Présentation
En anglaisAuteur(s)
-
Hervé FANET : Ingénieur de l’École Supérieure d’Électricité - Ingénieur au Commissariat à l’Énergie Atomique
Lire cet article issu d'une ressource documentaire complète, actualisée et validée par des comités scientifiques.
Lire l’articleINTRODUCTION
Dans le contrôle-commande des réacteurs nucléaires ou des usines de retraitement, il est indispensable de mesurer les rayonnements. Dans les réacteurs de puissance, le contrôle des fissions nucléaires est réalisé par la mesure des flux de neutrons émis de la chaudière et, dans les usines de retraitement, les quantités de matières nucléaires sont contrôlées tout au long du procédé par la mesure des neutrons ou des photons gamma émis. Les mesures sont des mesures de flux ou des mesures d’énergie. Dans les systèmes expérimentaux associés aux accélérateurs de particules, il est nécessaire en plus de déterminer les trajectoires des particules émises. Toutes ces mesures se réalisent par des ensembles expérimentaux fort différents. Elles ont cependant en commun le fait d’utiliser l’information contenue dans la série d’impulsions de courant délivrée par le détecteur. Cet article s’intéresse uniquement à l’instrumentation des réacteurs nucléaires et des usines de retraitement et aux installations pour la surveillance des sites et des personnes.
Deux classes de mesures peuvent être identifiées : la première est l’ensemble des méthodes permettant d’estimer le nombre d’impulsions pendant un temps donné ou de mesurer un courant puisqu’une mesure de courant est en fait le comptage d’un grand nombre d’impulsions élémentaires ; la seconde est l’ensemble des techniques permettant de mesurer une caractéristique particulière de chaque impulsion. La charge de l’impulsion de courant est un exemple relativement fréquent d’une telle mesure puisqu’elle est proportionnelle à l’énergie déposée dans le détecteur. Les mesures d’énergie sont largement pratiquées dans le contrôle-commande des réacteurs et des usines de traitement ; ce seront les seules mesures de cette seconde classe à être étudiées dans cet article. Elles sont également appelées mesures spectrométriques.
L’instrumentation nucléaire a nécessité le développement d’un grand nombre de détecteurs spécifiques. Il est légitime de s’interroger sur la spécificité de l’électronique, des méthodes de traitement et des architectures informatiques que l’on peut rencontrer dans l’instrumentation nucléaire des réacteurs et des usines. De nombreuses fonctions électroniques et un certain nombre de méthodes de traitement sont en effet empruntées à l’électronique générale. Pour ne donner que quelques exemples, on peut citer les fonctions d’amplification et de filtrage, les compteurs, les convertisseurs analogique-numérique, les échantillonneurs, les processeurs de traitement, etc. L’instrumentation nucléaire présente cependant deux particularités qui ont conduit à développer des méthodes et des réalisations spécifiques : la nécessité d’assurer un bon rapport signal sur bruit pour des flux d’impulsions aléatoires et l’importance accordée à la sûreté de fonctionnement.
Les chaînes de mesure sont particulièrement sensibles au rapport signal sur bruit, qui est un facteur déterminant pour assurer une grande qualité de la mesure. Les détecteurs délivrent en effet des signaux de faibles valeurs et des charges par impulsion typiquement inférieures au picocoulomb. Les précisions de mesure demandées dans les mesures d’énergie sont élevées : pour les photons gamma, il est par exemple nécessaire de refroidir le détecteur et l’électronique frontale pour réduire le bruit et atteindre les résolutions ultimes exigées pour la détection des faibles quantités de matières nucléaires. Les chaînes de mesure sont optimisées pour traiter des flux aléatoires en sortie des détecteurs. Le caractère aléatoire de la répartition des impulsions dans le temps a conduit les concepteurs à développer des méthodes d’analyse du rapport signal sur bruit originales. Cet article sera principalement consacré à ces méthodes et à la description des réalisations associées. La description temporelle du bruit de fond électronique et du filtrage optimal et la conception des amplificateurs présentant un faible bruit seront largement détaillées. Une attention toute particulière sera également accordée à l’étude des effets des forts flux d’impulsions, appelés effets d’empilement.
Les chaînes de mesure ont un rôle central dans le contrôle-commande, la sûreté de fonctionnement associée est donc une caractéristique fondamentale. Deux aspects seront traités dans cet article : le premier est l’effet des perturbations électromagnétiques, le second est l’effet des radiations sur le fonctionnement des systèmes électroniques. D’autres techniques participent également à la sûreté de fonctionnement des systèmes ; elles ne seront pourtant pas traitées dans cet article dans la mesure où les concepts et méthodes utilisés sont radicalement différents.
DOI (Digital Object Identifier)
Cet article fait partie de l’offre
Génie nucléaire
(170 articles en ce moment)
Cette offre vous donne accès à :
Une base complète d’articles
Actualisée et enrichie d’articles validés par nos comités scientifiques
Des services
Un ensemble d'outils exclusifs en complément des ressources
Un Parcours Pratique
Opérationnel et didactique, pour garantir l'acquisition des compétences transverses
Doc & Quiz
Des articles interactifs avec des quiz, pour une lecture constructive
Présentation
2. Chaînes de mesure associées aux détecteurs
2.1 Comptage et mesure de courants faibles
Ce type de mesure est largement utilisé dans l’instrumentation des réacteurs nucléaires de puissance, dans le contrôle de matières nucléaires et dans la radioprotection.
Les mesures effectuées dans les réacteurs et dans les usines sont détaillées dans d’autres articles de ce traité. Quelques généralités et une description sommaire de ces mesures sont toutefois données ci-après ; elles illustrent les principes généraux qui sont l’objet de cet article.
-
La figure 15 représente l’instrumentation associée à la chaudière des réacteurs nucléaires de puissance.
-
L’instrumentation interne (intérieur de la chaudière) a pour fonction de mesurer la distribution volumique de puissance dans le réacteur. Elle est constituée par des détecteurs sensibles aux neutrons et peu sensibles aux photons gamma car les neutrons sont représentatifs de la fission. Ces détecteurs peuvent être des chambres à fission, des collectrons ou des thermomètres gamma. L’instrumentation est actuellement mobile dans les réacteurs français car les détecteurs ne peuvent résister au flux de neutrons et de photons gamma pendant une durée suffisamment importante. D’autres réacteurs sont équipés de détecteurs fixes, généralement des collectrons.
-
L’instrumentation externe (extérieur de la chaudière) a pour fonction la surveillance du flux neutronique global et la protection de la chaudière. Si l’augmentation du flux neutronique est trop élevée, elle est détectée par l’instrumentation externe et une chute des barres de contrôle est déclenchée. Cette instrumentation doit donc être capable de mesurer le flux dans une large dynamique, depuis la mise en service du réacteur jusqu’au régime nominal. En pratique, une dynamique de mesure de 11 décades est nécessaire. Elle est généralement obtenue par des assemblages de détecteurs de sensibilités différentes mais, dans certaines installations, le nombre de détecteurs est réduit et il devient nécessaire, par voie de mesure, de couvrir une large dynamique. Le régime intermédiaire, entre le régime de comptage d’impulsions et le régime de mesure du courant, est alors...
-
Cet article fait partie de l’offre
Génie nucléaire
(170 articles en ce moment)
Cette offre vous donne accès à :
Une base complète d’articles
Actualisée et enrichie d’articles validés par nos comités scientifiques
Des services
Un ensemble d'outils exclusifs en complément des ressources
Un Parcours Pratique
Opérationnel et didactique, pour garantir l'acquisition des compétences transverses
Doc & Quiz
Des articles interactifs avec des quiz, pour une lecture constructive
Chaînes de mesure associées aux détecteurs
BIBLIOGRAPHIE
-
(1) - RADEKA (V.) - Low noise techniques in detectors. - Annual Review Nuclear Science, vol. 38, p. 217-277 (1988).
-
(2) - VAN DER ZIEL - Noise in measurements. - Éd. John Wiley and Sons (1986).
-
(3) - D’ANGELO (P.), HRISOHO (A.), JARRON (P.), MANFREDI (P.E.), POINSIGNON (J.) - Application of low noise head amplifiers for high energy application of silicon detectors. - Nuclear Instrumentation and Methods (NIM), vol. 193, p. 533-538, North Holland Publishing (1982).
-
(4) - * - Normes CEI 801 sur la compatibilité électromagnétique.
-
(5) - DEGAUQUE (P.), HAMELIN (J.) - Compatibilité électromagnétique bruit et perturbations. - Éd. Dunod (1990).
-
(6) - DE COULON (F.) - Théorie et traitement des signaux. - Traité électricité, électronique...
DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
Eurisys Mesures : Catalogue général.
Schneider Electric S.A. : Systèmes électroniques de sûreté pour réacteurs nucléaires.
Novelec S.A. : Catalogue général.
Canberra Electronique : Instruments catalog (9e édition).
EGG ORTEC : Instruments and systems for nuclear spectroscopy.
Lecroy SarI : Research instrumentation catalog.
HAUT DE PAGE
Cet article fait partie de l’offre
Génie nucléaire
(170 articles en ce moment)
Cette offre vous donne accès à :
Une base complète d’articles
Actualisée et enrichie d’articles validés par nos comités scientifiques
Des services
Un ensemble d'outils exclusifs en complément des ressources
Un Parcours Pratique
Opérationnel et didactique, pour garantir l'acquisition des compétences transverses
Doc & Quiz
Des articles interactifs avec des quiz, pour une lecture constructive