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RÉSUMÉ
Les liquides utilisés dans les isolations des matériels électrotechniques sont pour la plupart des fluides de synthèse, élaborés spécifiquement. Ces liquides contribuent à l’isolation électrique, permettent de réduire, voire d’éliminer les décharges partielles, et jouent le rôle de caloporteur dans de nombreux appareils. Cet article examine les divers mécanismes de conduction dans des contextes bien précis (géométrie plane, conduction aux interfaces, injection de charges). Pour terminer, le cas très particulier des parois isolantes est détaillé, avec un champ magnétique soit perpendiculaire aux parois, soit parallèle.
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Robert TOBAZÉON : Ingénieur de l’Institut électrotechnique de Grenoble - Docteur ès sciences - Directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS)
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André DENAT : Ingénieur du Conservatoire national des Arts et Métiers - Docteur ès sciences - Directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS)
INTRODUCTION
L’étude des propriétés électriques des liquides diélectriques concerne essentiellement l’électrotechnique. Cependant, il s’agit d’un domaine qui se caractérise par sa pluridisciplinarité, puisqu’il touche à la chimie, l’électrochimie, l’électronique, la mécanique des fluides, la physique des décharges dans les gaz.
Les liquides utilisés dans les isolations des matériels électrotechniques, en dehors de l’huile minérale, sont pour la plupart des matériaux de synthèse, élaborés pour une étude ou une application spécifique. Il s’agit de fluides, donc de matériaux déformables : les forces électriques peuvent y créer des mouvements (électrohydrodynamiques) modifiant considérablement le transport des charges électriques.
Les liquides sont très rarement employés seuls, mais généralement en association avec des solides isolants (isolations imprégnées). Outre le rôle de contribuer à l’isolation électrique, ces liquides permettent de réduire, voire d’éliminer les décharges partielles. Enfin, leur rôle caloporteur dans de nombreux appareils est très important. Dans certains cas spécifiques, ils ont pour fonction également de ralentir l’oxydation.
Dans tous les cas, le passage du courant électrique implique qu’il y ait un échange de charges aux interfaces métalliques ou isolantes avec une certaine cinétique : des charges peuvent disparaître, être créées (injectées) ou bloquées. L’examen de tels mécanismes est également abordé en électrochimie, ou dans le domaine de la physique des semi-conducteurs.
Pour l’ingénieur électricien, le problème majeur est celui des pertes par conduction et de la tenue diélectrique aux temps longs (vieillissement) ou lors de surtensions ; en général, la tension appliquée est alternative, de basse fréquence (50 à 400 Hz). Les isolants liquides et solides sont utilisés en association dans des géométries complexes, souvent sous contraintes conjuguées électriques, thermiques, mécaniques, etc.
La compréhension des mécanismes de génération et de transport de charge, ainsi que des phénomènes électrochimiques et électrohydrodynamiques, constitue une étape importante pour l’interprétation des phénomènes de préclaquage et de claquage, à court et à long terme, des liquides.
Une isolation est soumise à une tension (alternative, continue, impulsionnelle), mais la distribution du champ électrique, au sein des matériaux et en fonction du temps, peut être fortement modifiée par la présence de charges spatiales. Celles-ci peuvent créer des renforcements locaux du champ électrique susceptibles de conduire au claquage de l’isolation. Ces effets, dominants en général sous champ élevé (et souvent présents sous tension de service), donnent lieu à une conduction non linéaire (le comportement du liquide n’est plus ohmique).
Dans cet exposé, nous analysons les divers mécanismes de conduction en examinant des situations bien définies : géométrie plane, liquide de formule chimique simple dont on contrôle la conductivité par adjonction d’électrolytes connus, électrodes choisies pour leurs propriétés de collecteurs ou d’injecteurs de charges. Nous examinons également le comportement de liquides dans les situations où ils sont utilisés dans la pratique industrielle.
VERSIONS
- Version archivée 1 de nov. 1996 par Robert TOBAZÉON
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3. Phénomènes aux interfaces métal/liquide. Conduction due à l’injection de charges par les électrodes
Nous allons examiner les phénomènes se produisant à une interface métal/liquide. Le métal est considéré comme chimiquement inerte et il ne pourra qu’échanger des électrons avec le liquide. Si le liquide est un isolant parfait (c’est-à-dire sans impuretés susceptibles de se dissocier ou de fournir des niveaux donneurs ou accepteurs), les mécanismes les plus probables de création de porteurs de charge sont l’émission de champ à la cathode, l’ionisation de champ à l’anode et l’ionisation par impact d’électrons . Ces différents mécanismes impliquent des champs électriques très élevés (» 5 à 20 MV/cm), ils sont directement corrélés aux phénomènes prédisruptifs (formation de bulles de vapeur, génération de streamers, etc.) conduisant au claquage d’une isolation liquide.
pour plus de détails sur ces phénomènes, nous renvoyons le lecteur à l’article [41] des Techniques de l’Ingénieur.
Dans le cas le plus courant, le liquide contient des additifs ou des impuretés qui, à l’interface solide/liquide, vont se redistribuer pour former une double couche. Rappelons que dans un liquide isolant, le niveau de Fermi restant toujours éloigné des bandes, la densité des porteurs libres (électrons, trous) sera toujours négligeable . La conduction est assurée par les impuretés dissociées et, éventuellement, par échange d’électrons aux interfaces. Nous allons décrire les phénomènes induits par cette double couche en particulier ceux conduisant à la génération de charges aux interfaces.
3.1 Interface à l’équilibre
Lorsqu’un fluide initialement neutre est mis au contact d’un solide (neutre également), il se produit spontanément une redistribution des espèces chargées et même des espèces neutres à l’interface, et jusqu’à une certaine distance dans chacun des milieux :
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La paroi solide attire à elle des ions du liquide, qui ne se déchargent pas ; elle peut aussi attirer des espèces neutres possédant une affinité spécifique pour le solide : le tout constitue la couche compacte appelée couche de Stern (dont l’épaisseur ne dépasse pas quelques dixièmes de nanomètre), soit une ou deux couches atomiques.
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En...
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - SCHMIDT (W.F.) - Liquid state electronics of insulating liquids. - CRC Press, New York (1997).
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(2) - BERNAS (A.), FERRADINI (C.), JAY-GERIN (J.-P.) - Électrons en excès dans les milieux polaires homogènes et hétérogènes. - Can. J. Chem., 74, pp. 1-23 (1996).
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(3) - BOCKRIS (J.O’M.), REDDY (A.K.M.) - Modern electrochemistry - (Électrochimie moderne). Vol. 1 et 2, Plenum Press, New York (1970).
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(4) - LANGEVIN (P.) - L’ionisation des gaz. - Ann. de Chim. et de Phys., 7 e série t. XXVIII, pp. 289-292 (1903).
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(5) - DENAT (A.) - Étude de la conduction électrique dans les solvants non polaires. - Thèse de doctorat ès sciences, Grenoble, 203 p. (1982).
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(6) - THOMSON (J.-J.), THOMSON (G.P.) - Conduction of electricity through gases - (Conduction...
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