Présentation
En anglaisRÉSUMÉ
Les maçonneries en pierres, qu’elles soient ou non protégées pour leur valeur culturelle, subissent aujourd’hui les effets d’un environnement pour lequel elles n’ont pas été conçues. En effet, maintenant, les pierres et les mortiers sont exposés à une diversité grandissante de formes d’altérations qu’il convient de comprendre pour les traiter correctement.
Cet article expose les méthodes à mettre en œuvre pour élaborer le diagnostic de l’interaction entre les matériaux de la maçonnerie et leur environnement afin d’aboutir à des solutions de restauration adaptées. Loin d’un livre de recettes, cet article affirme l’importance de l’esprit critique et de la transversalité des approches disciplinaires nécessaires à réunir pour transmettre ce patrimoine bâti aux générations futures.
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Lire l’articleABSTRACT
Stone masonry, whether they are or not protected for their cultural value, are now suffering the effects of an environment to which they have not been prepared. Stones and mortars are thus exposed to a growing diversity of degradation forms that need to be understood in order to be properly treated.
This paper presents the methods to be used for the diagnosis of the interaction between masonry materials and their environment, to result in the proposition of suitable restoration solutions. Far from a recipe book, this paper demonstrates the importance of a critical analysis and the transversality of several disciplinary approaches necessary to be brought together to transmit properly this built heritage to the future generations.
Auteur(s)
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Kévin BECK : Enseignant-chercheur - Laboratoire de mécanique Gabriel Lamé, université d’Orléans (Orléans, France)
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Xavier BRUNETAUD : Enseignant-chercheur - Laboratoire de mécanique Gabriel Lamé, université d’Orléans (Orléans, France)
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Sarah JANVIER-BADOSA : Enseignant-chercheur - Institut Jean Lamour, université de Lorraine (Nancy, France)
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Olivier ROLLAND : Restaurateur - Entreprise Olivier Rolland (Montlouis-sur-Loire, France)
INTRODUCTION
Dès lors qu’une pierre est extraite de son milieu naturel, géologique, puis qu’elle est taillée, sculptée et mise en œuvre, débute un processus d’altération irréversible. Le mot altération prend ici le sens de « changement », de « modification ». La proximité de cette pierre avec d’autres matériaux (mortier, bois, céramique, verre, métal, béton…) et la variabilité des environnements dans lesquels elle est mise en place, engendrent irrémédiablement une infinité de formes d’altérations que l’on entreprend de nommer, de classer, de mesurer, de quantifier, pour lesquelles on s’attache à identifier les causes et que l’on cherche à guérir, à atténuer et à stabiliser.
Pierres et mortiers, souvent à tort dissociés dans l’étude des matériaux constitutifs des maçonneries, devraient être considérés comme un ensemble. Les spécificités et la grande variabilité du matériau pierre ont induit un intérêt et une littérature plus riches que pour les mortiers mais le présent article s’attache, autant que possible, à réorienter les méthodes de diagnostic et de restauration qu’il présente, afin de traiter de la maçonnerie en général.
Les ouvrages en maçonnerie représentent une quantité importante de structures et d’objets très vastes, des bâtiments aux murs de soutènement, en passant par les tunnels, les barrages, les ponts, les aqueducs et même les revêtements de sols. Cependant, l’article se focalise principalement sur l’étude des bâtiments anciens en pierres maçonnées permettant ainsi d’illustrer un grand panel de méthodes.
Il faut néanmoins noter que le terme « bâtiment » reste large et qu’il inclut à la fois les ouvrages protégés (les « Monuments Historiques » en France) ou ceux non protégés qui ont tous toutefois en commun d’être anciens et de nécessiter, au fil des années et des usages, d’être conservés, restaurés et entretenus.
Selon le niveau de protection de l’édifice, les règles, les contraintes et les procédures d’autorisation sont différentes. Un bâtiment maçonné non protégé répondra aux mêmes règles de réhabilitation et de travaux que n’importe quel bâtiment courant. En revanche, les bâtiments protégés seront considérés différemment selon qu’ils sont inscrits (ceux qui présentent un intérêt d’histoire ou d’art suffisant pour en rendre désirable la préservation) ou classés (ceux qui présentent, au point de vue de l’histoire ou de l’art, un intérêt public). La maîtrise d’œuvre sur les bâtiments protégés, sera systématiquement confiée à un architecte. Pour les édifices classés, les travaux sont soumis aux dispositions du code du patrimoine.
L’intervention sur les édifices protégés implique la collaboration de différents acteurs et corps de métiers et la pluridisciplinarité est la clé de toute la démarche de diagnostic et de conservation-restauration pratiquée par les architectes, les conservateurs, les restaurateurs et les laboratoires. La charte de Venise stipule que « la conservation et la restauration des monuments constituent une discipline qui fait appel à toutes les sciences et à toutes les techniques qui peuvent contribuer à l'étude et à la sauvegarde du patrimoine monumental ». Bon nombre de disciplines gravitent donc autour des problématiques de diagnostic, de conservation et de restauration du patrimoine bâti et les outils et méthodologies mis en place se nourrissent de ces disciplines. L’un des objectifs de cet article est de les décrire.
La variabilité des disciplines œuvrant autour d’un même objectif, associée à la variabilité des matériaux et des environnements, ont conduit à la nécessité de développer un cadre normatif, qu’il s’agisse des méthodes de diagnostics ou de restaurations. L’élaboration et la mise à jour de ces normes, ainsi que leur inscription dans un contexte européen, se sont faites progressivement et elles continuent d’évoluer. Le travail de diagnostic et de conservation-restauration tel qu’il est pratiqué aujourd’hui, s’appuie sur ces normes et ces dernières sont utilisées par tous les acteurs du processus de restauration, qu’il s’agisse de la maîtrise d’œuvre, de la maîtrise d’ouvrage, des scientifiques de la conservation-restauration, ou des restaurateurs eux-mêmes.
MOTS-CLÉS
bâtiment mortier construction restauration diagnostic maçonnerie pierre patrimoine altération
KEYWORDS
building | mortar | building | restoration | diagnosis | masonry | stone | heritage | degradation
VERSIONS
- Version archivée 1 de août 1994 par Marc MAMILLAN
DOI (Digital Object Identifier)
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4. Conclusion
Le bâti traditionnel en pierre était adapté au monde qui l’a vu s’épanouir mais cet environnement a changé drastiquement durant les derniers siècles. L’épuisement des carrières et la baisse des coûts de transport, notamment par la route, ont conduit à rechercher des carrières plus éloignées, proposant des matériaux à la compatibilité non éprouvée. L’étanchéification des sols engendre plus d’écoulement en surface, pouvant s’infiltrer dans le bâti. Ces écoulements transportent désormais potentiellement de nombreuses espèces chimiques « nouvelles » à l’échelle du bâti historique, tels que de l’eau de javel, des sels de déverglaçage, des tensioactifs, des nitrates d’origine agricole, des effluents d’égouts…
De plus, les traitements utilisés actuellement pour le nettoyage ou la consolidation des pierres apportent également leur lot de sollicitations mécanique, hydrique et chimique, aux effets pas toujours observables à l’échelle de la vie d’une technique ou d’un produit commercial d’aujourd’hui. De nos jours, l’environnement au sens large, est plus agressif que par le passé, ce qui conduit à des phénomènes de dégradation plus variés et potentiellement plus rapides.
Cette complexité nouvelle rend difficile voire risquée l’extrapolation de la seule connaissance empirique des usages, qui fut longtemps une réponse pragmatique au choix des matériaux de substitution : « si cette pierre a toujours été utilisée ici, la stratégie la plus sûre est de continuer à l’utiliser ». Désormais, rien ne permet d’assurer que les nouvelles pierres sont comparables à celles qui ont été posées par le passé, pas seulement car les carrières s’épuisent ou voient leurs matériaux varier dans leurs propriétés, mais également du fait que les pierres d’origine ont subi tout au long de leur vie dans la maçonnerie des environnements variables qui les ont durablement changées. Ainsi, choisir une solution de restauration demande aujourd’hui une prise en compte beaucoup plus transversale des disciplines scientifiques et des diverses problématiques auquel le bâti ancien est soumis.
Une technique n’est pas a priori meilleure ni plus sûre, qu’elle soit récente ou utilisée depuis longtemps. Par contre, suivant notre degré de maîtrise et notre...
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - PRICE (D.G.) - Weathering and weathering processes. - Quartely Journal of Engineering Geology. vol. 28, p. 243-252 (1995).
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(2) - PHILIPPON (J.), JEANNETTE (D.), LEFEVRE (R.A.) - La conservation de la pierre monumentale en France, - éd. Presses du CNRS, 269 p. (1992).
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(3) - PERRIER (R.) - Les roches ornementales, - Ed. PRO ROC 703 p. (2004).
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(4) - BIGAS (P.) MARTINET (G.), PIERRE ET PATRIMOINE - - Ouvrage collectif sous la direction de Jean-Philippe bigas et Gilles Martinet, édition Actes Sud / Cefracor, 216 p. (2009).
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(5) - ICOMOS-ISCS - Glossaire illustré sur les formes d’altération de la pierre - (International Scientific Committee for Stone). 86 p. (2008). https://www.icomos.org/publications/monuments_and_sites/15/pdf/Monuments_and_Sites_15_ISCS_Glossary_Stone.pdf
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DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
NORMES
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Méthode d’essai pour pierres naturelles - Détermination du coefficient d’absorption d’eau par capillarité. - NF EN 1925 - Juillet 1999
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Méthode d’essai des pierres naturelles - Détermination de la résistance en compression uniaxiale. - NF EN 1926 - Avril 2007
-
Conservation du patrimoine culturel - Lignes directives pour la caractérisation de la pierre naturelle utilisée dans la patrimoine culturels. - NF EN 16515 - Mai 2015
-
Méthode d’essai des pierres naturelles - Détermination du module d’élasticité statique. - NF EN 14580 - Août 2005
-
Méthode d’essai des pierres naturelles - Détermination de la vitesse de propagation du son. - NF EN 14579 - Mai 2005
-
Produits de carrière - Pierres naturelles - Prescriptions générales d’emploi des pierres naturelles. - NF B10-601 - Septembre 2019
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Travaux de bâtiment - Ouvrages en maçonnerie de petits éléments - Parois et murs...
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