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EnglishRÉSUMÉ
Après avoir dressé un état des lieux des évolutions de la Recherche Action Participative (RAP) et des Sciences Citoyennes (SC), cet article présente un dispositif innovant nommé Artivistes-atelier (AA) visant à accompagner les politiques publiques sur la qualité de l’air en intégrant le citoyen dans la boucle décisionnelle prenant en compte le champ de contraintes sociales et environnementales y compris les épineux aspects métrologiques. Il détaille comment le dispositif (AA) s’intègre et se développe dans deux projets de recherche complémentaire (Air-Climat-Santé-Société & Art et BREATHE) sur la qualité de l’air pour apporter des réponses concrètes à des problèmes complexes dans un esprit résolument pragmatique, critique et réflexif.
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Lionel SCOTTO d’APOLLONIA : Enseignant et chercheur - GDR PARCS-LIRDEF, Université de Montpellier
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Davia DOSIAS-PERLA : Ingénieur d’étude CNRS - UMR ARTDev, Université Paul Valéry Montpellier
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Pierre CAMPS : Directeur de recherche CNRS - UMR Géosciences, Université de Montpellier
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Thierry POIDRAS : Ingénieur de recherche CNRS - UMR Géosciences, Université de Montpellier
INTRODUCTION
En 2015, la ville chinoise de Xian s’est dotée d’un spectaculaire purificateur d’air de 60 mètres de haut pour lutter contre la pollution atmosphérique. Préoccupation mondiale, la pollution atmosphérique génère des contestations citoyennes en France tout autant que dans l’ancien Empire céleste, signe d’une évolution de la mobilisation d’une partie de la société dite civile. Fin 2017, l’Agence européenne de l’environnement ouvrait un site Internet afin que chacun puisse s’informer de la qualité de l’air chez lui. L’indice européen de la qualité de l’air se base sur cinq sources de polluants : l’ozone (O3), le dioxyde de souffre (SO2), le dioxyde d’azote (NO2) et les particules fines en suspension (PM 2.5 et PM 10) néfastes pour la santé. De l’anglais « Particulate Matter », elles désignent les particules dont le diamètre aérodynamique est inférieur respectivement à 2,5 et 10 µm. Les revendications citoyennes visent à inciter les pouvoirs publics à mettre en place des mesures pour diminuer la concentration de ces polluants. Cependant ces logiques de mobilisation répondent à des schémas complexes en tension entre la préservation d’un bien commun et la protection d’intérêts privés, caractérisés par l’expression « not in my backyard » (NIMBY – pas dans mon jardin). Dans ce contexte, prendre des décisions pour améliorer la qualité de l’air s’avère une tâche complexe. Cela nécessite d’intégrer des facteurs sociotechniques sur des échelles de temps et d’espace difficilement conciliables avec la singularité des contestations sociales s’accompagnant, qui plus est, d’une métrologie citoyenne controversée ne répondant pas aux normes métrologiques en vigueur. La qualité de l’air extérieur est ainsi devenue un enjeu social de santé publique majeur encore trop souvent média-centrée sur les pics de pollution au détriment de la prise en compte sur le long terme de composés dont la toxicité est démontrée. Ainsi en 2016, la législation française a renforcé le rôle des intercommunalités et leur demande d’agir avec les citoyens via des actions multipartenariales. Symbole de ces évolutions, la législation intègre désormais le « A » des enjeux sur l’Air dans le nouveau Plan climat-air-énergie territorial, plus connu sous l’acronyme PCAET (anciennement PCET). Or sur le plan juridique et technique, la mise en application des lois se heurte à une double problématique. D’une part les différentes lois et plans d’actions perpétuent une sectorialisation dissociant les enjeux de santé, d’air, de climat et de société. D’autre part, les agents des services publics responsables de la mise en œuvre et les metteurs en œuvre (collectivités territoriales, entreprises du territoire, secteur socio-professionnel en lien avec l’action publique) peinent à trouver de la cohérence et une véritable efficacité toutes deux engluées dans ce qu’il est commun d’appeler le « mille-feuille institutionnel ». Force est de constater qu’il persiste un déficit massif d’implication des populations dans l’ensemble des dispositifs « qualité de l’air » et ce en dépit de la constance des mobilisations focalisées répondant majoritairement à l’expression d’intérêts locaux (NIMBY).
Cet article présente un dispositif innovant : Artivistes-atelier, visant à accompagner les politiques publiques en l’occurrence sur la qualité de l’air, en intégrant le citoyen dans la boucle décisionnelle prenant en compte le champ des contraintes sociales, environnementales et les épineux aspects métrologiques. Il détaille comment a été conçu ce dispositif porté par une structure associative hybride du même nom pour apporter des réponses concrètes à des problèmes complexes dans un esprit résolument pragmatique, critique et réflexif. Artivistes-atelier mobilise les outils de la Recherche-action participative (RAP) et des Sciences citoyennes (SC), c’est-à-dire qu’il s’agit à la fois de déployer une ingénierie de la participation sur les questions socio-environnementales pour impliquer les citoyens et plus largement l’ensemble des acteurs (élus et agents territoriaux des collectivités, agences et services de l’État : Agence du développement de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie – ADEME, Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement – DREAL, Agence régionale de santé – ARS, Atmo Occitanie, grands aménageurs et constructeurs, associations) dans les processus décisionnels tout en développant une loupe analytique. Il permet d’analyser d’une part les problèmes structurels du mille-feuille institutionnel et d’autre part ses propres limites quant à la portée de son action. Il agit comme un marqueur pertinent de la fabrique (supposée) participative des politiques publiques sur l’air et les capacités d’autonomisation et d’action des citoyens mobilisés par une cause (empowerment citoyen).
Les premiers résultats tendent à prouver la pertinence du dispositif Artivistes-atelier quant à sa capacité à apporter des réponses concrètes à la fois sur le plan de la recherche, de l’action et de la participation, à intégrer et analyser ses propres limites et les problèmes soulevés qu’il s’agit d’identifier. Cette ingénierie critique et réflexive permet de faire évoluer le design, -désignant l’ensemble du modus operandi. Ce travail demande à la fois des compétences personnelles dans la gestion des tensions éthiques, politiques et affectives générées et un outillage analytique sans cesse remis en question par les logiques du terrain. En effet, le champ lexical faisant référence aux termes techniques d’ingénierie de la participation n’est pas le gage d’un meilleur processus démocratique et par voie de conséquence d’une meilleure efficacité des politiques publiques. En ce sens, le dispositif prévoit la co-construction d’indicateurs d’efficacité des politiques publiques.
La première partie de cet article fait un point sur la RAP et les SC et l’ingénierie environnementale. La deuxième présente les spécificités du dispositif Artivistes-atelier. La troisième permet de détailler l’élaboration du dispositif sur le thème de la qualité de l’air et les premiers résultats d’une recherche en cours dans le cadre d’un projet « Air-Climat-Santé-Société & Art » sur le territoire de l’agglomération du Pays de l’Or en Occitanie, financé par l’ADEME (AACT-AIR) et co-porté par l’UMR ART Dev et Artivistes-atelier. Enfin, la quatrième partie décrit comment le dispositif vient s’insérer dans un projet en phase exploratoire de Sciences citoyennes piloté par l’UMR Géosciences Montpellier visant à développer une bio-métrologie innovante avec l’objectif de construire des cartographies des dépôts des particules fines sur les végétaux et de leur origine à l’aide d’une analyse couplée de leurs propriétés magnétiques avec leur signature de géochimie isotopique. En retour, ces cartographies permettant d’objectiver plus finement la pollution atmosphérique visent à alimenter les processus décisionnels à différents niveaux d’échelles, et permettent de concevoir des outils d’aide à la décision pertinents et d’améliorer in fine les processus démocratiques.
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - * - GDR PARCS https://parcs.hypotheses.org/ (page consultée le 15 janvier 2019).
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(2) - COMETS - Avis Les « sciences citoyennes », - 25 juin 2015. https://www.cnrs.fr/comets/IMG/pdf/comets-avis-sciences_citoyennes-25_juin_2015.pdf (page consultée le 25 avril 2018).
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(3) - IRWIN (A.) - Citizen Science : A Study of People, Expertise and Sustainable Development. - Psychology Press (1995).
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(4) - ROSNER (H.) - Data on wings. - Scientific American, 308(2), p. 68-73 (2013).
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(5) - * - CYBELLE PLANETE https://www.cybelle-planete.org/agir-en-mer-mediterranee.html (page consultée le 15 janvier 2019).
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(6) - * - OBSERVATOIRE DES SAISONS https://www.obs-saisons.fr/
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