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1 - ENJEUX

  • 1.1 - Enjeu 1 : « Mieux utiliser les ressources combustibles »
  • 1.2 - Enjeu 2 : « Optimiser la gestion des déchets nucléaires »
  • 1.3 - Enjeu 3 : « Garantir la cohérence du cycle ouvert au cycle fermé »
  • 1.4 - Critères pour évaluer les modes de gestion du combustible dans un cycle de 4e génération

2 - UN PEU DE PHYSIQUE DES RÉACTEURS À NEUTRONS RAPIDES

3 - CYCLE ACTUEL DU COMBUSTIBLE EN FRANCE ET CYCLE FUTUR DE « 4E GÉNÉRATION » (RAPPEL)

4 - SCÉNARIOS D'ÉVOLUTION DU PARC NUCLÉAIRE ET LEUR ANALYSE

5 - MULTIRECYCLAGE DU PLUTONIUM DANS LES RNR DE 4E GÉNÉRATION

6 - CONCLUSION

7 - GLOSSAIRE

Article de référence | Réf : BN3561 v1

Conclusion
Cycle du combustible des réacteurs nucléaires : de la 3e à la 4e génération

Auteur(s) : Jean-Michel DELBECQ, Bertrand CARLIER, Christine CHABERT-KORALEWSKI, Romain ESCHBACH, Dominique FAVET, Véronique GARAT, Claude GARZENNE, Laurent GAUTHIER, Frédéric LAUGIER, Alain ZAETTA

Date de publication : 10 janv. 2015

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RÉSUMÉ

Les réacteurs à neutrons rapides de 4ème génération permettent grâce au multirecyclage du plutonium d'utiliser environ 100 fois mieux l'uranium naturel que les réacteurs à eau légère actuels. Ce multirecyclage permet aussi d'optimiser la gestion des déchets nucléaires. Il nécessite toutefois des adaptations au niveau du réacteur et des installations du cycle et du transport des combustibles compte tenu des spécificités des assemblages combustibles mis en oeuvre dans ces systèmes (puissance thermique, sources neutrons et gamma). Des études de scénarios permettent d'analyser les avantages et inconvénients potentiels qu'apporterait le multirecyclage du plutonium dans ces systèmes. Cet article présente de façon détaillée les résultats de ces études.

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Auteur(s)

  • Jean-Michel DELBECQ : Ancien Directeur du Programme Systèmes Nucléaires du Futur à EDF Recherche et Développement

  • Bertrand CARLIER : Ingénieur – AREVA, AREVA NP, Paris La Défense, France

  • Christine CHABERT-KORALEWSKI : Chef de Projet « Scénarios et Technico-Économie du cycle », CEA/Direction de l'Énergie Nucléaire Cadarache, Saint Paul-lez-Durance, France

  • Romain ESCHBACH : Chef du Laboratoire d'Études du Cycle (LECy), CEA/Direction de l'Énergie Nucléaire, Cadarache, Saint Paul-lez-Durance, France

  • Dominique FAVET : Senior Expert MOX – Direction Opérationnelle Recyclage AREVA-NC – Paris La Défense, France

  • Véronique GARAT : Ingénieur – AREVA, AREVA NP, Lyon, France

  • Claude GARZENNE : Expert Senior en Physique du Cycle, EDF Recherche et Développement, Clamart, France

  • Laurent GAUTHIER : Ingénieur – AREVA, AREVA NP, Lyon, France

  • Frédéric LAUGIER : Ingénieur, EDF Direction Production Ingénierie/Division Combustible Nucléaire, Cap Ampère, Saint-Denis, France

  • Alain ZAETTA : Chef du Département d'Études des réacteurs CEA/Direction de l'Énergie Nucléaire Cadarache, Saint Paul-lez-Durance, France

INTRODUCTION

Deux grands modes de gestion des combustibles sont possibles :

  • le cycle ouvert où les combustibles usés sont considérés comme des déchets ultimes, destinés au stockage géologique ;

  • le cycle fermé où les matières valorisables (uranium et plutonium) contenues dans les combustibles usés sont recyclées. Le complément de matières au sein des combustibles usés représente les déchets ultimes qui, après vitrification, sont mis au stockage géologique.

En France, le cycle du combustible n'est plus complètement ouvert depuis presque 30 ans. Le recyclage du plutonium dans les combustibles MOX a été mis en œuvre pour la première fois en 1987 à la centrale de Saint-Laurent- des-Eaux et le recyclage de l'uranium de retraitement sous forme de combustible URE pour la première fois en 1994 à la centrale de Cruas. En fait, le cycle du combustible évolue constamment avec des constantes de temps très longues, à la fois au niveau de la conception de ces évolutions et au niveau de leurs effets après leur déploiement. Ainsi, la faisabilité du recyclage du plutonium dans les REP a été démontrée en s'appuyant sur des expérimentations qui ont commencé dès 1963 dans le réacteur à eau pressurisée belge BR3 et se sont poursuivies dans la centrale Chooz A à partir de 1974. La décision de le recycler industriellement en France a été prise en 1985. Depuis le début du déploiement du parc REP français, dans la seconde moitié des années 1970, les évolutions ont été nombreuses pour rechercher une meilleure efficacité dans l'utilisation de l'uranium et optimiser la gestion des déchets : accroissement des taux de combustion moyens depuis environ 30 GWj/tU jusqu'à 45 GWj/tU dans les années 2000 grâce à la mise en œuvre de gestions nouvelles du combustible, traitement des combustibles à l'uranium enrichi déchargés des réacteurs dès le début des années 1980, recyclage du plutonium et de l'uranium de retraitement, etc. Toutes ces évolutions ont des impacts multiples sur la gestion des matières et des déchets, sur les réacteurs et les installations du cycle, autrement dit sur le « système nucléaire » dont la cohérence doit être assurée dans la durée. Ces impacts se situent à différentes échelles de temps, dont certaines sont très lointaines et il est indispensable de les anticiper suffisamment tôt.

Des évolutions sont bien sûr encore à venir sur le parc actuel et avec la mise en service des réacteurs de 3e génération comme EPR : le cycle y restera partiellement fermé. La fermeture complète du cycle viendra avec les systèmes nucléaires de 4e génération qui font l'objet de développements importants dans le monde depuis le début des années 2000, que ce soit dans le cadre d'une collaboration internationale à travers le Forum International « Generation IV » ou dans le cadre de programmes nationaux. Les objectifs assignés à ces systèmes sont, outre ceux des réacteurs de 3e génération (sûreté, compétitivité notamment), des objectifs liés à la « soutenabilité » : mieux utiliser les ressources combustible et optimiser la gestion des déchets nucléaires. Les systèmes de 4e génération en cours d'étude sont pour la plupart des réacteurs à neutrons rapides avec un cycle complètement fermé uranium/plutonium. En France, en particulier, le choix a été fait de développer prioritairement le réacteur à neutrons rapides refroidi au sodium dont le niveau de maturité est le plus avancé et un démonstrateur technologique, dénommé ASTRID (Advanced Sodium Technological Reactor for Industrial Demonstration) d'une puissance de 600 MWe, est développé sous le pilotage du CEA. Sa mise en service est prévue aux alentours de 2025 avec les installations du cycle associées. Le développement de ces systèmes jusqu'à la maturité industrielle prendra du temps (milieu du XXI e siècle). La transition entre un parc nucléaire de 3e génération et un parc nucléaire de 4e génération se fera sur une durée séculaire et elle fera cohabiter les deux générations de réacteurs et de cycles. Cette transition doit se faire en garantissant la cohérence du cycle du combustible qui sera alors encore plus qu'aujourd'hui un point clé du « système nucléaire ». Les développements associés à ces évolutions encore lointaines se préparent dès aujourd'hui pour que, notamment, le maintien de cette cohérence soit garanti.

Cet article a pour objet de présenter les apports du cycle du combustible nucléaire de 4e génération et la transition possible entre le cycle actuel des réacteurs à eau légère et le cycle futur en utilisant les résultats d'études de scénarios de déploiement des réacteurs à neutrons rapides. Le multirecyclage du plutonium dans ces systèmes est traité dans cet article. La transmutation des actinides mineurs est une option potentielle du cycle de ces systèmes : elle est présentée dans un autre article intitulé « La transmutation des actinides mineurs dans les systèmes de 4e génération » [BN 3 562].

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DOI (Digital Object Identifier)

https://doi.org/10.51257/a-v1-bn3561


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6. Conclusion

Le recyclage systématique de l'uranium et du plutonium dans les réacteurs à neutrons rapides de 4e génération, dans le prolongement du recyclage MOX actuel dans les réacteurs à eau français, permet :

  • d'utiliser et de valoriser la totalité du plutonium existant (utilisation aujourd'hui rendue difficile, voire impossible, par la dégradation de la composition isotopique du plutonium au fil des recyclages dans les réacteurs à neutrons thermiques, le rendant inadapté à un recyclage récurrent) ;

  • de poursuivre ainsi, dans la durée, la stratégie de cycle fermé permettant de produire des déchets ultimes ne contenant pratiquement pas de plutonium. En effet, ce radioélément est celui qui ferait peser les plus fortes contraintes sur un stockage géologique profond, notamment au-delà des 500 premières années ;

  • de se donner la possibilité d'accroître drastiquement (d'un facteur 100 environ) le taux d'utilisation de la ressource en uranium ;

  • de limiter, « à la source », la quantité de certains des produits radioactifs à vie longue (actinides mineurs) contenus dans les déchets finaux (à quantité d'électricité produite donnée, il se forme 4 fois moins d'actinides mineurs si le recyclage du plutonium s'effectue dans un RNR, comparativement à ce qui est formé si ce recyclage s'effectue dans un REP).

Le multirecyclage de l'uranium et du plutonium en RNR apparaît ainsi comme une des clés pour la mise en œuvre d'options nucléaires durables, qu'il s'agisse de préserver les ressources naturelles ou de limiter la quantité de déchets ultimes. La France bénéficie d'une expérience importante et d'installations industrielles en matière de recyclage et l'évolution vers un parc de RNR se situe dans la continuité des options retenues aujourd'hui. Néanmoins, le développement jusqu'au stade de la maturité industrielle des systèmes de 4e génération (réacteurs et usines du cycle associées) demandera du temps en raison de l'ampleur des progrès restant à faire. Les études de scénarios montrent par ailleurs que la transition d'un parc nucléaire REP vers un parc RNR est longue. Même avec des perspectives de croissance de l'énergie nucléaire dans le monde qui restent fortes, il semble que l'on dispose du temps nécessaire pour mener à bien les développements nécessaires : les ressources en uranium apparaissent suffisantes...

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BIBLIOGRAPHIE

  • (1) - CEA Direction de l'énergie nucléaire -   La gestion durable des matières radioactives avec les réacteurs de 4e génération.  -  Déc. 2012 http://www.cea.fr/

  • (2) -   Loi no 91-1381 du 30 décembre 1991 relative aux recherches sur la gestion des déchets radioactifs  -  http://www.legifrance.gouv.fr/

  • (3) -   Loi no 2006-739 du 28 juin 2006 de programme relative à la gestion durable des matières et déchets radioactifs  -  http://www.legifrance.gouv.fr/

  • (4) -   A technology roadmap for generation IV nuclear energy systems.  -  Déc. 2002 http://www.gen-4.org/PDFs/ GenIVRoadmap.pdf

  • (5) - HCTISN -   Avis sur la transparence de la gestion des matières et des déchets nucléaires produits aux différents stades du cycle du combustible.  -  12 juil. 2010 http://www.hctisn.fr

  • ...

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