Présentation
EnglishRÉSUMÉ
La découverte de l'alliage de fer à 36 % de nickel, dit Invar®, a répondu à de nombreuses attentes, notamment celle des métrologues. En effet, le nom d'Invar lui a été donné à cause de son très faible coefficient de dilatation linéique sur une assez large plage de température, ce qui lui confère une invariance dimensionnelle. Depuis sa découverte, de nombreux travaux ont été effectués en physique du solide pour tenter de comprendre cette anomalie dilatométrique, dont sont pourvus également les alliages de compositions voisines à 30 % de nickel. Ces études ont montré, s'il en était besoin, le lien étroit qui existe entre cette science et la métallurgie. Elles ont permis la naissance de matériaux apparentés à l’invar, possédant des propriétés bien ciblées et pouvant prétendre à de nombreuses applications.
Lire cet article issu d'une ressource documentaire complète, actualisée et validée par des comités scientifiques.
Lire l’articleAuteur(s)
-
Gérard BÉRANGER : Professeur émérite, Université de technologie de Compiègne (UTC)
-
Jean-François TIERS : Conseiller scientifique, ArcelorMittal Stainless & Nickel Alloys
-
François DUFFAUT : Ancien directeur R&D d'Imphy SA
INTRODUCTION
Dans la nature, aussi bien que dans les réalisations faites par l'homme, on constate que les matériaux, qu'il s'agisse des roches, verres, bois, bétons, eau, matières plastiques, métaux et alliages, etc., ont, sous l'effet de variations thermiques liées soit au climat, soit au fonctionnement des installations, une propension à changer de longueur ; ainsi, ils se dilatent si la température augmente ou se contractent si elle diminue. Un exemple remarquable est le mercure dont la dilatation thermique élevée (0,18 10–3/ oC) a permis la fabrication des premiers thermomètres. Dans les matériaux solides, ces variations dimensionnelles provoquent des déformations temporaires, voire définitives, qui peuvent avoir des conséquences fâcheuses. Dans certains cas, on pallie ces conséquences à l'aide de joints ou de soufflets de dilatation, suivant les secteurs considérés. De même que les chercheurs sont en quête de matériaux non-corrodables (dans un milieu donné), ils ont depuis longtemps souhaité mettre au point des matériaux non dilatables (au moins sur une certaine plage de température). Cet objectif a pris toute son importance en métrologie quand il a fallu disposer d'étalons de longueur et, en particulier, d'étalons secondaires. La découverte de l'alliage de fer à 36 % de nickel, dit Invar®, a permis de répondre à cet objectif. Ce nom d'Invar lui a été donné à cause de son très faible coefficient de dilatation linéique sur une assez large plage de température, ce qui lui confère une invariance dimensionnelle.
Le nom d'Invar évoque une belle histoire métallurgique ; dans cette appellation sont confondus l'alliage Fe-Ni 36 et l'effet physique qui confère à l'alliage sa stabilité dimensionnelle. En fait, la découverte de l'Invar, due au hasard selon certains historiens des sciences, n'aurait pas été possible sans le travail persévérant et rigoureux d'un physicien et métrologue, Charles-Édouard Guillaume, qui a su associer, de façon harmonieuse et complémentaire science et industrie (cf. Aperçu historique, § 1). En effet si, selon Pierre Chevenard, « il serait vain de méconnaître le rôle du hasard, ce grand pourvoyeur des inventions », il fallait ensuite assurer le développement fécond de cette découverte de l'Invar. La mise en évidence du coefficient de dilatation très faible (voisin de 10–6/ oC à 20 oC) permettait de réaliser le rêve de tout métrologue : l'obtention d'un étalon de mesure de longueur à un prix bien moindre que celui de l'étalon en platine à 10 % d'iridium. Si ce dernier était convenable pour l'obtention du mètre-étalon de longueur, dit primaire, il ne pouvait convenir pour celle d'étalons secondaires à fabriquer en grand nombre.
Après le hasard, il fallait donc laisser place à l'étude pour comprendre la physique qui était derrière cette anomalie dilatométrique de l'alliage Invar ou d'alliages de compositions voisines à 30 % de nickel. L'idée était de donner une solution à un problème donné, à savoir l'invariance dimensionnelle, en s'appuyant, selon E. Lambret (cf. [Doc. N 2 750]), sur « les éléments que l'on a amassé lors des recherches antérieures, ce qui implique de bâtir des connaissances de plus en plus riches et précises ». Cette méthodologie, qui vise à répondre à une demande claire du client, est à l'origine de l'essor, grâce à Pierre Chevenard, de la métallurgie dite de précision, expression souvent utilisée pour l'Invar et ses alliages apparentés, métallurgie qui a été et est encore l'apanage de la Société Imphy (sous ses différents vocables).
L'effet Invar : le comprendre pour le maîtriser, tel était l'objectif. Depuis la découverte en 1896 faite par Charles-Édouard Guillaume, de nombreux travaux ont été effectués en physique du solide, ce qui a montré, s'il en était besoin, le lien étroit qui existe entre cette science et la métallurgie ; cette dernière vise à préparer de façon éclairée et contrôlée des alliages dotés d'un ensemble de propriétés physiques, mécaniques et chimiques, ce qui oblige en pratique à procéder à des ajustements, voire parfois de recourir à une démarche d'optimisation. Il est intéressant de remarquer que l'alliage Invar a, dans cet esprit, donné naissance à des matériaux apparentés aux propriétés bien ciblées et donc à de nombreux secteurs d'applications. C'est en plaçant la recherche au cœur de l'industrie qu'une telle richesse a pu s'exprimer et porter tous ses fruits.
Parler de l'Invar c'est une occasion de rendre hommage à de grands métallurgistes et en particulier ici à ceux qui ont été les premiers promoteurs de la métallurgie des alliages de fer et de nickel comme Charles-Édouard Guillaume et Pierre Chevenard, déjà cités, et Henri Fayol. L'héritage métallurgique qu'ils ont transmis à leurs successeurs a été non seulement respecté mais aussi développé puisque d'autres alliages ont été mis au point avec succès en élargissant le champ des applications avec un dynamisme industriel qui se poursuit.
DOI (Digital Object Identifier)
CET ARTICLE SE TROUVE ÉGALEMENT DANS :
Accueil > Ressources documentaires > Matériaux > Matériaux fonctionnels - Matériaux biosourcés > Matériaux à propriétés mécaniques > Invar - Famille d'alliages fonctionnels > Quelques exemples d'application de l'Invar
Accueil > Ressources documentaires > Matériaux > Étude et propriétés des métaux > Matériaux métalliques avancés > Invar - Famille d'alliages fonctionnels > Quelques exemples d'application de l'Invar
Cet article fait partie de l’offre
Métier : responsable bureau d’étude/conception
(372 articles en ce moment)
Cette offre vous donne accès à :
Une base complète d’articles
Actualisée et enrichie d’articles validés par nos comités scientifiques
Des services
Un ensemble d'outils exclusifs en complément des ressources
Un Parcours Pratique
Opérationnel et didactique, pour garantir l'acquisition des compétences transverses
Doc & Quiz
Des articles interactifs avec des quiz, pour une lecture constructive
Présentation
3. Quelques exemples d'application de l'Invar
Ce chapitre ne vise pas à être exhaustif tant sont nombreuses les applications mettant en jeu l'Invar ou ses dérivés proches. Les quelques exemples en sont choisis dans l'optique d'illustrer les caractéristiques majeures réclamées par chaque cas, depuis la dilatation thermique, bien sûr, qui à elle seule motive très généralement le choix de l'alliage, mais aussi les propriétés annexes souvent indispensables, soit dans le dispositif fini (propriétés d'usage), soit dans les processus de transformation ou de fabrication (propriétés intermédiaires) de ce dernier.
Ainsi, au fil de ces exemples, une grande partie des propriétés de cet alliage surprenant sera passée en revue.
Nota : ne seront pas traitées les applications des « super Invar » dans lesquels 3 à 6 % de nickel sont substitués à part à peu prés égale par du cobalt et qui permettent d'atteindre des coefficients de dilatation voisins de zéro, les quantités produites étant faibles et réservées à des applications très particulières.
Dans tout ce paragraphe, le coefficient de dilatation est exprimé en 10–6 K–1 et les compositions chimiques sont données en pourcentage ou parties par million (ppm) de masse.
3.1 Bilames thermostatiques
Les bilames thermostatiques sont des matériaux composites constitués d'au moins deux constituants ayant des coefficients de dilatation thermiques différents et assujettis l'un à l'autre. Ainsi, sous l'effet d'une variation de température, le bilame se courbe (figure 5). Ce comportement, appelé « déflexion », est évidemment d'autant plus marqué que la différence entre les coefficients de dilatation des deux constituants est grande, mais ce n'est pas le seul paramètre. La géométrie (épaisseur, rapport des épaisseurs des constituants, longueur du bilame), ainsi que les propriétés mécaniques de chacun des constituants jouent également un rôle essentiel.
On trouve les bilames dans un très grand nombre de dispositifs domestiques ou industriels, allant...
Cet article fait partie de l’offre
Métier : responsable bureau d’étude/conception
(372 articles en ce moment)
Cette offre vous donne accès à :
Une base complète d’articles
Actualisée et enrichie d’articles validés par nos comités scientifiques
Des services
Un ensemble d'outils exclusifs en complément des ressources
Un Parcours Pratique
Opérationnel et didactique, pour garantir l'acquisition des compétences transverses
Doc & Quiz
Des articles interactifs avec des quiz, pour une lecture constructive
Quelques exemples d'application de l'Invar
BIBLIOGRAPHIE
-
(1) - BÉRANGER (G.), DUFFAUT (F.), MORLET (J.), TIERS (J.F.) - Les alliages de fer et de nickel. - Lavoisier, Tec. & Doc. (1996).
-
(2) - BÉRANGER (G.), HENRI (G.), LABBÉ (G.), SOULIGNAC (P.) - Les aciers spéciaux. - Lavoisier, Tec. & Doc. (1997).
-
(3) - BAÏLON (J.P.), DORLOT (J.M.) - Des matériaux. - Presses internationales Polytechnique (2000).
-
(4) - BÉRANGER (G.), DUFFAUT (F.), MORLET (J.), TIERS (J.F.) - Les alliages de fer et de nickel. - Lavoisier, Tec. & Doc. (1996).
-
(5) - LAMBRET (E.), SAINDRENAN (G.) - Cent ans d'Invar. - Isitem (1995).
-
(6) - TROSTEL (H.), TIERS (J.F.) - Les bilames thermostatiques. - « Cent ans après la découverte de l'Invar, les alliages de fer et de nickel », Éditions Lavoisier, p. 378-398 (1996).
- ...
ANNEXES
1.1 Principaux élaborateurs français d'Invar et d'alliages Fe-Ni
ArcelorMittal Stainless et Nickel Alloys : feuillards laminés à froid, demi-produits, fils, barres, bilames thermostatiques et centre de service http://www.arcelormittal.com/stainlessandnickelalloys/
ArcelorMittal Industeel : tôles http://www.arcelormittal.com http://www.industeel.info
HAUT DE PAGE1.2 Principaux élaborateurs français de superalliages
http://www.arcelormittal.com/stainlessandnickelalloys/
HAUT DE PAGECet article fait partie de l’offre
Métier : responsable bureau d’étude/conception
(372 articles en ce moment)
Cette offre vous donne accès à :
Une base complète d’articles
Actualisée et enrichie d’articles validés par nos comités scientifiques
Des services
Un ensemble d'outils exclusifs en complément des ressources
Un Parcours Pratique
Opérationnel et didactique, pour garantir l'acquisition des compétences transverses
Doc & Quiz
Des articles interactifs avec des quiz, pour une lecture constructive