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EnglishRÉSUMÉ
L'émergence du concept d'e-management au début du XXIe siècle conduit à une relecture critique de la fonction managériale pour l'adapter aux nécessités de l'entreprise numérique et de sa stratégie d'e-transformation. Après un rappel des premières réflexions sur le sujet dans son introduction, l'article analyse d'abord les caractéristiques d'actualité du rôle du manager à travers ses missions et tâches essentielles. Dans la deuxième partie, une étude de cas présente un exemple d'accompagnement managérial de la transformation numérique au sein d'une entreprise à vocation internationale. La troisième partie propose un métamodèle, grille de lecture des interactions entre e-management et e-transformation dans la maturation de l'entreprise numérique.
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Michel GERMAIN : Fondateur et associé d'Arctus - Docteur es Lettres – Ex-Professeur des universités associé au Celsa (université Paris Sorbonne), Neuilly-sur-Seine France
INTRODUCTION
Que recouvre le vocable d'e-management et a-t-il aujourd'hui encore une pertinence ? Il convient de s'interroger sur la raison pour laquelle cette notion semble être en quelque sorte une spécificité française, sans bénéficier – outre-Atlantique voire même dans les pays voisins de l'Hexagone – d'une égale attention. Cela tient sans doute à la nature différente des modalités du management anglo-saxon. Les managers nord-américains ont, semble-t-il, une attitude légitimiste dans l'adoption des évolutions technologiques, dont ils s'emparent et qu'ils intègrent à leurs pratiques de façon plus spontanée et rationnelle. Par contraste, les managers français ont paru plus réservé, dans un premier temps, sur la compréhension de l'ampleur des mutations en cours, même si depuis lors leur position a changé, sous la pression notamment de la concurrence et du grand appel d'air de la mondialisation.
Apparu en France au début des années 2000, le concept d'e-management émerge pour la première fois dans les travaux menés par une équipe de chercheurs (Bellier Sandra, Isaac Henri, Josserand Emmanuel, Kalika Michel et Leroy Isabelle) de l'Université Paris Dauphine, dans le cadre de l'Observatoire de l'e-management né d'une collaboration entre la Cegos et cette université. Professeur des universités, fondateur du DEA « e-management : concepts et méthodes », Michel Kalika publie le 16 avril 2000 dans le n° 129 de la Revue française de gestion l'article intitulé « Le management est mort, vive le e-management ». Dès les premières lignes de ce texte, il déclare : « Tous les secteurs, tous les métiers, toutes les fonctions de l'entreprise ont été, sont ou seront bouleversés par Internet » avant de donner de l'e-management la définition suivante : « L'e-management peut se définir par l'intégration dans l'ensemble des processus de management, c'est-à-dire, la finalisation, l'organisation, l'animation, le contrôle, des impacts et opportunités des nouvelles technologies de l'information et de la communication ». À cette époque, il en donnait pour champ d'application l'e-business (reflet des préoccupations de l'heure), soulevant également la question des implications organisationnelles de cette mutation que ce soit en matière de structure, de gestion des ressources humaines et de fonctionnement global de l'entreprise.
Henri Isaac et Isabelle Leroy rappelaient pour leur part dans « Le e-management : vers l'entreprise numérique » que : « L'émergence du terme e-management a suscité de nombreuses interrogations : notion floue, terme à la mode, aucune réalité tangible. Ce scepticisme s'alimente également d'une autre critique : l'informatisation de la gestion n'est pas récente et Internet n'est qu'une accélération de l'informatisation des entreprises. En d'autres termes les nouvelles technologies de l'information ne modifient pas outre mesure les processus de création de valeur et a fortiori ne modifient pas les compétences individuelles des salariés ». Par ce constat de bon sens, ils rappellent, pour cadrer le sujet, que le management résulte de la conjonction de quatre processus distincts (finalisation des objectifs, organisation, animation des hommes, contrôle) dans l'extension de l'entreprise étendue. Ils procurent aux managers une vision globale de la marche de l'entreprise à partir du traitement de données fournies par le système d'information. Ces mêmes auteurs considèrent que le glissement de sens du management à l'e-management s'opère en fonction de trois phénomènes distincts que sont :
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le degré d'utilisation des applications numériques utilisées dans les différents processus précités ;
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l'ampleur des modifications induites par ces dernières dans les processus de management ;
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le degré de modification des compétences impliquées dans l'exercice du management.
Dans ce même ouvrage collectif, Michel Kalika souligne par ailleurs l'importance des technologies numériques et de l'Internet pour l'entreprise, partant du postulat émis par Fayol suivant lequel les projets qui ne relèvent pas d'une dimension stratégique sont un moindre levier d'évolution de l'entreprise. Ce constat met en lumière l'importance revêtue par la prise de conscience des caractéristiques de l'entreprise étendue, des modifications induites par l'organigramme transversal et par l'importance conférée par la veille stratégique. En clôture de l'ouvrage, l'auteur résume de la façon suivante les différents questionnements propres à l'e-management. Ils interviennent en effet sur :
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les modes de coordination interne ;
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la mesure de l'efficacité et de la rentabilité des investissements ;
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l'accompagnement du changement et de l'acculturation ;
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l'organisation personnelle des managers.
La réflexion proposée dans ce premier ouvrage était approfondie l'année suivante dans un autre livre du même collectif de chercheurs .
Il met l'accent – en lien avec l'e-management et l'entreprise numérique – sur les sujets :
-
de stratégie ;
-
d'organisation ;
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de management des connaissances ;
-
de compétences ;
-
de performance.
MOTS-CLÉS
e-compétences e-management technologie de l'information et de la communication applications collaboratives réseaux sociaux d'entreprises
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2. Exemple de transformation managériale
À la fois conduite de changement et transformation managériale, le programme Zero email™ adopté par Atos part de l'exemple concret du dévoiement de l'usage d'une application numérique (l'e-mail en l'occurrence) pour générer une prise de conscience collective et procéder à la relecture critique des apports des nouvelles technologies. À partir de ce point d'entrée, l'accent est mis sur les transformations internes nécessaires, sous l'angle technique, organisationnel et managérial. La démarche d'ensemble associe les éléments complémentaires que sont la réduction de la pollution de données incarnée par le mail, la mise à disposition de fonctionnalités collaboratives ainsi que l'adoption de nouveaux comportements et pratiques (managériales, communautaires, communicationnelles), en lien avec ce changement culturel. Ce programme s'inscrit dans le cadre de l'initiative Wellbeing@Work (bien-être au travail). Il constitue un composant de la transformation digitale d'Atos, dans l'optique de la Digital Company.
Par le biais d'un message provocateur, dans sa lecture au premier degré, Atos communiquait en 2011 par la voix de son président, Thierry Breton, sur son intention de devenir en trois ans une entreprise Zero email. Au-delà de la déclaration d'intention, ce projet ambitieux visait de façon métaphorique à libérer le temps consacré à la production comme à la gestion d'e-mails pour le réaffecter aux pratiques collaboratives, à l'amélioration de la productivité comme de l'efficacité individuelle ou collective. Surtout, le déploiement à une large échelle de solutions collaboratives était marqué dans le même temps par la rupture des silos d'information conventionnels pour procéder au partage de la connaissance.
Le programme Zero email™ fait partie de la démarche Wellbeing@Work, qui promeut une entreprise sociale et collaborative dans laquelle le partage des connaissances et l'identification des expertises se trouvent facilités, dans le but de répondre de façon optimisée aux besoins exprimés par les clients. Elle s'inscrit dans un changement culturel fondé sur l'adoption de nouveaux comportements comme de nouvelles pratiques managériales.
La présente étude de cas résulte de l'interview de Jean Corbel, Chief Change Officer chez Atos, en charge de l'accompagnement de ce projet. Centralien de formation, il conjugue une triple expérience de management commercial et opérationnel, de direction de projet et de conduite du changement, au terme de près...
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - BEYOU (C.), ISAAC (H.), JOSSERAND (E.), KALIKA (M.), LEDRU (M.) - Le e-management : quelles transformations pour l'entreprise. - Éditions Liaisons, Paris (2003).
-
(2) - HARRIS (J.G.), DE LONG (D.W.), DONNELLON (A.) - Do you have what it takes to be an e-manager. - Journal of Occupational and Organizational Psychology (2001).
-
(3) - REYRE (I.), LIPPA (M.) - e-Management : Comment la révolution numérique transforme le management. - Dunod, Paris (2015).
-
(4) - CARPENTER (M.), BAUER (T.), ERDOGAN (B.) - Principles of management. - New-York, Nyack (2010).
-
(5) - PRENTICE (W.C.H.) - Understanding Leadership. - Harvard Business Review on The Mind of the Leader, Boston, Harvard Business School Publishing, vol. 39, p. 149-167, sept.-oct. 1961.
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(6) - BENNIS (W.) - On...
DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
ANNEXES
• SERRES Michel, Le Monde.fr, Vidéo de la série Corpus, coproduction : Canopé-CNDP, Universcience, MGEN, Inserm, Educagri http://www.lemonde.fr/sciences/video/2015/01/24/michel-serres-l-ordinateur-et-la-tete-de-saint-denis_4562802_1650684.html#G3L7TPlpXXFqS0ry.99
• Observatoire de l'Intranet et de la Stratégie numérique http://observatoire-intranet.com
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