Présentation
EnglishRÉSUMÉ
Cet article décrit la preuve de concept de l’utilisation d’une solution de lixiviation sous forme de mousse pour dissoudre le cuivre, avec comme application visée le traitement des déchets d'équipements électriques et électroniques. Sur un échantillon modèle, la réactivité de l’oxygène de l’air présent dans les bulles permet de s’affranchir de l’ajout d’un oxydant chimique. De plus, le faible rapport liquide/gaz permet de réduire de façon notable le volume d’effluents et de concentrer le métal dissous. Enfin, le choix d’un tensioactif ayant des propriétés de ligands envers le cuivre accélère la lixiviation.
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Cécile MONTEUX : Directrice de Recherche au CNRS - Université PSL-Sorbonne Université, ESPCI-CNRS, - Laboratoire Sciences et Ingénierie de la Matière Molle, Paris, France
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Grégory LEFEVRE : Directeur de Recherche au CNRS - Université PSL, Chimie ParisTech-CNRS, - Institut de Recherche de Chimie Paris, Paris, France
INTRODUCTION
La récupération d’une grande variété de métaux dans les DEEE (parfois nommés D3E) (déchets d’équipements électriques et électroniques), également appelés « e-déchets », est un enjeu majeur dans la préservation des ressources naturelles et simultanément dans le traitement d’une importante quantité de déchets. L’hydrométallurgie, basée sur des solutions de lixiviation contenant des oxydants ou des acides pour extraire des métaux, traditionnellement utilisée dans l’industrie minière pour le traitement du minerai, est également une voie prometteuse pour la récupération de métaux à partir des DEEE (tels que les métaux du groupe du Pt, Au, Ag, Cu). En outre, en choisissant soigneusement les lixiviants, il est possible d’obtenir un procédé sélectif maximisant la récupération des métaux précieux tout en minimisant l’extraction des éléments accessoires. Néanmoins, les procédés hydrométallurgiques peuvent générer de grands volumes d’effluents polluants tels que les cyanures ou l’acide sulfurique.
Pour résoudre ce problème, des procédés respectueux de l’environnement sont nécessaires pour traiter les DEEE. Ils peuvent reposer sur des lixiviants plus écologiques (acide formique ou persulfate de potassium) ou des méthodes de biolixiviation basées sur des micro-organismes éventuellement associés à des chélatants. Une approche récemment investiguée propose une autre voie pour réduire les quantités de réactifs et d’effluents en développant des mousses aqueuses de lixiviation. Les mousses consistent en un assemblage de bulles stabilisées par des molécules tensioactives, et contiennent au minimum 75 % de phase gazeuse. Elles sont déjà utilisées dans différents procédés, pour le traitement des eaux usées ou pour la flottation des minerais, car elles ont la capacité de concentrer les particules, les ions, et certaines molécules comme les protéines. Le rapport gaz/liquide élevé permet de viser une réduction du volume de liquide de 75 à 99 % par rapport à des procédés basés sur des solutions, conduisant à des gains substantiels en termes de volume de réactifs et d’effluents. Par ailleurs, le tensioactif peut associer d’autres fonctions, comme celle de ligand pour améliorer la sélectivité de l’extraction. La phase gazeuse peut également être contrôlée pour ajuster son potentiel oxydant, en utilisant des pressions partielles d’oxygène différentes, ou de l’ozone.
L’étude présentée dans cet article illustre une preuve de ce concept, en dissolvant du cuivre métallique par une mousse constituée d’air, d’acide chlorhydrique diluée et de tensioactifs non ioniques de type alkyl polyoxyéthylène éther. L’oxygène de l’air présent dans les bulles réagit très rapidement avec le cuivre métallique pour le dissoudre en présence d’acide non oxydant, contrairement aux expériences témoin réalisées sans mousse. L’utilisation d’un tensioactif anionique jouant le rôle de ligand des ions cuivriques promeut ce phénomène.
Ces résultats ouvriraient la voie à des procédés plus respectueux de l’environnement, en permettant de traiter les volumes importants de déchets électroniques générés annuellement et actuellement sous-valorisés.
Le lecteur trouvera en fin d’article un glossaire des termes utilisés.
Domaine : hydrométallurgie
Degré de diffusion de la technologie : émergence
Technologies impliquées : dissolution acide, fabrication de mousses, analyses élémentaires
Domaines d’application : lixiviation de métaux
Contact : [email protected], [email protected]
MOTS-CLÉS
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2. Preuve de concept sur un échantillon de cuivre métallique
2.1 Dissolution du cuivre en milieu acide
Le cuivre est présent dans les DEEE sous forme métallique, ce qui le différencie des minerais correspondants où cet élément est sous forme oxydé. Les méthodes de lixiviation utilisées dans l’industrie minière ne peuvent donc pas être simplement transposées. L’extraction du cuivre des DEEE est un sujet de recherche récent, mais qui a fait l’objet de nombreuses études. Plusieurs approches ont été investiguées, notamment pour développer des procédés en rupture par rapport aux technologies existantes. Dans le cas de l’utilisation de mousses, il s’agira de s’appuyer sur les phénomènes propres à la lixiviation en phase aqueuse, mais dont l’effet sera amplifié par la présence de bulles. La première étape est donc d’aborder le seul aspect de la réactivité des solutions d’après les études publiées jusqu’alors.
HAUT DE PAGE2.1.1 Composition des solutions utilisées et réactions chimiques associées
Quelle que soit la composition de la solution, le principe repose sur l’oxydation du cuivre métallique en cuivre (II), dans un milieu où ce dernier est soluble. Il est donc nécessaire d’associer un oxydant à des conditions de pH ou à la présence de ligand garantissant la solubilité des espèces cuivriques. C’est le cas d’un milieu suffisamment acide, ou d’un milieu neutre à basique en présence d’un ligand. Dans ces deux cas, la précipitation d’hydroxyde cuivrique est ainsi évitée.
Les diagrammes de Pourbaix (ou potentiel-pH) sont un outil efficace pour illustrer ces phénomènes, et optimiser la composition des solutions de lixiviation. Un exemple de calcul utilisant le logiciel Medusa est présenté sur la figure 5. Il faut noter que l’effet de la force ionique sur l’activité n’a pas été pris en compte, et la précipitation de CuO a été bloquée pour représenter plus fidèlement les observations expérimentales (Cu(OH)2 précipite généralement, suivi d’une possible déshydratation en CuO sur le long terme, selon les conditions de vieillissement). Dans le cas des figures ...
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - CIACCI (L.), VASSURA (I.), PASSARINI (F.) - Urban Mines of Copper: Size and Potential for Recycling in the EU, - Resources, vol. 6, p. 6 (2017).
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(4) - TRINH (P.), MIKHAILOVSKAYA (A.), ZHANG (M.), PERRIN (P.), PANTOUSTIER (N.L.G.), MONTEUX (C.) - Leaching foams: toward a more environmentally-friendly process for the recovery of critical metals from electronic wastes, - ACS Sustainable Chemistry & Engineering, vol. 9, pp. 14022-14028 (2021).
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(5) - FOURNEL (B.), FAURE (S.), POUVREAU (J.), DAME (C.), POULAIN (S.) - Decontamination using foams: a brief...
DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
ANNEXES
Laboratoires – Bureaux d’études – Écoles – Centres de recherche (liste non exhaustive)
Bureau des ressources géologiques et minières (BRGM) http://www.brgm.fr/fr
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