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EnglishRÉSUMÉ
Que ce soit à la maison ou en salon de coiffure, de nombreuses personnes se colorent les cheveux. Une large gamme de produits, aux palettes de couleurs très variées et à l’utilisation aisée, est proposée aux consommateurs. Ils ont le choix entre des colorations capillaires permanentes, semi-permanentes ou temporaires. Le principal défi pour les formulateurs est de concilier beauté et respect du cheveu en développant des produits inoffensifs et moins agressifs. Cet article décrit, dans un premier temps, le cheveu et le constituant responsable de sa couleur, la mélanine, pour aborder ensuite les différents types de colorations capillaires ainsi que leur mode d’action.
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Florian LAUBÉ : Ingénieur ENSCL - Docteur en Sciences
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Véronique NARDELLO-RATAJ : Ingénieur ESCOM - Docteur en Sciences, HDR - Professeur des Universités, Université de Lille - Unité de Catalyse et Chimie du Solide UCCS UMR 8181 - Cité Scientifique, Villeneuve d'Ascq, France
INTRODUCTION
Longtemps, la coloration n'était destinée qu'à masquer les cheveux blancs des femmes. Sous l'effet des innovations cosmétiques, elle s'est répandue au point de devenir aujourd'hui une pratique courante, non seulement des femmes d’âge mûr mais aussi des plus jeunes, et plus récemment des hommes. Elle ne se contente plus de masquer les signes du vieillissement mais elle intègre aujourd'hui les notions de plaisir, de bien-être et de séduction. Les attentes actuelles des consommateurs qui privilégient le naturel ainsi que les réglementations de plus en plus strictes incitent les grandes sociétés de la cosmétique à innover en permanence dans ce domaine. En effet, si la découverte de nouvelles molécules colorantes reste un axe de recherche majeur, la mise au point de formulations inoffensives, non agressives, possédant d’autres fonctions secondaires (hydratation, protection, brillance, soin nutritif, durabilité) constitue un défi permanent.
Afin de mieux comprendre les formulations des colorations capillaires et leur mode de fonctionnement, une description de la structure, de la composition et des propriétés du cheveu et de la mélanine, molécule à l'origine de la couleur, est nécessaire. Le cahier des charges des colorations capillaires répondant aux exigences du consommateur et de la réglementation est détaillé. Selon la durée de tenue sur le cheveu, il existe différents types de colorations dont le principe de fonctionnement est développé. Les colorations dites permanentes et semi-permanentes étant les plus appréciées des consommateurs, quatre exemples de formulations types particulièrement innovantes sont présentées.
Déjà au temps des anciennes dynasties d’Égypte et de Chine, des minéraux et des végétaux étaient utilisés pour colorer les cheveux. Les Grecs, les Hindous et les Romains utilisaient par exemple la noix ou le sureau mais aussi des substances animales. Durant plusieurs siècles, les colorations capillaires étaient à base de substances naturelles extraites de plantes ou à base de métaux, parfois très dangereux : par exemple, l'acétate de plomb, agent du saturnisme, très prisé par les romains, le nitrate d'argent, qui s'oxyde à l'air en oxyde d'argent noir (Ag2O), ainsi que les cyanures métalliques, plus solubles et particulièrement toxiques. Pour se teindre la barbe, les hommes utilisaient le henné, un arbuste dont les feuilles contiennent un colorant rouge-orange, le lawsone ou 2-hydroxy-1,4-naphtoquinone, encore appelé acide hennotannique. Cette molécule réagit chimiquement avec la kératine de la peau et des cheveux selon la réaction d'addition de Mickaël conduisant à une coloration permanente relativement intense. L'obtention d'une couleur brun-noir à partir de la nuance rouge produite par le henné était réalisée en appliquant une préparation d'indigo.
La mode de la coloration des cheveux connaît un nouvel essor au XIXe siècle grâce notamment à plusieurs découvertes. En 1818, Louis Jacques Thénard, découvre l'eau oxygénée qui sera utilisée à partir de 1860 dans les produits cosmétiques ; W.H. Perkin réussit en 1950 à isoler un colorant de synthèse ; et une dizaine d'années plus tard, A.W. Von Hofmann découvre la para-phénylènediamine, utilisée dans de nombreuses colorations capillaires. En 1907, Eugène Schueller met au point la première teinture liquide pour cheveux à base de composés organiques qu'il baptise « L'Auréale » avant de fonder en 1909 la « Société Française des Teintures Inoffensives » qui deviendra par la suite L'Oréal. Dans les années vingt, les teintures d'oxydation s'améliorent considérablement et le « blond platine » devient tendance. Après la seconde guerre mondiale, de nouveaux produits de colorations apparaissent, comme les crèmes, les gels ou les colorations non oxydantes tandis que les premières colorations permanentes sont commercialisées par Wella. Au cours des années soixante, les couleurs restent classiques (blond, brun, roux) tandis que dans les années soixante dix-quatre vingt, des colorations plus vives comme le bleu, le vert ou le rose apparaissent. Dans les années quatre-vingt-dix, ce sont les hommes qui se mettent à la coloration, principalement pour couvrir leurs cheveux blancs. Dès lors, la tendance est aux colorations d’origine naturelle (Igora-Botanic – Schwarzkopf, 1991) et se passe tour à tour de composés allergènes : une coloration 100 % naturelle sans p-phénylènediamine par RBE-Colors en 2009, sans ammoniaque par L’Oréal (INOA, 2010) ou à base de cataplasmes de henné notamment (Botanea – L’Oréal, 2018). Les colorations ont également de plus en plus une vocation de soin devant renforcer et protéger le cheveu (ColorExpert – Schwarzkopf, 2017).
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3. Dégradation oxydante de la mélanine
La mélanine peut être dégradée de plusieurs manières et le plus souvent par oxydation. C’est notamment le cas lors de la coloration capillaire par l’utilisation du peroxyde d'hydrogène H2O2 comme oxydant.
La dégradation oxydante de l'eumélanine par H2O2 a été décrite par Prota et al. . Elle conduit à deux produits principaux : le pyrrole-2,3,5-acide tricarboxylique (PTCA) et le pyrrole-2,3-acide dicarboxylique (PDCA) obtenus dans des proportions significatives, jusqu’à 7 % de PTCA en milieu alcalin (figure 9).
L’origine de ces deux produits d'oxydation a été étudiée sur divers dimères de DHI et de DHICA (figure 10 ). Le PTCA proviendrait des unités dérivées de la DHICA et de celles de la DHI reliées en position 2 dans la chaîne polymère du pigment (figure 10 a, b, c,...
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BIBLIOGRAPHIE
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