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RÉSUMÉ
Cet article illustre la diversité des comportements des matières plastiques en s'appuyant sur un choix de caractérisations expérimentales. Quelques règles générales sont déduites. Des conseils quant aux protocoles de mesures sont décrits et justifiés. L'intérêt se porte essentiellement sur la viscoélasticité, les effets de températures, de vitesse et le couplage thermomécanique. La description de quelques-uns des modèles de comportement les plus simples permet d'introduire les voies de modélisation actuelles.
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Noëlle BILLON : Ingénieur EAHP, Docteur ENSMP - Professeur CE à Mines Paris, Sophia-Antipolis, France
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Jean-Luc BOUVARD : Ingénieur de l’École centrale de Marseille (ECM), Docteur ENSMP - Professeur à Mines Paris, Sophia-Antipolis, France
INTRODUCTION
Les polymères thermoplastiques et les matériaux renforcés (formulés et/ou chargés) dont ils sont la base doivent présenter des caractéristiques mécaniques conformes à un cahier des charges, lui-même dicté par les conditions d’utilisation de la structure à laquelle ils contribuent.
Ces caractéristiques peuvent se décliner en termes de ce qu’il est traditionnel de définir comme des « propriétés mécaniques » – telles un module d’élasticité, un seuil apparent de plasticité ou des grandeurs à rupture – ou en termes de modèle (ou de paramètres de modèle) de comportement – élastique, élastoplastique, etc. – utilisés dans les logiciels de dimensionnement.
Ces deux niveaux de conceptualisation ne sont pas disjoints et, dans les deux cas, l’utilisateur se place implicitement dans le cadre de la mécanique des milieux continus. Il cherche, ainsi, à représenter les relations existantes entre la déformation d’un milieu continu, supposé représenter le matériau, et la contrainte développée dans celui-ci.
Pourtant, les processus physiques impliqués dans la déformation dépendent, bien sûr, de la nature du matériau et de sa microstructure (organisation des éléments constitutifs du matériau, cristallisation et/ou morphologie des mélanges). Ainsi, la représentativité des grandeurs mesurées peut dépendre du matériau et l’analyse associée doit être adaptée aux matières plastiques et à leurs spécificités.
Malgré une apparente plus grande simplicité, et l’existence rassurante de normes d’identification, les notions de « propriétés mécaniques » font, elles aussi, une hypothèse a priori quant à la nature du comportement. Ainsi, identifier un module d’élasticité (ou de Young) présuppose que les processus élémentaires de déformation confèrent au matériau un comportement élastique linéaire et déterminer un seuil de plasticité apparent (ou limite d’élasticité) n’a son sens physique plein que si les processus de déformation irréversible sont gouvernés par un seuil de contrainte.
En parallèle, le comportement mécanique des matières plastiques est caractérisé par une très grande diversité. En effet, dans cette famille de matériaux, coexistent un grand nombre de types de comportement que l’on qualifie, par habitude souvent, de viscoélastique, viscoplastique, hyperélastique, durcissant, adoucissant ou endommageable. Les spécialistes accordent à ces termes des définitions parfois plus précises mais leur sens « commun », adopté dans cet article, est rappelé dans le glossaire (§ 6). De ce fait, et d’un point de vue technologique, on peut trouver, pour les mêmes conditions d’utilisation, des matières plastiques soit rigides fragiles, soit ductiles, soit caoutchoutiques. C’est ce qui en fait leur richesse.
Cette diversité se retrouve, pour un même polymère, si l’on fait varier certaines de ses caractéristiques, sa formulation ou simplement ses conditions d’utilisation. Il peut, ainsi, être rigide fragile, ductile ou élastique suivant le cas. Cela ne veut pas dire que le comportement du polymère est variable, voire incontrôlé, mais cela illustre que les paramètres contrôlant ses propriétés mécaniques ainsi que les processus élémentaires de déformation envisageables sont nombreux. En conséquence, le dimensionnement de pièces plastiques peut être à la fois riche en solutions et difficile à contrôler avec précision.
Sur la base d’exemples de caractérisations expérimentales, cet article vise à illustrer cette diversité : notamment les transitions de comportement associées à la nature macromoléculaire des polymères et leurs impacts technologiques ainsi que, à l’occasion, les hypothèses sous-jacentes à ce type de caractérisation et les précautions indispensables à l’ingénieur pour aborder sainement la caractérisation et la modélisation du comportement mécanique de matières plastiques. La description de quelques-uns des modèles de comportement les plus simples permet d’introduire les voies de modélisation actuelles.
VERSIONS
- Version archivée 1 de juil. 2015 par Noëlle BILLON, Jean-Luc BOUVARD
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2. Initiation aux processus élémentaires de déformation
Même si tous les matériaux sont traités avec les outils de la mécanique des milieux continus, les contraintes résultent de la perturbation de leur énergie interne, induite par la modification de leur microstructure. Ainsi, tout ou partie des éléments constitutifs du matériau sont amenés hors de leur position d’équilibre pour « accommoder » la déformation macroscopique appliquée, ce qui se traduit par une augmentation de l’énergie (enthalpie ou entropie) du matériau. Les postulats de la mécanique des milieux continus – en tout point occupé par le corps il y a un point matériel ; chaque point se déplace de façon continue ; deux points infiniment voisins restent voisins ; les propriétés physiques sont continues – sont contradictoires à cette réalité physique qui est que la réponse du matériau met en jeu des processus élémentaires de déformation, discrets et discontinus. C’est dans ces processus élémentaires que les polymères se singularisent des autres matériaux, induisant des comportements macroscopiques spécifiques. À cette échelle macroscopique, la microstructure du polymère est masquée par le milieu continu équivalent mais s’exprime toutefois.
2.1 Processus propres aux polymères
Les macromolécules ne sont pas des objets indéformables. À un niveau très local, déformer le polymère consiste donc à déformer et/ou déplacer ses chaînes. Une fois leur configuration – enchaînements covalents – fixée par la chimie, elles peuvent adopter différentes conformations – arrangement spatial de tous les groupements d’atomes. Ces dernières, et les énergies qui leur sont associées, sont définies par les degrés de liberté laissés par la « chimie » (potentiel de torsion sur les cônes de valence [A 3 110]). Une sollicitation externe peut faciliter le basculement de l’un ou l’autre des groupements sur son cône de valence et, donc,...
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - G’SELL (Ch.), JONAS (J.J.) - Yield and transient effects during the plastic deformation of solid polymers. - J. Mater. Sci., 16, p. 1956-1974 (1981).
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(2) - GOPEZ (J.R.) - Étude de la déformation du polycarbonate en cisaillement simple. - Thèse Institut National Polytechnique de Lorraine (1983).
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(4) - TILLIER (Y.) - Identification par analyse inverse du comportement mécanique des polymères solides. - Applications aux sollicitations mutiaxiales et rapides, Thèse École des Mines de Paris (1998).
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