Présentation
EnglishRÉSUMÉ
Les lacs sont des écosystèmes très diversifiés de par leur localisation sur la Terre, leur taille et leur fonctionnement. Ils ont cependant en commun tout un ensemble de processus écologiques qui leur confèrent une certaine homogénéité fonctionnelle, évolutive mais aussi d’usages. Les services environnementaux indispensables qu’ils nous rendent sont désormais fortement menacés par les sociétés humaines. Après un tour d’horizon des principales caractéristiques lacustres, cet article aborde les méthodes et démarches existantes pour restaurer les lacs dégradés, en particulier à travers un exemple emblématique, celui du lac du Bourget.
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Bernard MONTUELLE : Directeur de recherche à la retraite, CARRTEL, université de Savoie Mont-Blanc – INRAE, Thonon-les-Bains, France
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Jean GUILLARD : Ingénieur de recherche, CARRTEL, université de Savoie Mont-Blanc – INRAE, - Thonon-les-Bains, France
INTRODUCTION
Les eaux douces continentales ne représentent qu'environ 3 % du volume d’eau terrestre et, parmi celles-ci, seul 0,3 % est de l'eau de surface sous forme liquide. Les lacs en sont le principal réservoir (entre 80 et 90 %), répartis en quelques centaines de millions d’unités. Bien que cette eau lacustre soit très peu abondante et sa répartition sur le globe très fragmentée, les lacs représentent un élément clé dans l’environnement terrestre et du développement humain.
Les écosystèmes lacustres sont en effet des lieux de biodiversité et d’usages variés, importants pour les sociétés humaines. Au fil des siècles, les lacs ont été tour à tour frontières ou liens, lieu de développement humain sur leurs berges, lieu de ressources pisciaires*, d’eau potable, puis de tourisme. Ce n’est que récemment que le développement de la limnologie* a permis d’identifier le fonctionnement des écosystèmes lacustres, puis les mécanismes écologiques qui conduisent à leur dégradation (le fondateur de cette discipline est François-Alphonse Forel, 1841-1912). Il est désormais très documenté que les activités humaines poussent la plupart de ces écosystèmes au-delà de leurs capacités de charge écologique, c'est-à-dire de leurs possibilités naturelles à absorber les perturbations et à soutenir les usages.
Le programme pour l’environnement de l’ONU (unep.org) a identifié cinq facteurs principaux qui sous-tendent la crise de la nature : changements dans l'utilisation des terres et des mers, changements climatiques, pollutions, exploitation intensive des ressources naturelles et espèces invasives. Les lacs sont soumis à ces pressions (hormis celle d’exploitation des mers) et, compte tenu de leur volume restreint en comparaison des océans ou des surfaces continentales, y sont particulièrement sensibles, à tel point qu’ils sont souvent considérés comme des « sentinelles » de l’état de l’environnement. La mise en place d’actions de remédiation impose une connaissance de l’écologie de ces systèmes en apparence fermés, mais de fait ouverts sur leur environnement via leur bassin versant et l’atmosphère.
Cet article a pour objectif de fournir les éléments indispensables à la compréhension du fonctionnement des écosystèmes lacustres, en particulier sous l’effet des pressions anthropiques. Face aux dégradations enregistrées sur la plupart des lacs à l’échelle mondiale, cet article présente une brève synthèse des moyens et des outils de restauration écologique, en s’appuyant sur des cas concrets.
* un glossaire des termes et expressions importants de l'article est présenté au § 6.
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3. Restauration lacustre
3.1 Critères d’évaluation et objectifs de la restauration
L’évaluation de la dégradation d’un écosystème, en particulier lacustre, nécessite de disposer d’un référentiel de qualité, constitué d’éléments descriptifs factuels (des indicateurs) caractérisant son état écologique à un instant « t » et définissant son niveau de dégradation. Cet écart de qualité à la référence se base sur des données multiparamètres physiques, chimiques et biologiques. Contrairement aux milieux lotiques* où il est parfois possible de s’appuyer sur une zone de référence de qualité située à l’amont d’un point de perturbation, il est difficile de disposer d’une telle référence en milieu lacustre si des données écologiques pertinentes n’ont pas été collectées à temps.
Pour les milieux aquatiques, en France et en Europe, il existe un cadre scientifique et institutionnel, accompagné d’un agenda politique, définissant les paramètres à étudier, les différents seuils de qualité, ainsi que les objectifs de qualité à atteindre : c’est la DCE, adoptée le 23 octobre 2000. Composante essentielle des réglementations européennes puis nationales concernant la protection des ressources de toutes les eaux de surface, la DCE vise à prévenir et à réduire la pollution des eaux, promouvoir leur utilisation durable, protéger l'environnement, améliorer l'état des écosystèmes aquatiques et atténuer les effets des inondations et des sécheresses. Elle fonctionne par cycle de six ans. Dans ce cadre, les lacs et les plans d’eau sont des masses d’eau considérées spécifiquement, avec des paramètres adaptés, en prenant en compte les spécificités régionales (concept d’hydroécorégions, présentant un certain nombre de caractéristiques environnementales communes, tant géologiques que climatiques).
En France, le schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux (SDAGE), déclinaison nationale de la DCE, sert de cadre général à l'élaboration des schémas d’aménagement et de gestion des eaux (SAGE) pour les milieux aquatiques ; le niveau pratique de réalisation d’actions de restauration à l’échelle territoriale associant, entre autres, les collectivités...
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Restauration lacustre
BIBLIOGRAPHIE
-
(1) - TOUCHART (L.) - Limnologie physique et dynamique, une géographie des lacs et des étangs. - L’Harmattan (2002).
-
(2) - SHEFFERS (A.M.), KELLETAT (D.H.) - Introduction : approche générale et bref aperçu de la diversité des lacs. - In : Les lacs du monde avec Google Earth, Bibliothèque de recherche côtière, vol. 16, Springer, Cham. https://doi.org/10.1007/978-3-319-29617-3_1 (2016).
-
(3) - ZABR - Le tour des grands lacs alpins en 80 Questions. - Ouvrage collectif de la Zone Atelier Bassin du Rhône, Coord. Clemens A. & Montuelle B., GRAIE, ISBN 978-2-917199-04-6 (2015).
-
(4) - DORIOZ (J.M.), ANNEVILLE (O.), DOMAIZON (I.), GOULON (C.), GUILLARD (J.), JACQUET (S.), MONTUELLE (B.), RASCONI (S.), TRAN-KHAC (V.), JENNY (J.-P.) - Les grands lacs à l’épreuve de l’anthropocène. - Éditions Quæ, ISBN 978-27592-3520-9 (2023).
-
(5) - JENNY (J.P.), ANNEVILLE (O.), ARNAUD (F.), BAULAZ (Y.), BOUFFARD (D.), DOMAIZON (I.) et al - Scientists’...
ANNEXES
Liste non exhaustive
Directive 2000/60/CE du Parlement européen et du Conseil du 23 octobre 2000 établissant un cadre pour une politique communautaire dans le domaine de l'eau (JOUE L 327 du 22 décembre 2000). Dite « DCE ».
Règlement (CE) n° 1881/2006 de la Commission du 19 décembre 2006 portant fixation de teneurs maximales pour certains contaminants dans les denrées alimentaires (JO L 364 du 20 décembre 2006).
HAUT DE PAGE2.1 Organismes – Fédérations – Associations (liste non exhaustive)
IPBES, Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques :
GLEON, Global Lake Observation Network :
OLA, observatoire des Lacs :
https://www6.inrae.fr/soere-ola
LéXPLORE :
https://lexplore.info/fr/accueil/
ASTER, conservatoire d'espaces naturels de Haute-Savoie :
https://www.lacs-sentinelles.org
CISALB, comité intersyndical pour...
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