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Guy MURRY : Ingénieur de l’École Nationale Supérieure d’Électrochimie et d’Électrométallurgie de Grenoble, Docteur-Ingénieur - Ingénieur-Conseil Métallurgie et Aciers - Ancien directeur de l’OTUA
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Lire l’articleINTRODUCTION
Dans cet article, il est question de traitements thermiques de durcissement dans la masse des aciers de construction mécanique. Les autres traitements thermiques font l’objet d’une deuxième partie.
Pour conférer à l’acier de hautes caractéristiques de résistance, on peut mettre en jeu différents mécanismes de durcissement [M 245] mais on doit constater que le plus efficace est celui qui fait intervenir la formation de précipités (le plus souvent des carbures de fer ou des carbures d’éléments d’alliage carburigènes mais aussi, dans quelques cas, des composés intermétalliques) au sein des grains de fer. Ce mode de durcissement, commun à de nombreux métaux, est réalisé selon le schéma général, à travers trois opérations succes-sives.
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La mise en solution des précipités, est rendue nécessaire par le fait que ces derniers, après solidification, sont généralement beaucoup trop gros par rapport aux dimensions optimales qui permettraient de parvenir au durcissement maximal. Ici, pour pouvoir mettre les carbures en solution, il faut porter l’acier à une température telle que le fer ait acquis sa structure cubique face centrée (fer γ) qui peut dissoudre (en solution interstitielle) le carbone présent (contrairement au fer cubique centré – fer α – dans lequel le carbone est pratiquement insoluble). On transforme ainsi l’acier en solution solide de carbone dans le fer γ, l’austénite. L’opération s’appelle « austénitisation ».
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Un refroidissement assez rapide ramène l’acier à la température ambiante en empêchant toute précipitation du carbone sous quelque forme que ce soit. Cette étape est imposée par deux faits ; d’une part, la réalisation de la précipitation optimale au cours d’un refroidissement est très difficile et, d’autre part, il est impossible de refroidir un volume de métal d’une manière identique en peau et à cœur ; le cœur est toujours en retard sur la peau et se refroidit plus lentement (il n’est donc pas possible de réaliser la précipitation dans les mêmes conditions et donc d’obtenir le même durcissement). Cette opération que l’on appelle la trempe donne avec les aciers contenant du carbone un résultat particulier ; la trempe transforme l’acier en martensite qui prend une dureté d’autant plus élevée que la teneur en carbone est plus grande (par contre la trempe d’alliages non ferreux les adoucit en faisant disparaître les précipités). Ainsi, à l’état brut de trempe, l’acier est dur, voire très dur, et par voie de conséquence fragile (sauf si C % < 0,1). Par ailleurs, sa structure n’est pas stable et pour un emploi judicieux d’un acier il est nécessaire de provoquer la précipitation du carbone.
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Un réchauffage modéré provoque la précipitation de carbures intragranulaires fins et éventuellement cohérents avec la matrice du fer α : cette précipitation est réalisée au cours d’un réchauffage (c’est le « revenu ») auquel est soumis l’acier préalablement trempé. Selon la composition de l’acier ces carbures sont de la cémentite Fe3C, de la cémentite substituée (Fe, M) 3C ou des carbures d’éléments d’alliage carburigènes tels que V, Mo, W, Nb, Cr… eux-mêmes éventuellement substitués (par Fe).
Si l’acier ne contient pas de carbone mais des éléments d’alliage judicieusement choisis, la trempe donne un adoucissement et le revenu provoque la précipitation de composés intermétalliques. Ce point sera examiné plus loin [M 1 127, § 3].
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5. Stabilité dimensionnelle des aciers après trempe et revenu
La géométrie des éléments d’appareils mécaniques de haute précision est définie avec des tolérances parfois très étroites dans lesquelles doivent se placer les dimensions des pièces. Mais pour, d’une part, assurer une utilisation satisfaisante et, d’autre part, permettre l’emploi de pièces de rechange, il est indispensable que, dans le temps, ces impératifs dimensionnels soient encore respectés. Pour satisfaire à ces conditions, les différents organes, ainsi que les éléments de référence utilisés au cours des opérations de métrologie, doivent posséder une excellente stabilité dimensionnelle dans le temps. Celle-ci est fonction des conditions de charge qui peuvent entraîner des déformations plastiques, mais surtout des facteurs métallurgiques susceptibles de modifier le volume massique du métal, à savoir les transformations structurales. En effet, les différentes pièces utilisées subissent généralement un traitement thermique comportant une trempe suivie d’un revenu à température plus ou moins élevée suivant les cas. Les structures ainsi obtenues sont constituées de martensite revenue plus ou moins stable suivant les conditions de revenu et parfois d’un certaine proportion d’austénite résiduelle. Or, la martensite, si elle n’a pas subi un revenu suffisamment poussé, et l’austénite résiduelle sont susceptibles d’évoluer lentement à des températures voisines de l’ambiante, et ces évolutions vers un état stable sont accompagnées respectivement d’une contraction et d’une dilatation qui sont les causes principales des variations de dimensions des pièces.
La martensite formée après trempe est une solution sursaturée de carbone dans le fer α. Même à la température ambiante, la maille quadratique de la martensite tend à reprendre la forme cubique centrée par ségrégation du carbone sur les défauts de structure et ébauche d’une précipitation du carbone sous forme de carbure ε. Cette transformation, caractéristique de la première phase du revenu, s’accompagne d’une diminution du volume total de la martensite et se manifeste par une réduction des dimensions des pièces.
Par ailleurs, après trempe, l’austénite résiduelle continue de se transformer de façon sensible. Cohen [40], le premier, a indiqué que cette transformation était importante pendant les quatre-vingt-dix premières minutes suivant la trempe...
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