Présentation
EnglishRÉSUMÉ
Dans cet article, on présente quelques notions de base sur le combustible des réacteurs nucléaires et sur ce qui est appelé le «cycle du combustible ». On précise par ailleurs quelques ordres de grandeur notamment sur les flux de matières nucléaires gérées dans ce cycle et on introduit quelques notions de base sur la chimie de l’uranium et des actinides. On décrit ensuite les différentes étapes du processus couramment appelé « amont du cycle du combustible », qui consiste à l’élaboration d’un élément combustible prêt à être chargé dans un réacteur nucléaire. On examine successivement la prospection et le traitement de l’uranium, sa conversion, son enrichissement, et enfin la fabrication du combustible. Pour chacun de ces secteurs, on traite non seulement les aspects techniques en décrivant notamment les procédés mis en œuvre et les outils industriels utilisés, mais aussi les marchés de chaque secteur d’activité.
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Dominique GRENECHE : Docteur ès science - Consultant et expert international Nuclear Consulting
INTRODUCTION
L'énergie délivrée par les réacteurs nucléaires repose sur la fission de noyaux atomiques par des neutrons. Ce phénomène de fission n'est possible que pour certains noyaux lourds très particuliers appelés noyaux fissiles. Il faut donc alimenter les réacteurs nucléaires avec ces noyaux fissiles conditionnés sous différentes formes dans un objet appelé combustible nucléaire. Ce terme est en fait une extension de celui qui est généralement réservé aux matières riches en carbone qui sont brûlées pour produire de l'énergie dans des installations classiques, et que l'on appelle des combustibles fossiles (essentiellement charbon, tourbe, gaz et pétrole). Cette analogie s'arrête là car les phénomènes de base sont totalement différents dans les deux cas : réaction chimique pour les combustible fossiles, mettant en jeu les forces électroniques des atomes, réactions nucléaires pour les combustibles nucléaires, mettant en jeu les forces contenues dans les noyaux atomiques.
Cela est l'occasion de souligner l'énorme écart qui existe en termes quantitatifs entre ces deux formes d'énergie. Rappelons, en effet, que la fission d'un noyau atomique dégage une quantité d'énergie à peu près égale à 200 MeV alors que l'énergie dégagée par une réaction chimique quelconque n'est tout au plus que de l'ordre de quelques dizaines d'électrons-volts. En conséquence, dans le domaine de l'énergie nucléaire et à une échelle industrielle on va s'exprimer en termes de tonnes ou tout au plus en milliers de tonnes de combustible alors que pour les combustibles fossiles les quantités en jeu se chiffrent en millions ou même en centaines de millions de tonnes.
Un combustible nucléaire est donc constitué fondamentalement de noyaux atomiques fissiles. Or, dans la nature il n'existe qu'un seul noyau ayant cette propriété : l'uranium 235 (noté 235U) qui est l'un des deux isotopes formant l'uranium naturel (noté Unat), l'autre étant l'uranium 238 (noté 238U). Ainsi, c'est l'Unat qui constitue l'élément naturel de base servant à fabriquer les combustibles utilisés dans les réacteurs nucléaires. Cet élément naturel, comme la plupart des autres matières naturelles utilisées pour fabriquer des produits industriels, est à rechercher à la surface du globe pour localiser les gisements économiquement rentables, puis extraire la matière recherchée. Comme cette matière n'est jamais pure à l'état naturel, il faut la purifier et ensuite la transformer à l'aide de processus physiques et chimiques divers afin d'obtenir un produit élaboré répondant aux besoins et aux normes souhaités. Il faut enfin conditionner ce produit élaboré sous la forme désirée, ici, un combustible nucléaire directement chargé dans le cœur d'un réacteur nucléaire, pour produire de l'énergie. L'ensemble de ces étapes s'appelle « l'amont du cycle du combustible » et fera l'objet de la section 2.
Une fois que ce combustible a séjourné en réacteur pour produire toute l'énergie souhaitée, il est déchargé du réacteur et devient un combustible usé que l'on ne peut pas abandonner directement, d'autant qu'il est très radioactif, et donc potentiellement dangereux. Il existe aujourd'hui deux grandes options pour prendre en charge le devenir de ce combustible usé :
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1. Le conditionnement direct dans des conteneurs afin de pouvoir ensuite le stocker de façon définitive et sûre. C'est ce que l'on appelle communément le « cycle ouvert » ;
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2. Le traitement visant à séparer les matières qu'il contient pour procéder ensuite aux opérations permettant de recycler certaines de ces matières (notamment les noyaux fissiles qui sont encore contenus dans ces combustibles usés) ou d'éliminer certaines autres, qui ne sont pas recyclables, en les destinant à un stockage définitif après conditionnement approprié. C'est ce que l'on appelle communément le « cycle fermé ».
Quelle que soit l'option retenue, l'ensemble de ces opérations s'appelle « l'aval du cycle du combustible ». Ce sujet fait l'objet d'un autre article, dans lequel on aborde en outre plusieurs aspects génériques liés au cycle du combustible nucléaire : transport des matières et matériaux radioactifs ainsi que celui des déchets liés au fonctionnement des installations, aspects économiques, sûreté des installations du cycle du combustible, démantèlement, aspects géopolitiques spécifiques liés au déploiement de l'industrie du cycle du combustible dans le monde.
VERSIONS
- Version archivée 1 de janv. 1998 par Évelyne BERTEL
DOI (Digital Object Identifier)
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3. Conclusion
L'amont du cycle du combustible nucléaire est un vaste secteur industriel dans lequel la plupart des grands pays nucléaires ont des activités plus au moins développées.
La France, pour sa part, intervient à toutes les étapes de façon significative et se situe parfois parmi les premiers opérateurs mondiaux.
L'uranium naturel est exploité dans de nombreux pays répartis sur tous les grands continents (sauf l'Europe et bien entendu l'Antarctique).
C'est une activité minière assez classique qui est néanmoins caractérisée par quelques contraintes supplémentaires liées à la radioactivité naturelle des matières manipulées. La conversion de l'uranium permettant d'obtenir de l'uranium pur sous forme d'oxyde ou d'hexafluorure (pour l'étape ultérieure de l'enrichissement) fait appel à des procédés et techniques assez classiques de génie chimique.
Ce secteur d'activité est partagé entre quatre grands acteurs seulement dans le monde, dont le français Areva qui détient 20 % du marché mondial. L'enrichissement de l'uranium, par contre, fait appel à des techniques très spécifiques qui sont uniques dans le monde industriel, avec aujourd'hui un procédé largement dominant qui est la séparation isotopique par centrifugation. Très peu d'acteurs mondiaux interviennent dans ce secteur sensible et hautement technologique, puisque deux grands pays seulement se partagent 85 % du marché mondial : TENEX (Russie), avec 50 % des capacités mondiales et Urenco (société opérant dans le cadre d'une alliance entre l'Allemagne, les Pays bas et l'Angleterre) avec 35 % des capacités mondiales. Areva pour sa part détient 10 % de ces capacités.
La fabrication des combustibles à partir de l'uranium enrichi est en revanche un marché assez concurrentiel dans lequel opèrent plus d'une dizaine d'industriels, dont Areva qui possède 22 % des capacités mondiales. En définitive, on voit donc que l'amont du cycle du combustible est un secteur industriel d'envergure dans lequel Areva intervient à tous les stades avec une part significative des marchés mondiaux. C'est en cela une position presqu'unique au monde qu'elle ne partage qu'avec la société russe Rosatom.
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - CEA - Les centrales nucléaires dans le monde – ELECNUC. - Institut de Technico. Économie des Systèmes Énergétiques (ITESE) (2014).
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(2) - GRENECHE (D.) - Quel cycle pour la filière RHT ? - Journées SFEN, 10-12 déc. 2002.
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(3) - GRENECHE (D.) - Optimisation de l'utilisation des ressources dans les réacteurs à eau légère. - Revue Générale Nucléaire, n° 5 (2010).
-
(4) - Uranium 2014 : resources, production and demand. - A Joint Report by the OECD Nuclear Energy Agency and the International Atomic Energy Agency (2014).
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(5) - World Nuclear Association - World uranium mining production - (mise à jour d'octobre 2014).
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(6) - World Nuclear Association - * - In situ...
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