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1 - DÉCOUVERTE DE L'INVAR ET PREMIERS DÉVELOPPEMENTS

  • 1.1 - Mesure des longueurs et géodésie
  • 1.2 - Alliages à dilatation faible et contrôlée et bilames
  • 1.3 - Mesure du temps
  • 1.4 - De la « métallurgie quantitative » à la « métallurgie de précision »

2 - EFFET INVAR

3 - QUELQUES EXEMPLES D'APPLICATION DE L'INVAR

4 - FABRICATION DE L'INVAR

  • 4.1 - Élaboration
  • 4.2 - Transformation à chaud
  • 4.3 - Transformation à froid
  • 4.4 - Mesure de la dilatation

5 - PERSPECTIVES

6 - CONCLUSIONS

Article de référence | Réf : N2750 v1

Fabrication de l'Invar
Invar - Famille d'alliages fonctionnels

Auteur(s) : Gérard BÉRANGER, Jean-François TIERS, François DUFFAUT

Date de publication : 10 oct. 2009

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RÉSUMÉ

La découverte de l'alliage de fer à 36 % de nickel, dit Invar®, a répondu à de nombreuses attentes, notamment celle des métrologues. En effet, le nom d'Invar lui a été donné à cause de son très faible coefficient de dilatation linéique sur une assez large plage de température, ce qui lui confère une invariance dimensionnelle. Depuis sa découverte, de nombreux travaux ont été effectués en physique du solide pour tenter de comprendre cette anomalie dilatométrique, dont sont pourvus également les alliages de compositions voisines à 30 % de nickel. Ces études ont montré, s'il en était besoin, le lien étroit qui existe entre cette science et la métallurgie. Elles ont permis la naissance de matériaux apparentés à l’invar, possédant des propriétés bien ciblées et pouvant prétendre à de nombreuses applications.

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Auteur(s)

INTRODUCTION

Dans la nature, aussi bien que dans les réalisations faites par l'homme, on constate que les matériaux, qu'il s'agisse des roches, verres, bois, bétons, eau, matières plastiques, métaux et alliages, etc., ont, sous l'effet de variations thermiques liées soit au climat, soit au fonctionnement des installations, une propension à changer de longueur ; ainsi, ils se dilatent si la température augmente ou se contractent si elle diminue. Un exemple remarquable est le mercure dont la dilatation thermique élevée (0,18 10–3/ oC) a permis la fabrication des premiers thermomètres. Dans les matériaux solides, ces variations dimensionnelles provoquent des déformations temporaires, voire définitives, qui peuvent avoir des conséquences fâcheuses. Dans certains cas, on pallie ces conséquences à l'aide de joints ou de soufflets de dilatation, suivant les secteurs considérés. De même que les chercheurs sont en quête de matériaux non-corrodables (dans un milieu donné), ils ont depuis longtemps souhaité mettre au point des matériaux non dilatables (au moins sur une certaine plage de température). Cet objectif a pris toute son importance en métrologie quand il a fallu disposer d'étalons de longueur et, en particulier, d'étalons secondaires. La découverte de l'alliage de fer à 36 % de nickel, dit Invar®, a permis de répondre à cet objectif. Ce nom d'Invar lui a été donné à cause de son très faible coefficient de dilatation linéique sur une assez large plage de température, ce qui lui confère une invariance dimensionnelle.

Le nom d'Invar évoque une belle histoire métallurgique ; dans cette appellation sont confondus l'alliage Fe-Ni 36 et l'effet physique qui confère à l'alliage sa stabilité dimensionnelle. En fait, la découverte de l'Invar, due au hasard selon certains historiens des sciences, n'aurait pas été possible sans le travail persévérant et rigoureux d'un physicien et métrologue, Charles-Édouard Guillaume, qui a su associer, de façon harmonieuse et complémentaire science et industrie (cf. Aperçu historique, § 1). En effet si, selon Pierre Chevenard, « il serait vain de méconnaître le rôle du hasard, ce grand pourvoyeur des inventions », il fallait ensuite assurer le développement fécond de cette découverte de l'Invar. La mise en évidence du coefficient de dilatation très faible (voisin de 10–6oC à 20 oC) permettait de réaliser le rêve de tout métrologue : l'obtention d'un étalon de mesure de longueur à un prix bien moindre que celui de l'étalon en platine à 10 % d'iridium. Si ce dernier était convenable pour l'obtention du mètre-étalon de longueur, dit primaire, il ne pouvait convenir pour celle d'étalons secondaires à fabriquer en grand nombre.

Après le hasard, il fallait donc laisser place à l'étude pour comprendre la physique qui était derrière cette anomalie dilatométrique de l'alliage Invar ou d'alliages de compositions voisines à 30 % de nickel. L'idée était de donner une solution à un problème donné, à savoir l'invariance dimensionnelle, en s'appuyant, selon E. Lambret (cf. [Doc. N 2 750]), sur « les éléments que l'on a amassé lors des recherches antérieures, ce qui implique de bâtir des connaissances de plus en plus riches et précises ». Cette méthodologie, qui vise à répondre à une demande claire du client, est à l'origine de l'essor, grâce à Pierre Chevenard, de la métallurgie dite de précision, expression souvent utilisée pour l'Invar et ses alliages apparentés, métallurgie qui a été et est encore l'apanage de la Société Imphy (sous ses différents vocables).

L'effet Invar : le comprendre pour le maîtriser, tel était l'objectif. Depuis la découverte en 1896 faite par Charles-Édouard Guillaume, de nombreux travaux ont été effectués en physique du solide, ce qui a montré, s'il en était besoin, le lien étroit qui existe entre cette science et la métallurgie ; cette dernière vise à préparer de façon éclairée et contrôlée des alliages dotés d'un ensemble de propriétés physiques, mécaniques et chimiques, ce qui oblige en pratique à procéder à des ajustements, voire parfois de recourir à une démarche d'optimisation. Il est intéressant de remarquer que l'alliage Invar a, dans cet esprit, donné naissance à des matériaux apparentés aux propriétés bien ciblées et donc à de nombreux secteurs d'applications. C'est en plaçant la recherche au cœur de l'industrie qu'une telle richesse a pu s'exprimer et porter tous ses fruits.

Parler de l'Invar c'est une occasion de rendre hommage à de grands métallurgistes et en particulier ici à ceux qui ont été les premiers promoteurs de la métallurgie des alliages de fer et de nickel comme Charles-Édouard Guillaume et Pierre Chevenard, déjà cités, et Henri Fayol. L'héritage métallurgique qu'ils ont transmis à leurs successeurs a été non seulement respecté mais aussi développé puisque d'autres alliages ont été mis au point avec succès en élargissant le champ des applications avec un dynamisme industriel qui se poursuit.

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DOI (Digital Object Identifier)

https://doi.org/10.51257/a-v1-n2750


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4. Fabrication de l'Invar

L'Invar se satisfait généralement assez bien des outils de fabrication utilisés pour les aciers. Depuis l'aciérie jusqu'à la transformation à froid, bien que des précautions particulières doivent être prises, le producteur utilise ainsi des routes industrielles éprouvées dont les principales étapes sont décrites brièvement dans ce court chapitre.

Nota

bien que des opérations de refusion (sous vide ou sous laitier électro-conducteur) soient dans quelques cas exigées pour améliorer la structure des alliages, leur utilisation est marginale dans le cas de l'Invar et elles ne seront donc pas traitées ici. Le lecteur désireux d'informations sur ces techniques pourra consulter les élaborateurs. De plus, nous nous bornerons strictement à la fabrication de l'Invar lui-même et ne parlerons pas de celle de ses dérivés immédiats dont certains requièrent des chemins thermodynamiques spécifiques, notamment en ce qui concerne la phase « métal liquide ».

4.1 Élaboration

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4.1.1 Matières premières

Le prix du nickel étant élevé en comparaison de celui du fer, et étant également très variable dans le temps (10 000 à 15 000 US $/tonne) en fonction de la demande ou des spéculations (on a vu récemment le cours du nickel s'envoler à 50 000 US $/tonne), le recyclage des chutes de fabrication est un élément très important dans le bilan économique. Ainsi, l'aciériste s'attache à les utiliser au mieux, qu'il s'agisse de résidus de meulage, de polissures ou des chutes massives et légères générées tout au long du cycle de fabrication. En effet, sur un marché mondial annuel de 16 000 tonnes en 2009, ce sont environ 20 000 tonnes qui doivent être coulées. Le rachat des chutes produites chez le client est à ce titre un point fréquemment abordé lors de la négociation commerciale.

La nature même de ces chutes, en moyenne peu denses et parfois polluées par des huiles ou autres produits divers utilisés dans la transformation du métal, conduit tout naturellement à privilégier le four électrique (dit « à arc ») pour l'élaboration. Si le four sous vide est parfois choisi, c'est uniquement en y enfournant des matières neuves et/ou des matières préélaborées au four à arc.

Bien entendu, toutes les chutes doivent...

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BIBLIOGRAPHIE

  • (1) - BÉRANGER (G.), DUFFAUT (F.), MORLET (J.), TIERS (J.F.) -   Les alliages de fer et de nickel.  -  Lavoisier, Tec. & Doc. (1996).

  • (2) - BÉRANGER (G.), HENRI (G.), LABBÉ (G.), SOULIGNAC (P.) -   Les aciers spéciaux.  -  Lavoisier, Tec. & Doc. (1997).

  • (3) - BAÏLON (J.P.), DORLOT (J.M.) -   Des matériaux.  -  Presses internationales Polytechnique (2000).

  • (4) - BÉRANGER (G.), DUFFAUT (F.), MORLET (J.), TIERS (J.F.) -   Les alliages de fer et de nickel.  -  Lavoisier, Tec. & Doc. (1996).

  • (5) - LAMBRET (E.), SAINDRENAN (G.) -   Cent ans d'Invar.  -  Isitem (1995).

  • (6) - TROSTEL (H.), TIERS (J.F.) -   Les bilames thermostatiques.  -  « Cent ans après la découverte de l'Invar, les alliages de fer et de nickel », Éditions Lavoisier, p. 378-398 (1996).

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