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Article

1 - RAPPELS SUR LA FORMATION DES GELS

2 - LES DIFFÉRENTES FAMILLES DE GELS

3 - EXTRACTION DU SOLVANT

4 - MÉTHODE D’OBTENTION DES AÉROGELS

5 - MONOLITHICITÉ

6 - TEXTURE DES AÉROGELS

7 - STRUCTURE DES AÉROGELS

8 - LES AEROGELS : MATÉRIAUX « MODÈLES »

  • 8.1 - Les gels : matériaux à structure fractale ?
  • 8.2 - Analyse en termes de percolation

9 - CONCLUSION

Article de référence | Réf : AF3609 v2

Conclusion
Aérogels - Aspects fondamentaux

Auteur(s) : Thierry WOIGNIER

Date de publication : 10 juil. 2017

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RÉSUMÉ

Les aérogels sont des matériaux mésoporeux qui sont obtenus par séchage hypercritique. Ces matériaux présentent des propriétés physiques uniques (porosité supérieure à 99 %, vitesse du son inférieure à 100 m/s, grande surface spécifique ~ 500 m2/g, structure fractale…). Nous explicitons les problèmes liés au séchage dans le cas des gels (tension capillaire, retrait, apparition de fissures) et développons les différentes techniques de synthèse de gels et d’aérogels par séchage hypercritique (aérogels minéraux, organiques, composites). Nous présentons les caractéristiques structurales (fractales) et de texture des aérogels de silice.

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ABSTRACT

Aerogels. Fundamentals

Aerogels are mesoporous materials obtained by supercritical drying. These materials have unique physical properties (pore volume higher than 99%, sound velocity lower than 100 m/s, large specific surface area of ca. 500 m2/g, fractal structure, etc.). We explain the problems related to gel drying (capillary stresses, shrinkage, cracks in the gel) and present the different routes of the gel synthesis and supercritical drying techniques – mineral aerogels, organic aerogels and composite aerogels. We also show the structural (fractal) and textural properties of silica aerogels.

Auteur(s)

  • Thierry WOIGNIER : Directeur de Recherche au CNRS - Aix Marseille Université, Université d’Avignon, CNRS, IRD, IMBE - IRD UMR 237, Campus Agro Environnemental Caribéen, le Lamentin, Martinique, France

INTRODUCTION

Depuis la première conférence internationale qui s’est tenue à Padoue en 1981, il est bien établi que les procédés sol-gel peuvent être une nouvelle voie de synthèse de matériaux aussi différents que des verres, des céramiques ou des composites, permettant la synthèse de matériaux sous forme de films, de fibres ou de produits massifs.

Qu’est-ce exactement que le procédé sol-gel et pourquoi est-il si attractif pour les scientifiques spécialistes des matériaux ? Une définition précise de la méthode sol-gel est difficile car elle s’apparente à une grande variété de techniques de synthèse et de procédés pour lesquels l’une des étapes utilise le matériau sous forme d’un gel. Afin de contourner cette difficulté, il est plus judicieux d’expliciter ce qui correspondra à un gel dans la suite de cet article : un gel sera un milieu biphasique constitué par un solide et un fluide obtenu par un processus d’agrégation progressif et isotrope à partir d’une solution.

La première raison de l’intérêt porté par la communauté scientifique pour les gels fut d’ordre technologique, il s’agissait de synthétiser des matériaux à haute valeur ajoutée. Dans ce but les principaux avantages du procédé sol-gel sont :

  • la grande pureté des composés précurseurs qui peut être préservée au cours du procédé ;

  • pour les systèmes chimiques à plusieurs composants, l’homogénéité des différentes espèces peut être obtenue par réaction chimique dans la solution mère ;

  • il serait possible de contrôler la morphologie du produit final (film, fibre, matériau massif) par un ajustement de la viscosité ;

  • dans le cas des poudres céramiques, on aurait une amélioration de la réactivité au frittage grâce à leur grande surface spécifique.

La seconde raison est plutôt à mettre à l’actif des physiciens des matériaux et non des ingénieurs. Elle est dictée par l’intérêt de ces milieux en tant que modèles. Notamment, les gels ont été utilisés pour tester les modèles théoriques d’agrégation et les structures obtenus par simulation numérique ou l’analogie « gélification-percolation ». Il a été envisagé que les gels et les aérogels pouvaient développer un réseau de phase solide ayant une structure fractale dans un certain domaine d’échelle, cette structure étant liée au type de mécanisme de gélification mis en jeu. La possibilité de contrôler ces mécanismes permettrait d’ajuster les caractéristiques fractales des matériaux.

Mais qu’est-ce qu’un aerogel ? Une image souvent utilisée consiste à décrire l’aérogel comme une « fumée figée. » Il faut dire que la fraction volumique de matière contenue dans l’aérogel ayant la plus faible densité est inférieure à 0,14 %. Cela signifie que l’air occupe 99,8 % du volume de l’aérogel. Le plus léger d’entre eux a une masse volumique à peine trois fois plus élevée que celle de l’air. De ce fait, ce solide présente des propriétés singulières qui sont exposées dans cet article.

Il va de soi que, pour obtenir des matériaux aussi légers mais rigides, il faut synthétiser un réseau solide hautement réticulé avec un minimum de matière. De ce point de vue, les gels organiques et minéraux sont les meilleurs candidats. Le réseau solide est formé de liens fins interconnectés entre lesquels le solvant est localisé. Cependant, si le solvant s’évapore, le solide restant occupe alors un volume bien plus faible que le gel de départ. Ces gels perdent au moins 90 % de leur volume lors de cette étape de séchage. Le séchage induit un affaissement irréversible du réseau de matière. Cet affaissement de la microstructure poreuse est dû au fait que lors du séchage, l’interface liquide-vapeur vient au contact des parois des pores du gel. Un ménisque s’établit et entraîne l’apparition d’une pression capillaire de tension dans le liquide. Un gradient de contrainte existe dans le matériau, ce gradient est lié à la difficulté qu’éprouve le fluide localisé au cœur du matériau à s’écouler vers la surface. L’utilisation d’une technique de séchage hypercritique permet d’éviter ces contraintes ainsi que l’apparition de fissures qui en découlent. Elle autorise le séchage d’un gel sans en altérer sa texture. Le solvant est alors évacué à une pression et une température supérieure au point critique. Dans ces conditions, le solvant est transformé en un fluide hypercritique homogène où les phases liquide et vapeur sont indiscernables. L’énergie interfaciale liquide-vapeur devient nulle ; en conséquence, aucune contrainte capillaire ne peut s’exercer.

L’aérogel est le nom donné au gel séché par évacuation hypercritique du solvant et pour lequel l’air a remplacé le solvant. C’est un solide de très faible densité, quelquefois transparent et qui peut être considéré comme étant le même matériau que le gel mais pour laquelle seule subsisterait la partie solide.

Un aérogel est donc un gel qui a été séché d’une manière très particulière permettant de conserver la délicate structure du solide telle qu’elle était établie dans le gel de départ. Le séchage est réalisé à l’aide d’un autoclave. Une élévation de température et de pression permet de dépasser le point critique du liquide. C’est la raison pour laquelle ce mode de séchage est appelé hypercritique. En résumé, l’aérogel est issu d’un mode singulier de synthèse de solide ; c’est aussi le produit d’un mode inusuel de séchage.

On peut définir un aérogel comme un gel dont le liquide localisé dans les interstices des parties solides a été remplacé par de l’air au moyen d’une technique de séchage préservant la structure de la phase solide (généralement par séchage hypercritique). Le réseau liquide a été transformé en un réseau de pores.

Dans la littérature certains gels de silice de très faible densité, mais séchés dans les conditions normales, sont parfois appelés aérogels ou « aerogel like materials » compte tenu de leur large volume poreux et de propriétés physiques semblables à celles des aérogels obtenus par séchage hypercritique. Dans cet article le terme aérogel sera réservé aux seuls gels séchés dans les conditions hypercritiques.

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KEYWORDS

aerogels   |   supercritical dying   |   mesoporous materials   |   gels synthesis

VERSIONS

Il existe d'autres versions de cet article :

DOI (Digital Object Identifier)

https://doi.org/10.51257/a-v2-af3609


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9. Conclusion

Les aérogels sont des matériaux originaux, tant par leur mode de synthèse exotique que par les propriétés très particulières qu’ils présentent. D’une manière générale, mais pas uniquement, ces propriétés sont liées à leur très grande porosité associée à la forte tortuosité du réseau solide cohérent. Ces caractéristiques ont pour conséquence une surface développée importante et des propriétés d’échange (chimique, électrochimique) particulières ainsi qu’une grande capacité d’isolation thermique et phonique. Le revers de la médaille des aérogels est leur faible résistance mécanique (10 kPa) et leur fragilité qui limitent les applications et les rendent imprévisibles dès lors que ceux-ci doivent être soumis à des contraintes de tension supérieures à cette faible résistance mécanique. Il sera alors nécessaire de protéger l‘aérogel des agressions du milieu extérieur (contrainte, chocs, humidité).

Une autre application, moins « utile », mais tout aussi intéressante, est l’utilisation des aérogels comme milieu modèle réel pour tester des modèles physiques proposés dans la littérature (percolation, structures fractales, transition de phases dans des systèmes confinés). L’intérêt de ce type de matériaux est la possibilité d’étudier l’évolution de ses propriétés physiques sur pratiquement tout le domaine de porosité (~ 95 %-0 %). Une propriété est de première importance en ce qui concerne la migration d’un liquide ou d’un gaz dans le volume poreux : la perméabilité. Le paradoxe de ces matériaux provient de leur très faible perméabilité (1-10 nm2). Bien que très poreux, les méandres des pores et leur faible taille font que les fluides présents dans les pores ne s’écoulent que très lentement en fonction du temps. En raison de la tortuosité des pores et de leur étroitesse, une molécule gazeuse a autant de chances de frapper une paroi que de rencontrer une autre molécule ; la description des phénomènes de perméabilité sur les aérogels doit être faite en terme de régime de Knudsen.

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BIBLIOGRAPHIE

  • (1) - FLORY (P.J.) -   Gels and gelling processes.  -  Disc. Faraday Soc., 57, p. 7-18 (1974).

  • (2) - KISTLER (S.S.) -   Coherent expanded aerogels and jellies.  -  Nature, 127, p. 741 (1931).

  • (3) - WOIGNIER (T.) -   « Contribution à l’obtention de verres par la voie des gels »  -  Thèse de l’université des Sciences et Techniques du Languedoc, Montpellier, France (1984).

  • (4) - FLORY (P.J.) -   Principles of polymer chemistry (Les principes de la chimie des polymères).  -  Cornell University Press, Ihaca, New York (1953).

  • (5) - STOCKMAYER (W.H.) -   Theory of molecular size distribution and gel formation in branched-chain polymers.  -  J. Chem. Phys., 11, p. 45 (1943).

  • (6) - STOCKMAYER (W.H.) -   Theory...

DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES

  • Polycondensation, polyaddition et modification des polymères.

  • Les fractales en physique.

  • Extraction par fluide supercritique.

  • Caractérisation des polymères. Diffusion des neutrons aux petits angles.

  • Texture des matériaux pulvérulents ou poreux.

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