Mexico, p. 163-221 (1990).
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(2) - SCOTT (D.A.), EGGERT (G.) - Iron and Steel in Art : Corrosion, Colorants, Conservation. - Ed. A.P. Ltd., p. 232 (2009).
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(3) - CATTANT (F.), CRUSSET (D.), FÉRON (D.) - Corrosion issues in nuclear industry today. - Materials Today, 11(10), p. 32-37 (2008).
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(4) - DILLMANN (P.), BÉRANGER (G.), PICCARDO (P.), MATHIESEN (H.) - Corrosion of metallic heritage artefacts : Investigation, conservation and prediction of long term behaviour (EFC 48). - EFC, Woodhead publishing, Cambridge, p. 320 (2007).
-
(5) - DILLMANN (P.) - Corrosion of archaeological and heritage artefacts. - Numéro spécial de la revue « Corrosion Engineering Science and Technology », Maney Publishing, Londres, vol. 45, p. 111 (2010).
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DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
« Les liaisons tumultueuses de la rouille et du béton, des cathédrales aux centrales nucléaires », conférence de Valérie L'Hostis, Christophe Gallé, Alain Millard, chercheurs à la Direction de l'énergie nucléaire et Philippe Dillmann, chercheur à la Direction des sciences de la matière, centre CEA de Saclay : http://www-centre-saclay.cea.fr/fr/LES-LIAISONS-TUMULTUEUSES-DE-LA-ROUILLE-ET-DU-BETON-des-cathedrales-aux-centrales-nucleaires-par-Valerie-L-Hostis-Christophe-Galle-Alain-Millard-chercheurs-au-CEA-Saclay
Site Internet de l'European Federation of Corrosion, Working Party « Corrosion of Cultural Heritage Artefacts » : https://efcweb.org/WP21.html
HAUT DE PAGE
Congrès EURROCORR. Annuel. Congrès Européen sur la Corrosion. Une session dédiée aux objets du patrimoine
HAUT DE PAGE3 Normes et standards (Liste non exhaustive)
ISO 8044 (1999), Corrosion des métaux et alliages –...
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