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Article

1 - SYNTHÈSE D'ISONITRILES

2 - RÉACTIVITÉ GÉNÉRALE

3 - RÉACTION DE PASSERINI

4 - RÉACTION DE UGI

5 - RÉACTIONS DE UGI ET PASSERINI MODIFIÉES

6 - RÉACTIONS MULTICOMPOSANTS IMPLIQUANT DES ADDITIONS SUR DES ALCÈNES

7 - MCR ET ISONITRILES FONCTIONNALISÉS

8 - CONCLUSION

Article de référence | Réf : CHV2200 v1

Réactions de Ugi et Passerini modifiées
Isonitriles et réactions multicomposants

Auteur(s) : Laurent EL KAIM, Jieping ZHU

Relu et validé le 25 oct. 2017

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RÉSUMÉ

Les isonitriles sont des isomères de nitriles possédant un carbone terminal divalent. Découverts il y a plus de 150 ans, ces composés ne sont réellement exploités que depuis quelques décennies. Leur stabilité, leur facilité d'accès et la variété de leurs réactivités chimiques uniques en font un outil incontournable pour la chimie moderne. En effet, utilisés lors de réactions multicomposants, ils permettent de réaliser des économies d'atomes et d'étapes. Ce principe de modération faisant justement partie des objectifs actuels de la chimie organique respectueuse de l'environnement (la chimie verte), les isonitriles s'avèrent particulièrement intéressants. Cet article présente les différentes méthodes de synthèse d'isonitriles, ainsi que leur réactivité générale. Les principales réactions multicomposants dans lesquelles ils interviennent sont également détaillées.

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Auteur(s)

  • Laurent EL KAIM : Enseignant-chercheur, unité chimie et procédés, ENSTA Paris

  • Jieping ZHU : Directeur de recherches CNRS, Institut de chimie des substances naturelles, Gif-sur-Yvette

INTRODUCTION

Les premiers isonitriles ont été obtenus par Lieke en 1859 puis synthétisés et identifiés par Hoffman et Gautier moins de dix ans plus tard. Ces composés, isomères de nitriles possédant un carbone terminal divalent, sont restés de simples curiosités de laboratoire pendant de nombreuses années. Malgré l'intérêt théorique et le fort potentiel synthétique de ces dérivés carbonés à valence inusuelle, l'odeur désagréable des composés les plus simples a probablement dissuadé la plupart des chimistes d'en étudier les propriétés. Pendant des dizaines d'années, les isonitriles restèrent donc associés à la réaction carbylamine de Hoffman utilisée comme test caractéristique des amines primaires. En 1921, Passerini décrit le premier couplage à trois composants entre acides carboxyliques, dérivés carbonylés et isonitriles, mais ces travaux restent méconnus durant la première moitié du vingtième siècle. L'extension aux imines n'est découverte que près de quarante ans plus tard par Ugi, elle constitue la première réaction à quatre composants relativement efficace et générale.

Toutefois, la réaction de Ugi n'est vraiment réellement utilisée qu'au début des années 1980 ; très peu d'isonitriles sont alors commercialement disponibles. L'impulsion provient tout d'abord de l'industrie pharmaceutique qui associe le caractère multicomposant de ces couplages avec la possibilité de créer rapidement des librairies importantes de composés pour le screening biologique. De nombreuses équipes industrielles s'emparent de cette réaction et la transforment en un outil très efficace pour la préparation de structures hétérocycliques biologiquement actives (pharmacophores hétérocycliques tels que : pyrazines, indoles, imidazoles...). Les réactions multicomposants impliquant des isonitriles font aujourd'hui partie des outils standards de la recherche pharmaceutique.

Plus récemment, l'avènement de la chimie verte et le besoin de concevoir des procédés chimiques plus en phase avec les attentes sociétales éclairent d'un jour nouveau ces domaines. La réduction de l'emploi de solvant organique ainsi que l'optimisation des voies de synthèse ont toujours été des préoccupations fortes chez les industriels pour des raisons d'optimisation des coûts. Elles rejoignent aujourd'hui des enjeux plus importants en terme de communication et surtout de maintien d'activités industrielles proches de zones urbaines. Les synthèses organiques industrielle et académique se structurent donc aujourd'hui de plus en plus autour des concepts d'économie d'atomes et d'étapes. Et parmi les exemples les plus aboutis de ces nouveaux principes figurent en bonne position l'utilisation d'isonitriles dans des réactions multicomposants : la grande diversité structurale accessible en une seule étape permet, en effet, d'envisager des schémas synthétiques de substrats complexes en un nombre global d'étapes très limité. En terme de chimie verte, les éléments les plus caractéristiques des réactions multicomposants impliquant des isonitriles restent l'utilisation de milieux particulièrement concentrés (l'eau peut même être utilisée en tant que solvant) avec, comme seul sous-produit, une unique molécule d'eau.

Dans un premier temps, nous détaillerons les synthèses d'isonitriles les plus classiques ainsi que la réactivité générale de ces composés. Nous présenterons ensuite plus en détail les réactions multicomposants les plus importantes de cette famille de composés.

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DOI (Digital Object Identifier)

https://doi.org/10.51257/a-v1-chv2200


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5. Réactions de Ugi et Passerini modifiées

De manière implicite, la réaction de Ugi représente les couplages entre isonitriles, aldéhydes ou cétones, amines primaires et acides carboxyliques. Cependant, de nombreuses études ont permis d'étendre la portée synthétique de ce couplage à des partenaires sensiblement différents. Ces extensions induisent souvent la mise en œuvre de nouveaux mécanismes réactionnels, notamment dans les dernières étapes de la réaction. Si ces efforts ont surtout été consacrés aux couplages de type Ugi, la réaction de Passerini a donné lieu à des études proches mais de portée synthétique plus faible. Nous aborderons dans un premier temps les modifications de l'amine dans les réactions de Ugi puis dans un deuxième temps, nous traiterons les couplages de Ugi et Passerini avec des partenaires acides différents.

5.1 Amines

Les études réalisées concernent surtout la substitution d'amines primaires par des amines secondaires, ainsi que l'utilisation des dérivés de l'hydroxylamine ou de l'hydrazine.

L'utilisation d'amines secondaires transforme en général le couplage de Ugi en une réaction à trois composants où le partenaire acide peut intervenir de manière catalytique. En effet, le réarrangement de Mumm observé dans la réaction de Ugi ne peut plus se faire sur le composé azoté introduit dans le milieu réactionnel. L'acyl imidoyle intermédiaire 38 va pouvoir évoluer de différentes manières selon les conditions réactionnelles choisies et la nature des groupements fonctionnels présents sur chaque partenaire [92] [93]. Lorsque la réaction est effectuée dans un alcool ou en présence d'eau, l'intermédiaire subit généralement une solvolyse avec formation d'ester ou d'acide réduisant ainsi la nature du couplage de Ugi à une réaction à trois composants (figure 41, voie A).

Dans un solvant non nucléophile, un transfert intramoléculaire sur l'azote du groupement imidoyle permet de former des diacylimides (figure 41, voie B). Ce transfert est toutefois relativement lent et si de meilleurs nucléophiles sont présents, cet intermédiaire évolue via une acylation inter ou intramoléculaire. Cette approche a été exploitée par Tron, Giovenzana et al dans une réaction dite « Split-Ugi » qui consiste à répartir le rôle joué...

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BIBLIOGRAPHIE

  • (1) - LIEKE (W.) -   Ueber das Cyanallyl  -  . Justus Liebigs Ann. Chem., 112, p. 316-326 (1859)

  • (2) - HOFMANN (A. W.) -   Ueber eine neue Reihe von Homologen der Cyanwasserstoffsäure  -  . Justus Liebigs Ann. Chem., 144, p. 114-120 (1867)

  • (3) - WEBER (W. P.), GOKEL (G. W.), UGI (I. K.) -   Phase Transfer Catalysis in the Hofmann Carbylamine Reaction  -  . Angew. Chem. Int. Ed. Engl., 11, p. 530-531 (1972)

  • (4) - UGI (I.), MEYR (R.) -   Neue Darstellungsmethode für Isonitrile.  -  Angew. Chem., 70, p. 702-703 (1958)

  • (5) - OBRECHT (R.), HERRMANN (R.), UGI (I.) -   Isocyanide Synthesis with Phosphoryl Chloride and Diisopropylamine  -  . Synthesis, p. 400-401 (1985)

  • (6) - DOMLING (A.), UGI (I.) -   Multicomponent reactions with isocyanides  -  . Angew. Chem. Int. Ed. Engl., 39, p. 3168-3210...

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