Présentation
EnglishRÉSUMÉ
Depuis les années 1960, l’usage des longs rails soudés dans les lignes à grandes vitesse se généralise. Dans le but d’assurer la sécurité vis-à-vis du passage d’un train sur les ponts munis de longs rails soudés et sur la possibilité d’éliminer le besoin d’appareils de dilatation, une analyse des phénomènes de flambement des rails et de l’interaction rail-structure doit être réalisée. Cet article présente les modèles analytiques et éléments finis pouvant simuler le comportement des voies développés en accord avec les recommandations des normes EN 1991-2, UIC 720 et UIC 774-3R. Les aspects particuliers à ces études, ainsi que ceux concernant la modélisation des ouvrages hors du domaine d’applicabilité de l’Eurocode sont exposés.
Lire cet article issu d'une ressource documentaire complète, actualisée et validée par des comités scientifiques.
Lire l’articleAuteur(s)
-
Chadi EL BOUSTANI : Ingénieur d’études - Setec TPI, Paris, France
INTRODUCTION
Avec la mise au point, depuis les années 1960, des nouvelles techniques de soudage performantes sur chantier et des nouvelles attaches garantissant un serrage efficace, l’utilisation des longs rails soudés (LRS) se généralise, tout particulièrement dans les lignes à grande vitesse (LGV).
Les longs rails soudés sont constitués d’une multitude de rails de longueur normale, conditionnés par les techniques de fabrication et de transport, soudés entre eux sur place et formant ainsi une seule unité continue. La distinction entre longs rails soudés et les rails en barres normales est alors très nette : la longueur des rails normaux en France ne dépasse pas les 36 mètres tandis que celle des longs rails soudés peut s’étendre sur plusieurs centaines de mètres, voire des kilomètres.
Cette technique offre de nombreux avantages, notamment une amélioration de la qualité de trajet, une usure moins marquée des rails et surtout un coût de maintenance extrêmement réduit du fait de l’élimination des appareils de dilatation des rails qui comptent parmi les plus onéreux. Les longs rails soudés ont également permis l’augmentation de la vitesse des trains qui ne dépassait pas les 160 km/h pour les circulations voyageurs au début des années 1960. Les longs rails soudés permettent également de réduire les discontinuités dans la voie et par conséquent d’éliminer les chocs au passages des roues. Cela améliore la tenue des organes de roulement du train d’une part et réduit l’inconfort ressenti par les passagers d’autre part. Les longs rails soudés assurent également une meilleure tenue vis-à-vis des vibrations et surtout une réduction du bruit au passage du train.
La stabilité de tels systèmes s’étendant sur des longueurs très importantes constitue le cœur même de leur étude. La résistance au flambement suite aux dilatations thermiques et efforts longitudinaux constitue le point principal de l’étude des longs rails soudés. Une déformation latérale non contrôlée pourrait être la cause de déraillements catastrophiques comme par exemple l’accident de Velars-sur-Ouche survenu le 23 juillet 1962. Le train roulait à près de 140 km/h sous une chaleur torride ce qui aurait provoqué la déformation des rails et par conséquence le déraillement de cinq voitures dont une finira par s’écraser à cinquante mètres plus bas, au fond de la combe de Fain. Les effets thermiques dans les longs rails soudés sont tellement contrariants qu’on parle parfois de flambement thermique des rails. Les déformations survenues lors de la canicule de 2003 (36 au total) furent tellement importantes que la SNCF a revu ses marges de sécurité et a désormais introduit une « marge de sécurité liée à la canicule 2003 ».
La présence d’un ouvrage d’art n’est certainement pas sans impact sur le comportement des longs rails soudés. Comme le note bien le paragraphe 6.5.4 de la norme EN 1992-2/NA décrivant la réponse combinée du système voie-ouvrage aux actions variables : « Lorsque les rails sont continus au droit de discontinuités de l’appui de la voie (transition pont-remblai, etc.) la structure du pont et la voie résistent conjointement aux actions longitudinales dues à l’accélération et au freinage. Les actions longitudinales sont transmises en partie par les rails au remblai derrière la culée et en partie à l’ouvrage et donc aux appareils d’appui et aux appuis jusqu’aux fondations. » C’est ainsi que l’interaction rail-structure (IRS) constitue un élément essentiel lors de l’étude des tracés ferroviaires.
Les normes EN 1991-2, UIC 774-3R et UIC 720 sont les normes de référence pour tous ces sujets, et spécifiquement la norme UIC 774-3R qui, elle, est destinée à l’étude de l’interaction rail-structure et liste les recommandations que devront suivre les ingénieurs afin de trancher vis-à-vis de la sécurité des longs rails soudés. Cependant, tous ces textes affirment la nécessité de telles études et énoncent les grandes lignes sans pour autant clairement expliquer les enjeux et les détails. Les modèles d’études deviennent rapidement très complexes et les paramètres entrant en jeu se démultiplient. Cet article vise à dresser un panorama général des théories, des pratiques et des méthodes de résolutions des problèmes liés aux longs rails soudés et l’interaction rail-structure. Nous essayerons d’éclaircir certains points majeurs stipulés par les normes précitées notamment liés aux modèles de calcul par éléments finis de l’interaction rail-structure et de fournir un état de l’art des méthodes et des théories existantes traitant de ces problématiques.
DOI (Digital Object Identifier)
Cet article fait partie de l’offre
Systèmes ferroviaires
(56 articles en ce moment)
Cette offre vous donne accès à :
Une base complète d’articles
Actualisée et enrichie d’articles validés par nos comités scientifiques
Des services
Un ensemble d'outils exclusifs en complément des ressources
Un Parcours Pratique
Opérationnel et didactique, pour garantir l'acquisition des compétences transverses
Doc & Quiz
Des articles interactifs avec des quiz, pour une lecture constructive
Présentation
2. Stabilité transversale des LRS
La forme la plus commune d’instabilité transversale des LRS est l’apparition de défauts d’alignement transversaux importants pouvant atteindre 1 m et s’étendre sur 25 m (figure 11). Ce phénomène constitue le flambement horizontal des rails. Le flambement vertical, c’est-à-dire une déformation verticale importante des rails, existe mais survient plus rarement. Plusieurs paramètres entrent en jeu et seront exposés dans la section 3, nous retenons ici les principales causes : des efforts de compression importants, un défaut d’alignement initial bien marqué, des conditions médiocres de résistance de la voie ainsi que des charges induites par les véhicules.
Toute variation au-delà ou au-dessous d’une certaine température dite « température neutre » à laquelle les efforts dans les rails sont nuls engendrera des forces axiales dans le rail dues aux déplacements contrariés de ce dernier en raison des attaches, traverses et ballast. Des forces axiales peuvent également apparaître suite à un freinage ou au démarrage d’un train. Effectivement, une augmentation de la température au-delà de la température neutre créera des forces de compression et, selon les conditions, un flambement des rails ; alors qu’une diminution de la température créera des forces de traction dans les rails qui pourront être la cause de fissures dans les rails et de ruptures fragiles en conditions extrêmes. Ce type d’instabilité par traction nommé « rail pull apart » en anglais n’est cependant pas soudain. Une fissure apparaîtra et se propagera graduellement jusqu’à la rupture. De ce fait, elle pourra être détectée lors des travaux de maintenance des voies et réparée. Ainsi, c’est le flambement qui constitue le risque le plus important. C’est pour cette raison qu’il est recommandé de garder une température neutre élevée du rail afin de limiter au plus les surcontraintres de compression dues à un réchauffement. Le fait de considérer la voie sans les chargements verticaux dues au passages des trains a donné la dénomination « flambement statique » ou « flambement thermique » à ce type de phénomènes.
Il est commun de confondre la température neutre avec la température de pose des rails. Bien que la température de pose serait une bonne approximation...
TEST DE VALIDATION ET CERTIFICATION CerT.I. :
Cet article vous permet de préparer une certification CerT.I.
Le test de validation des connaissances pour obtenir cette certification de Techniques de l’Ingénieur est disponible dans le module CerT.I.
de Techniques de l’Ingénieur ! Acheter le module
Cet article fait partie de l’offre
Systèmes ferroviaires
(56 articles en ce moment)
Cette offre vous donne accès à :
Une base complète d’articles
Actualisée et enrichie d’articles validés par nos comités scientifiques
Des services
Un ensemble d'outils exclusifs en complément des ressources
Un Parcours Pratique
Opérationnel et didactique, pour garantir l'acquisition des compétences transverses
Doc & Quiz
Des articles interactifs avec des quiz, pour une lecture constructive
Stabilité transversale des LRS
BIBLIOGRAPHIE
-
(1) - CHOI (D.H.), NA (H.S.) - Parametric study of thermal stability on continuous welded rail. - In : International Journal of Railway (2010).
-
(2) - ESVELD (C.) - Modern railway track. - MRT-Productions (2001).
-
(3) - FORTIN (J.P.) - Interaction voie en longs rails soudés (LRS) – Ouvrages d’art dilatables. - In : Revue générale des chemins de fer (1998).
-
(4) - FORTIN (J.P.) - Théorie simplifiée des longs rails soudés (LRS) – Voies non chargées. - In : Revue générale des chemins de fer (1999).
-
(5) - KERR (A.) - Analysis of thermal buckling in the lateral plane. - In : Acta Mechanica (1978).
-
(6) - KISH (A.), SAMAVEDAM (G.) - Dynamic buckling of continuous...
NORMES
-
Eurocode 1 – Actions sur les structures. Partie 2 : Actions sur les ponts, dues au trafic. - NF EN 1991-2/NA - Mar. 2008
-
Pose et maintenance de la voie en longs rails soudés. - UIC 720 - Mar. 2005
-
Interaction voie/ouvrages d’art. Recommandations pour les calculs. - UIC 774-3R - Déc. 2000
Cet article fait partie de l’offre
Systèmes ferroviaires
(56 articles en ce moment)
Cette offre vous donne accès à :
Une base complète d’articles
Actualisée et enrichie d’articles validés par nos comités scientifiques
Des services
Un ensemble d'outils exclusifs en complément des ressources
Un Parcours Pratique
Opérationnel et didactique, pour garantir l'acquisition des compétences transverses
Doc & Quiz
Des articles interactifs avec des quiz, pour une lecture constructive
QUIZ ET TEST DE VALIDATION PRÉSENTS DANS CET ARTICLE
1/ Quiz d'entraînement
Entraînez vous autant que vous le voulez avec les quiz d'entraînement.
2/ Test de validation
Lorsque vous êtes prêt, vous passez le test de validation. Vous avez deux passages possibles dans un laps de temps de 30 jours.
Entre les deux essais, vous pouvez consulter l’article et réutiliser les quiz d'entraînement pour progresser. L’attestation vous est délivrée pour un score minimum de 70 %.
Cet article fait partie de l’offre
Systèmes ferroviaires
(56 articles en ce moment)
Cette offre vous donne accès à :
Une base complète d’articles
Actualisée et enrichie d’articles validés par nos comités scientifiques
Des services
Un ensemble d'outils exclusifs en complément des ressources
Un Parcours Pratique
Opérationnel et didactique, pour garantir l'acquisition des compétences transverses
Doc & Quiz
Des articles interactifs avec des quiz, pour une lecture constructive