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Yves MORTUREUX : Ingénieur civil des Ponts et Chaussées - Expert Sûreté de Fonctionnement à la Direction déléguée Système d’exploitation et sécurité à la SNCF - Vice-Président de l’Institut de Sûreté de Fonctionnement
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Lire l’articleINTRODUCTION
Dans l’industrie, on parle de plus en plus de sûreté de fonctionnement. Cette discipline, qui a acquis ce nom et sa forme actuelle principalement au cours du dernier demi-siècle et dans les secteurs de la défense, de l’aéronautique, de l’espace, du nucléaire, puis des télécommunications et des transports, serait désormais utile, voire indispensable, à tous les secteurs de l’industrie et même d’autres activités.
De quoi s’agit il ? La sûreté de fonctionnement est une riche palette de méthodes et de concepts au service de la maîtrise des risques.
La sûreté de fonctionnement n’est pas un but en soi, mais un moyen ou un ensemble de moyens : des démarches, des méthodes, des outils et un vocabulaire. Le but qui impose le recours à la sûreté de fonctionnement est plus reconnaissable sous le terme de « maîtrise des risques ».
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Comme il est habituel avec ce type de mots ou d’expressions, « sûreté de fonctionnement » désigne à la fois un ensemble de moyens et un ensemble de résultats produits par ces moyens :
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une forme d’esprit particulière dans la considération portée aux systèmes (en particulier industriels, mais rien ne justifie de se limiter à l’industrie) ; des démarches, méthodes et outils propres à connaître, caractériser et maîtriser les effets des aléas, des pannes, des erreurs... ;
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des caractéristiques des systèmes (produits, services, systèmes de production, installations, etc.), exprimant la conformité dans le temps (constance, fréquence de la conformité) de leurs comportements et actions avec des attentes plus ou moins explicites (on note la proximité de ces notions avec la qualité) : sécurité, fiabilité, disponibilité, maintenabilité, voire invulnérabilité, capabilité, coût global de possession, survivabilité...
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Par extension, on parle de la « sûreté de fonctionnement d’un système » comme la caractéristique de ce système qui permet de placer en lui une confiance justifiée. C’est d’une simplicité séduisante et trompeuse. La confiance dépend de ce à quoi on accorde de l’importance (innocuité, productivité, qualité... ?) et des valeurs relatives de ces caractéristiques ; elle repose sur un ensemble de démarches et s’exprime par un ensemble de caractéristiques, en particulier des disponibilités et de la sécurité. C’est un atout majeur du concept de sûreté de fonctionnement de réunir des approches motivées par la fiabilité, la disponibilité, la maintenabilité et la sécurité, mais c’est un piège de vouloir réduire à une valeur (qui s’appellerait la sûreté de fonctionnement du système) le résultat de ces démarches.
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Les caractéristiques pertinentes pour exprimer les fondements de la confiance que l’on place et que l’on veut transmettre dans son système prennent des formes (des noms et des définitions) propres au système dont il s’agit, aux cultures des acteurs concernés et à leurs vocabulaires. Fondamentalement, il s’agit toujours de disponibilité et de sécurité fondées sur des fiabilités et des maintenabilités élémentaires, mais le foisonnement des vocabulaires en usage dans les différentes branches de l’industrie (et encore plus si on élargit au-delà du monde industriel) prouve que chacun a besoin de notions propres adaptées à son contexte.
Par contre, les démarches et méthodes, même cachées sous des noms divers et variés, s’avèrent universelles. Plutôt que les caractéristiques, ce sont les méthodes qui seront au cœur de ce premier article. En matière de sûreté de fonctionnement (et pas seulement là), il nous paraît infiniment plus important de comprendre une démarche et un raisonnement, quitte à réinventer le vocabulaire en l’appliquant, que d’apprendre des définitions et des règles, d’utiliser des outils en se laissant guider par eux. Cette dernière pratique, très répandue, conduit malheureusement assez souvent à des conclusions gravement erronées.
La sûreté de fonctionnement n’est que du bon sens organisé et systématisé. S’en éloigner en se laissant conduire par une recette ou une méthode à l’encontre du bon sens est, à coup sûr, s’exposer aux pires dangers d’erreurs graves.
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Maîtriser les risques est une attitude naturelle que chacun pratique ; mettre en œuvre la sûreté de fonctionnement, c’est professionnaliser cette attitude, la systématiser, l’optimiser, l’expliciter. Concrètement, cela peut se limiter à un état d’esprit spécifique, à quelques questions que l’on se pose systématiquement ; cela peut aussi, à l’inverse, mobiliser des équipes hautement spécialisées en calcul de probabilités, essais, modélisations, analyses, recueil et traitement de données... À chacun son activité, son besoin, ses enjeux, à chacun sa sûreté de fonctionnement, mais le principe en est toujours le même.
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6. Fiabilités électronique, mécanique, logicielle, humaine...
Les différentes sciences sollicitées par la SdF apportent des modèles très différents.
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Le très grand nombre de composants électroniques « identiques » mis sur le marché (et le nombre élevé de défaillances) a permis de représenter leur fiabilité par une excellente approximation probabiliste grâce à la « loi des grands nombres ». Il faut être conscient que cette approche probabiliste est pertinente en raison de cette « loi des grands nombres » et non parce qu’elle traduirait les lois de la physique. C’est la même raison qui la fait utiliser à propos d’autres types de composants ; la pertinence de la loi des grands nombres est alors à réexaminer. Il n’est que trop courant d’ignorer cette base et donc de s’appuyer plus ou moins inconsciemment sur la loi des grands nombres à tort.
De même l’approximation si pratique du taux de défaillance constant est elle assez juste pour nombre de composants électroniques pendant la maturité de leur vie, mais c’est une hypothèse qui est souvent adoptée par défaut alors qu’elle est indéfendable.
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En mécanique, les phénomènes d’usure sont souvent prépondérants, donc les taux de défaillance, quand ils sont un sens, ne sont guère constants.
La mécanique déterministe consiste à évaluer si la soustraction [résistance-contrainte] est positive. La mécanique probabiliste consiste à évaluer la probabilité que la résistance soit supérieure à la contrainte, l’une et l’autre pouvant être représentées par des lois de probabilité, pas toujours indépendantes. La grande majorité des systèmes mécaniques résolvent le problème par un surdimen-sionnement : des « coefficients de sécurité », parfois fixés par les règlements, normes ou règles de l’art, imposent un dimensionnement propre à résister au pire cas ou, quand celui-ci est potentiellement infini, à une contrainte dont le dépassement est statistiquement peu probable (crues, vents, tremblements de terre décennaux, séculaires ou millénaires, etc.).
Toutefois, dans certains domaines (le spatial étant le cas extrême), il est essentiel de réduire la masse ou la quantité de matière au plus strict nécessaire et ces méthodes sophistiquées permettent d’associer...
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - LEROY (A.), SIGNORET (J.-P.) - Le risque technologique - , PUF Que sais-je ? no 2 669, 1992.
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(2) - VILLEMEUR (A.) - Sûreté de fonctionnement des systèmes industriels - . Éd. Eyrolles, Collection de la Direction des Études et Recherches d’Électricité de France, no 67, éd. 1997.
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(3) - Ouvrage collectif ISdF - L’état de l’art dans le domaine de la fiabilité humaine - . Éd. Octarès. 1994.
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(4) - * - Rapport Les APR appliquées aux transports terrestres guidés.
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(5) - * - Plaquette AMDEC.
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(6) - MORTUREUX (Y.) - La sûreté de fonctionnement : démarches pour maîtriser les risques - . CD-Rom Sécurité/Prévention des risques, SE 1 020 (à paraître en 2002).
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