Article de référence | Réf : BIO9200 v1

Médicaments de la mer disponibles sur le marché
Médicaments de la mer

Auteur(s) : Mehdi BENIDDIR

Date de publication : 10 oct. 2017

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RÉSUMÉ

La biodiversité marine et la diversité chimique qui en découle mobilisent un nombre croissant d’équipes de recherche dans le monde. En effet, avec plus de 25000 molécules décrites en plus de 40 ans de recherche, la mer a fourni six médicaments ainsi qu’une trentaine de molécules en phases d’essais cliniques et précliniques. Cet article décrit les médicaments extraits de la mer, utilisés actuellement en cliniques, à travers les principales classes thérapeutiques, leurs sources ainsi que leur diversité structurale. De plus, les solutions déployées pour surmonter les problèmes d’approvisionnement sont également développées.

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Auteur(s)

  • Mehdi BENIDDIR : Maître de conférences en pharmacognosie BioCIS, équipe Pharmacognosie-Chimie des substances naturelles, faculté de pharmacie de Châtenay-Malabry, université Paris-Sud, université Paris-Saclay, France

INTRODUCTION

Les substances naturelles provenant du règne végétal et des micro-organismes terrestres (à titre d’exemple la morphine du pavot et la pénicilline G du champignon Penicillium notatum) ont longtemps été considérées comme la principale source de principe actif pour des raisons évidentes de facilité d’accès et d’historique d’emploi. Le développement considérable de la plongée sous-marine, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, a permis aux chercheurs d’élargir leur champ d’investigation vers un milieu doté d’une formidable biodiversité. En effet, les océans, en plus de couvrir 71 % de la surface du globe, abritent, à eux seuls, 34 des 36 phyla existants sur la planète Terre. L’étude de cette biodiversité (algues rouges, éponges, ascidies et coraux mous) qui a mobilisé un grand nombre d’équipes de recherche, académiques ou privées, a vite permis de mettre en évidence une diversité chimique exceptionnelle en termes de complexité structurale (par exemple, haut degré d’halogénation, nombre d’atomes d’azote élevé) qui compterait, aujourd’hui, plus de 25 000 entités chimiques décrites. Malgré ces nombreuses découvertes, l’obtention d’une quantité suffisante d’un composé actif, indispensable pour valider les premières études précliniques, s’est vite confrontée à des problèmes posés par la disponibilité biologique. Pour remédier à cela et réussir à développer des médicaments issus du monde marin, industriels et universitaires ont dû redoubler d’ingéniosité pour faire face aux problèmes d’approvisionnement. Ils ont notamment fait appel à l’aquaculture, à des méthodologies de synthèses chimiques innovantes ainsi qu’à la fermentation bactérienne. Aujourd’hui, l’avènement de l’ère génomique permet d’appréhender dans quelles conditions la molécule d’intérêt est biosynthétisée et de caractériser le véritable organisme producteur, laissant entrevoir des solutions industriellement viables aux problèmes de production.

Après une brève description du portefeuille pharmaceutique en lien avec les médicaments inspirés du milieu marin, cet article détaille les différents médicaments d’origine marine employés actuellement en thérapeutique, ainsi que le – ou les – organisme(s) producteur(s) (lorsque ces derniers ont pu être identifiés). De plus, les solutions déployées pour surmonter les problèmes d’approvisionnement sont également développées.

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DOI (Digital Object Identifier)

https://doi.org/10.51257/a-v1-bio9200


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2. Médicaments de la mer disponibles sur le marché

2.1 Nucléosides à arabinose

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2.1.1 Point de départ

Le point de départ de la recherche de nouveaux médicaments issus du milieu marin remonte à une découverte réalisée dans les années 1950 par l’Américain Werner Bergmann . En effet, lors de l’étude d’une éponge de Floride appelée Tethya crypta, des nucléosides inhabituels : la spongothymidine et la spongouridine (figure 1), dans lesquels le classique ribose est remplacé par un arabinose, furent isolés.

L’analogie structurale existant entre ces molécules et les bases puriques de l’ADN a rapidement orienté les chimistes vers la conception de molécules antitumorales et antivirales. Ainsi, deux analogues synthétiques furent rapidement commercialisés, la cytarabine (Cytosar-U®, ara-C), en 1969, pour son activité antileucémique et la vidarabine (Vira-A®, ara-A), en 1976, pour ses propriétés antivirales. Selon le même raisonnement, la conception de l’azidothymidine (AZT) et de l’acyclovir, toutes deux des molécules antivirales, peut être aisément corrélée à la découverte de cette famille chimique. Par ailleurs, il faut noter que la vidarabine a été retirée du marché en 2001 en raison d’un spectre d’action réduit en comparaison avec les antiviraux disponibles.

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2.1.2 Cytarabine (Cytosar-U®, Aracytine®, DepoCyte®, ara-C)

La cytarabine (ara-C) est un analogue nucléosidique de la cytidine dont la structure est grandement inspirée de la spongothymidine (figure ...

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BIBLIOGRAPHIE

  • (1) - VIGNE (E.), SASSOON (I.) -   La montée en puissance des immunoconjugés en oncologie.  -  Médecine/Sciences, 30, p. 855-863 (2014).

  • (2) - GOMES (N.), DASARI (R.), CHANDRA (S.), KISS (R.), KORNIENKO (A.) -   Marine invertebrate metabolites with anticancer activities : solutions to the « supply problem ».  -  Mar. Drugs, 14, p. 98 (2016).

  • (3) - BERGMANN (W.), WATKINS (J.C.), STEMPIEN (M.F.) -   Contributions to the study of marine products. XLV. Sponge nucleic acids.  -  J. Org. Chem., 22, p. 1308-1313 (1957).

  • (4) - MAYER (A.M.S.), GLASER (K.B.), CUEVAS (C.), JACOBS (R.S.), KEM (W.), LITTLE (R.D.), -McINTOSH (J.M.), NEWMANN (D.J.), POTTS (B.C.), SHUSTER (D.E.) -   The odyssey of marine pharmaceuticals : a current pipeline perspective.  -  Trends Pharmacol. Sci., 31, p. 255-265 (2010).

  • (5) - KIM (S.), KIM (D.J.), GEYER (M.A.), HOWELL (S.B.) -   Multivesicular liposomes containing 1-β-d-arabinofuranosylcytosine for slow-release intrathecal therapy.  -  Cancer Res., 47,...

1 Sites Internet

Alejandro Mayer, Médicaments de la mer, le portefeuille clinique : http://marinepharmacology.midwestern.edu/clinPipeline.htm (page consultée le 12 avril 2017)

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2 Brevets

Gravelos DG, Lake R, Blunt JW, Munro MHG et Litaudon MSP. –Halichondrins : cytotoxic polyether macrolides. European Patent Office, Munich, Switzerland : Publication number EP 0, 572, p. A1 (1993).

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