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Article

1 - SITUATION ACTUELLE DU MARCHÉ DE L’HYDROGÈNE

2 - METTRE EN PLACE UN MARCHÉ GLOBAL DE L’HYDROGÈNE

3 - RÔLE DU TRANSPORT DE L’HYDROGÈNE

4 - POURQUOI L’HYDROGÈNE CHANGE LA DONNE DE LA GÉOPOLITIQUE DE L’ÉNERGIE

5 - STRATÉGIES NATIONALES ET LEADERSHIP ÉCONOMIQUE

6 - CONCLUSION

7 - GLOSSAIRE

8 - SIGLES

Article de référence | Réf : HY1000 v1

Pourquoi l’hydrogène change la donne de la géopolitique de l’énergie
Géopolitique et hydrogène

Auteur(s) : Anne-Sophie CORBEAU

Date de publication : 10 août 2023

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RÉSUMÉ

Cet article présente comment l’émergence d’un marché global de l’hydrogène risque de bouleverser l’ordre établi et les relations commerciales entre pays. Une nouvelle géographie de l’énergie se dessine avec quelques régions importatrices et une compétition entre de multiples exportateurs potentiels, certains voulant remplacer leurs exportations d’énergie fossiles par de l’hydrogène, d’autres ambitionnant de devenir des acteurs majeurs grâce à un hydrogène renouvelable peu cher. Cependant, le transport international de l’hydrogène (ou de ses dérivés) demeure un obstacle majeur. Enfin la compétition est aussi sur le plan technologique, notamment dans le domaine des électrolyseurs.

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Auteur(s)

  • Anne-Sophie CORBEAU : Global Research Scholar, Center on Global Energy Policy, Université de Columbia, New York, États-Unis - Professeur, Sciences Po, Paris, France

INTRODUCTION

L’hydrogène est devenu depuis 2018 un sujet d’intérêt croissant dans le monde de l’énergie. En effet, l’hydrogène apparaît comme un vecteur d’énergie essentiel pour décarboner de nombreux secteurs qui sont difficiles (voire impossibles) à électrifier économiquement et techniquement, tels que la production d’acier ou de ciment, la pétrochimie, le transport maritime ou aérien, et une partie du transport routier. L’hydrogène (ou ses dérivés tels le méthanol, l’ammoniac, ou les électro-carburants) apparait donc comme nécessaire pour atteindre les objectifs de neutralité carbone.

Actuellement l’hydrogène est essentiellement consommé sur son lieu de production et produit à partir d’énergies fossiles. Dans le futur, l’hydrogène devra être décarboné, produit soit à partir d’électrolyse et d’électricité renouvelable, soit à partir du vaporeformage du gaz naturel avec captage et stockage du carbone. Un marché global avec des échanges commerciaux est susceptible de se former. Cela avantage donc les pays avec des ressources en énergie renouvelable abondantes et peu coûteuses, tandis que les traditionnels exportateurs d’énergies fossiles, notamment de gaz naturel, tablent sur leurs ressources pour rester influents en tant qu’exportateurs.

Les perspectives d’une forte augmentation du rôle de l’hydrogène dans le mix énergétique risquent de bouleverser profondément le paysage énergétique mondial. À travers les « stratégies hydrogène », déjà publiées par plus de 40 pays, et les accords bilatéraux émerge une géographie énergétique différente. De nouveaux pays exportateurs, comme le Chili ou le Maroc, entrent sur la scène énergétique mondiale. Les exportateurs actuels d’énergie fossile tentent de conserver leur rôle et de faire de l’hydrogène leur nouveau pétrole. Un nombre élevé de producteurs et d’exportateurs potentiels laisse aussi présager une compétition féroce entre ces pays pour approvisionner un nombre limité d’importateurs, centrés sur l’Europe et l’Asie.

L’économie de l’hydrogène va toutefois au-delà des équilibres offre et demande. Elle inclut toutes les technologies associées à l’hydrogène, telles que les électrolyseurs ou les piles à combustible, ainsi que les matières premières nécessaires pour la production de ces technologies. Des pays, tels les États-Unis, l’Europe, la Chine, le Japon ou la Corée du Sud, se positionnent pour dominer les différentes parties de l’échelle de valeur de ce nouveau vecteur énergétique.

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DOI (Digital Object Identifier)

https://doi.org/10.51257/a-v1-hy1000


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4. Pourquoi l’hydrogène change la donne de la géopolitique de l’énergie

4.1 Reconfiguration

L’hydrogène redistribue les pays en trois grands groupes en termes d’échanges. L’élément le plus frappant est que les stratégies actuelles prévoient un petit nombre d’importateurs, alors que de nombreux pays se sont déclarés intéressés par exporter de l’hydrogène, ou ses dérivés. C’est une configuration totalement différente de celle du GNL où le nombre d’importateurs en 2022 est plus du double de celui des exportateurs. Cette distribution repose essentiellement sur une disparité de coûts de production d’hydrogène, notamment renouvelable, entre les régions, et sur une concentration de la demande dans certaines régions (Europe, Japon, Corée du Sud) qui ne peuvent y faire face à cause des limitations dans la production d’électricité renouvelable, pour à la fois alimenter le réseau en électricité décarbonée et produire de l’hydrogène.

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4.2 Importateurs

Ces pays ont identifié qu’ils n’auront pas assez de ressources domestiques en électricité renouvelable pour produire l’hydrogène dont ils auraient besoin pour décarboner leur économie, et ils ne souhaitent pas produire de l’hydrogène bas carbone à partir de gaz naturel, à cause du coût du gaz ou du stockage du CO2, ou de considérations géopolitiques. Ces importateurs se concentrent en Europe – l’Union Européenne en général, avec en particulier l’Allemagne, la Belgique, les Pays Bas – ainsi qu’en Asie – Japon, Corée du Sud et Singapour. La France n’a pas indiqué de préférence en termes d’importation ou d’exportation ; en revanche l’accord sur l’hydrogénoduc H2MED (anciennement BarMar) pourrait transformer la France en pays de transit pour l’hydrogène Ibérique ou Nord-Africain vers le Nord de l’Europe.

Dans sa stratégie REPowerEU, la Commission Européenne annonce une demande de 20 Mt d’hydrogène bas carbone en 2030, consistant en 10 Mt produites dans l’UE et 10 Mt importées (contre environ 8 Mt actuellement) ...

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BIBLIOGRAPHIE

  • (1) - INTERNATIONAL ENERGY AGENCY -   Global Hydrogen Review 2022.  -  OECD (2022).

  • (2) - HYDROGEN COUNCIL -   Hydrogen Insights 2023.  -  McKinsey Company (2023).

  • (3) - INTERNATIONAL ENERGY AGENCY -   World Energy Outlook.  -  OECD (2022).

  • (4) - bp -   Energy Outlook  -  (2023).

  • (5) - TOTALENERGIES -   TotalEnergies Energy Outlook 2022  -  (2022).

  • (6) - IRENA -   World Energy Transitions  -  (2022).

  • (7) - HYDROGEN COUNCIL -   Global Hydrogen Flows  -  (2022).

  • ...

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