Présentation
EnglishRÉSUMÉ
Le remodelage osseux dépend en grande partie des propriétés mécaniques de l'implant. Cet article a pour objectif de présenter l'intérêt des alliages de titane à bas module d'élasticité pour les applications médicales tels que les implants et les prothèses. Sont tout d'abord rappelés les aspects biochimique et mécanique à l'interface os/implant. Les différentes formulations et critères de choix conduisant à de nouveaux alliages à bas module d'élasticité sont ensuite présentés, ainsi que les comportements mécaniques qui en découlent. Pour compléter l'approche, sont abordées les stratégies d'optimisation de ces alliages, ainsi qu'une illustration par l'exemple de l'élasticité d'un implant dentaire.
Lire cet article issu d'une ressource documentaire complète, actualisée et validée par des comités scientifiques.
Lire l’articleAuteur(s)
-
Pascal LAHEURTE : Maître de conférences - Laboratoire d'étude des microstructures et de mécanique des matériaux - Université de Lorraine, France
-
Wafa ELMAY : Docteur-Ingénieur en matériaux - Arts et métiers Paris Tech, Metz, France
-
Frédéric PRIMA : Équipe de Métallurgie Structurale - Institut de Recherche de Chimie Paris (UMR 8247), ParisTech, France
-
Thierry GLORIANT : Laboratoire de Chimie-Métallurgie, INSA, Rennes, France
INTRODUCTION
L'intérêt porté aux alliages de titane utilisés dans le domaine médical pour le remplacement et la reconstruction des tissus osseux s'est considérablement accru durant les dernières décennies. Leurs champs d'application sont vastes : chirurgie maxillo-faciale, ORL, orthopédique, implantologie… Ces alliages représentent un enjeu économique et sociétal considérable. Du fait de l'augmentation de l'espérance de vie, ces matériaux sont amenés à répondre à un cahier des charges de plus en plus exigeant en termes de biocompatibilité chimique, mais également mécanique afin de perdurer dans le corps humain. Le succès de l'opération repose en grande partie sur les mécanismes complexes d'ostéointégration comportant à la fois des aspects mécanique et biochimique se produisant à l'interface implant/tissus environnants.
L'ostéointégration d'origine mécanique, qui conditionne une grande part du remodelage osseux (c'est-à-dire la réponse cicatricielle de l'os), a été longtemps ignorée dans les problématiques de choix des biomatériaux lors de la conception des prothèses et implants. Les critères recherchés se sont longtemps essentiellement limités à une bonne tenue à la corrosion, une résistance mécanique élevée et une bonne ductilité pour faciliter la mise en forme. Or, la présence d"un implant dans l"os conduit à une redistribution des contraintes mécaniques (phénomène appelé « stress-shielding »). Une trop forte différence de rigidité entre l'os et l'implant entraîne l'apparition de zones de concentration des contraintes et de zones non chargées à l'origine de nécrose ou d'ostéolyse qui compromettent la tenue de l'implant. Les propriétés mécaniques des implants/prothèses, et particulièrement le module d'élasticité, doivent donc être soigneusement adaptées, car elles conditionnent la qualité du transfert de contrainte à l'interface implant/os.
Le titane pur et l'alliage TA6V sont des matériaux qui offrent le meilleur compromis en termes de combinaison de propriétés, en particulier en raison de leur module élastique (E = 100 GPa) (deux fois plus faible que celui des aciers), une résistance élevée de l'ordre de 900 à 1 000 MPa et une biocompatibilté reconnue pour le titane. Cependant, l'adéquation du module d'élasticité de ces alliages avec celui de l'os cortical n'est pas parfaite ; ce dernier étant évalué à 20 à 30 GPa. De plus, la présence d'éléments comme le vanadium ou l'aluminium engendre des risques de toxicité évoqués par les professionnels de la santé parmi les causes d'échec de l'implant.
Les recherches se sont donc récemment orientées vers le développement de nouveaux alliages de titane, dont le biomimétisme prendrait en compte l'adaptation des propriétés mécaniques des implants à la matrice osseuse. Les alliages de titane, comportant uniquement des éléments non toxiques, représentent une excellente alternative aux matériaux cités précédemment. Plus particulièrement, les alliages de titane de type β-métastable suscitent un grand intérêt pour les applications biomédicales. Du fait de leurs caractéristiques métallurgiques, ces alliages disposent d'une très large gamme de propriétés qui peuvent être modulées par des traitements thermiques et/ou mécaniques, en vue d'obtenir un meilleur compromis entre les propriétés mécaniques et élastiques et de répondre au mieux aux spécificités requises pour les applications envisagées.
Cet article a pour objectif de présenter l'intérêt des alliages de titane à bas module d'élasticité pour la réalisation d'implants et de prothèses. Ces alliages, objet de récentes études, ont vocation à mieux prendre en compte les différences de comportement mécanique et tout particulièrement le comportement élastique à l'interface os/implant, mieux que ne le fait le titane pur et l'alliage TA6V.
MOTS-CLÉS
biocompatibilité mécanique phase métastable transformation martensitique implantologie prothèse
DOI (Digital Object Identifier)
CET ARTICLE SE TROUVE ÉGALEMENT DANS :
Accueil > Ressources documentaires > Innovation > Éco-conception et innovation responsable > Conception durable inspirée du vivant : le biomimétisme > Titane et alliages - Des matériaux de choix pour les applications médicales > Spécifications requises des matériaux pour les applications biomédicales
Accueil > Ressources documentaires > Biomédical - Pharma > Technologies pour la santé > Biomatériaux > Titane et alliages - Des matériaux de choix pour les applications médicales > Spécifications requises des matériaux pour les applications biomédicales
Accueil > Ressources documentaires > Matériaux > Étude et propriétés des métaux > Métaux et alliages non ferreux > Titane et alliages - Des matériaux de choix pour les applications médicales > Spécifications requises des matériaux pour les applications biomédicales
Cet article fait partie de l’offre
Étude et propriétés des métaux
(202 articles en ce moment)
Cette offre vous donne accès à :
Une base complète d’articles
Actualisée et enrichie d’articles validés par nos comités scientifiques
Des services
Un ensemble d'outils exclusifs en complément des ressources
Un Parcours Pratique
Opérationnel et didactique, pour garantir l'acquisition des compétences transverses
Doc & Quiz
Des articles interactifs avec des quiz, pour une lecture constructive
Présentation
1. Spécifications requises des matériaux pour les applications biomédicales
Deux facteurs sont à prendre en compte : la réponse biologique du corps humain après la pose de l'implant (biocompatibilité chimique) et le comportement mécanique de l'implant (biocompatibilité mécanique).
1.1 Biocompatibilité chimique des éléments d'addition
La biocompatibilité chimique fait référence au matériau de l'implant qui doit posséder des qualités biologiques. Le corps humain est un milieu agressif et corrosif du fait des concentrations en ions de chlorure et en oxygène dissous. La caractérisation de la biocompatibilité chimique d'un matériau consiste à évaluer sa tenue à la corrosion, ainsi que la toxicité des produits relargués dans le corps. Steinemann a établi une classification en fonction de la toxicité de plusieurs éléments métalliques et alliages utilisés pour les implants. Cette classification (figure 1) est réalisée à partir d'une étude de biocompatibilié en relation avec la résistance de polarisation .
Trois catégories ont ainsi pu être définies :
-
les éléments toxiques qui libérent des ions provoquant une réaction immunitaire (allergie, inflammation, nécrose, rejet) ; c'est le cas notamment du vanadium et du nickel. Aujourd'hui encore, la biocompatibilité du Ni-Ti utilisé pour ses propriétés de superélasticité et de mémoire de forme fait toujours débat ;
-
les éléments susceptibles d'engendrer une réaction d'encapsulation par le milieu hôte ; ces éléments (ou matériaux), parmi lesquels se trouvent les aciers inoxydables, entraînent la formation d'une couche fibreuse à l'interface implant/os qui isole le matériau du milieu vivant ; cette couche fibreuse présente l'inconvénient majeur de n'avoir aucune tenue mécanique en cisaillement, ce qui provoque à moyen terme, des problèmes de stabilité...
Cet article fait partie de l’offre
Étude et propriétés des métaux
(202 articles en ce moment)
Cette offre vous donne accès à :
Une base complète d’articles
Actualisée et enrichie d’articles validés par nos comités scientifiques
Des services
Un ensemble d'outils exclusifs en complément des ressources
Un Parcours Pratique
Opérationnel et didactique, pour garantir l'acquisition des compétences transverses
Doc & Quiz
Des articles interactifs avec des quiz, pour une lecture constructive
Spécifications requises des matériaux pour les applications biomédicales
BIBLIOGRAPHIE
-
(1) - STEINEMANN (S.) - Corrosion of surgical implants-in vivo and in vitro tests, Evaluation of biomaterials. Advances in biomaterials. - John Wiley and Sons, p. 1-34 (1980).
-
(2) - WOLFF (J.) - The law of bone remodeling [translated from the 1892 original] Das Gesetz der Transformation der Knochen. - Springer Verlag (1986).
-
(3) - LONG (M.), RACK (H.J.) - Titanium alloys in total joint replacement – A materials science perspective. - Biomaterials., vol. 19, p. 1621-1639 (1998).
-
(4) - SUMNER (D.R.), TURNER (D.M.), IGLORIA (R.), URBAN (R.M.), GALANTE (J.O.) - Functional adaptation and ingrowth of bone vary as a function of hip implant stiffness. - Journal of Biomechanics., vol. 31, p. 909-917 (1998).
-
(5) - GLASSMAN (A.H.), CROWNINSHIELD (R.D.), SCHENCK (R.), HERBERTS (P.) - A low stiffness composite biologically fixed prosthesis. - Clinical Orthopaedics and Related Research., vol. 393, p. 128-136 (2001).
-
...
DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
ANNEXES
Procédé de traitement thermomécanique d'un alliage de titane, alliage et prothèse ainsi obtenus. Inventeurs : LAHEURTE (P.), PRIMA (F.), GLORIANT (T.), ELMAY (W.), EBERHARDT (A.), PATOOR (E.) ; 16 mars 2013, Brevet WO 2013/068366 A1.
HAUT DE PAGECet article fait partie de l’offre
Étude et propriétés des métaux
(202 articles en ce moment)
Cette offre vous donne accès à :
Une base complète d’articles
Actualisée et enrichie d’articles validés par nos comités scientifiques
Des services
Un ensemble d'outils exclusifs en complément des ressources
Un Parcours Pratique
Opérationnel et didactique, pour garantir l'acquisition des compétences transverses
Doc & Quiz
Des articles interactifs avec des quiz, pour une lecture constructive