Présentation
En anglaisRÉSUMÉ
Les technologies de l'information et de la communication étaient d'abord dans les transports de simples automatismes pour des fonctions spécifiques dans des entreprises isolées les unes des autres. Puis support d'échanges commerciaux, ces systèmes sont devenus les liens permanents avec les systèmes de paiement et les organisations publiques chargées du contrôle des activités de transport. Les perspectives actuelles leur attribuent des rôles très importants dans le pilotage des services de mobilité, ce qui soulève des questions sur leur gouvernance et leur fiabilité.
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In transportation, information and communication technologies used to be simple automated devices with specific functions in organizations having no relationship with one another. They then became the support of commercial exchanges, and thus permanent links between payment systems and public organizations in charge of the control of transport activities. According to current prospects, they are to play an essential role in the operation of mobility services, which raises questions on their governance and reliability.
Auteur(s)
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Jean-François JANIN : Ingénieur général des Ponts, des Eaux et des Forêts - chef de la mission Transports intelligents, ministère de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie
INTRODUCTION
Il s'agit de décrire l'intégration des technologies de l'information et de la communication dans le domaine des transports. Cette utilisation apporte des modifications sur l'organisation, ou encore l'usage des véhicules et des infrastructures, conduisant à de nouveaux modes de transport dits « intelligents ». Le secteur des transports emploie en France plus d'un million de personnes, il représente 18 % du PIB (350 Md €), dont la moitié environ correspond à une dépense des ménages. Les collectivités publiques dépensent 30 milliards d'euros par an pour l'entretien, la construction des infrastructures et les dépenses de fonctionnement des systèmes de transport qu'elles prennent en charge .
À défaut d'étude précise sur l'économie des transports intelligents, qui reste à faire, on notera que la conférence nationale de l'industrie qui réunit les représentants des grandes filières professionnelles indique dans son rapport pour 2011 que « le numérique représente plus du quart de la croissance en France et 40 % des gains de productivité de l'économie ». Bien articuler le monde des transports et le monde de l'informatique, des automatismes et des télécommunications est donc un sujet très important et très urgent. En effet, les transports ont beaucoup de difficultés à répondre aux besoins de mobilité avec une sécurité et une ponctualité acceptables, un bon niveau de confort, en maîtrisant les coûts, les consommations d'énergie, les émissions de pollution et les nuisances. Il faut profiter des évolutions rapides des technologies numériques et de la baisse relative de leurs coûts pour gagner en efficacité dans les modes de transport actuels et pour renouveler leurs usages (voir encadré vélo en libre service et covoiturage).
Les premiers systèmes de transport intelligents (STI) ont été développés pour faciliter la gestion des infrastructures (gestion centralisée des carrefours à feux) et l'exploitation des métros (automatisation). Les politiques publiques, notamment pour le financement des infrastructures et la sécurité routière, ont déjà largement utilisé les STI. L'innovation actuelle porte principalement sur les usages et la comparaison entre les différentes possibilités de réaliser des déplacements (multimodalité), de les décaler dans le temps voire de les éviter (gestion de la mobilité).
Deux aspects de ces systèmes sont complémentaires et à traiter en parallèle : un aspect technique et un aspect organisationnel. Comme au théâtre, on parle « d'acteur » pour désigner celui qui « joue un rôle » dans le monde du transport. Ces rôles sont fixés par des textes juridiques nationaux et internationaux qui fixent notamment les responsabilités de chacun des acteurs et leur permet de s'assurer pour les risques qu'ils prennent. Créer un mode de transport nouveau comme le covoiturage oblige rapidement à trouver un accord avec une compagnie d'assurance qui accepte de faire une police nouvelle pour des risques qui n'avaient pas été répertoriés précédemment.
Les systèmes de transport intelligents sont apparus au début des années 1980 dans l'exploitation des transports, mais le terme lui-même n'est apparu que dans les années 1990, dans le contexte des transports américains dominé par l'automobile. Les laboratoires de recherche qui avaient travaillé au programme « guerre des étoiles » (lancé par Reagan en 1983 et abandonné par Clinton en 1993) ont pensé que les technologies mises au point pour explorer l'espace permettraient de remplacer des voitures par des robots. Le concept de « route automatique » qui a fait l'objet de démonstrations en Californie (San Diego 1997) et au Japon n'a pas pu décoller du fait notamment des questions de responsabilité qui n'avaient pas été anticipées. Il a cependant traversé l'Atlantique sous l'appellation « route intelligente » et « voitures communicantes » puis « transport intelligent » en France (voir encadré Jeux de mots).
Les modes de transport se distinguent traditionnellement par les véhicules et les infrastructures utilisés (train à grande vitesse, autobus urbain, voiture sur autoroute...). S'agissant de systèmes dans lesquels le client final est partie prenante, la propriété et les conditions de mise à disposition des éléments fixes (route à péage, place de parking...) et mobiles (voiture personnelle, en location, en libre service...) permettent de créer des combinaisons variées entre les modes (intermodalité). Les systèmes d'information dont disposent les clients contribuent également à la diversification des usages selon les besoins comme le montre les deux exemples suivants :
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par rapport au vélo utilisé par son propriétaire, le vélo en libre service est un nouveau mode de transport qui doit son succès à un système « intelligent » évolué, tant pour la gestion des relations avec les clients (inscription, information, suivi, paiement...) que pour l'exploitation des stations et de la flotte des vélos (identification, maintenance, repositionnement...) ;
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de la même manière, une centrale de covoiturage repose sur une gestion de la clientèle, des points de rendez-vous et une évaluation collective de la qualité des services rendus qui en font un mode de transport qui diffère de la voiture utilisée en solo ou en famille, du taxi, du transport à la demande ou du stop.
Le premier congrès mondial sur les « transports intelligents » s'est tenu à Paris en 1994. À l'époque, les auditeurs étaient sensibles au fait qu'ITS en anglais évoquait plutôt « information technology system » (« IT system ») et que les transports (en fait les routes) allaient utiliser les techniques de collecte et de traitement de l'information. Ils pouvaient donc se demander si les « Intelligent Transport Systems » auraient l'audace des célèbres agents du « Secret Intelligence Service » (MI6, service de renseignement britannique) et les puissantes techniques d'« intelligence artificielle » de la Central Intelligence Agency (CIA) pour protéger le monde de la congestion ?
Le mot « intelligent » en français peut qualifier les capacités intellectuelles d'une personne mais aussi un comportement responsable dans la société. Le service public d'information routière mis en place par l'État pour éviter les bouchons sur la route des vacances à partir de 1976 s'appelait déjà « Bison fûté ». C'est souvent l'adjectif smart qui est employé dans ce sens en anglais : « smart card » pour la billettique, « smart transport » (voire « green ITS ») pour les systèmes de supervision multimodaux, « smart grid » pour la distribution d'électricité et « smart city » pour la « ville numérique » qui se veut écologique par ses « immeubles intelligents », ses « écoquartiers » et sa « mobilité durable ».
Sur les mots « cognition », « nouvelles technologies » et « intelligence », on écoutera avec profit la brillante conférence du philosophe Michel Serres donnée à l'INRIA en 2007 .
KEYWORDS
mobility | logistics | transportation | transportation | telematics and information technologies
DOI (Digital Object Identifier)
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1. Types d'usage des STI
1.1 Automatismes
L'utilisation de l'informatique est un moyen devenu classique d'apporter de la fiabilité et de la sécurité dans un processus industriel ou dans des prestations de service. Le contrôle-commande ferroviaire en est un bon exemple. La combinaison d'une automatisation des fonctions de base et d'une surveillance humaine permet de soulager les opérateurs de tâches répétitives et de leur confier une mission de surveillance d'ensemble du système. Les entreprises de transport ont introduit dans leur organisation des postes centralisés d'exploitation (pour la surveillance des gares, des feux rouges, de la circulation, des flottes de véhicules...) avec comme objectif d'assister les personnes chargées de la compréhension des événements anormaux et du choix de la stratégie adaptée. Le débat sur l'opportunité d'automatiser et le périmètre de cette automatisation est permanent. Il n'est pas spécifique au domaine des transports : pour augmenter la performance des systèmes (une grande capacité mobilisable au moment de la pointe) et améliorer la rentabilité économique (conduisant à une ouverture du service sans interruption et un taux d'indisponibilité du matériel très faible), on voit immédiatement qu'il est nécessaire de recourir à l'automatisation. Pour autant, les usagers ne sont pas prêts à faire confiance à des systèmes totalement dépourvus de présence humaine au contact des usagers ni à penser que tous les incidents possibles ont été répertoriés et seront bien détectés sans erreur dans toutes les circonstances.
HAUT DE PAGE1.2 Optimisation de l'exploitation et conseils aux usagers
L'automatisation fait référence à des systèmes qui sont munis de capteurs surveillant leur propre fonctionnement et collectant des informations sur l'état de l'environnement pour prendre des décisions en temps réel (changer de direction, accélérer, s'arrêter...), les exigences étant la fiabilité et la sécurité, en particulier vis-à-vis des perturbations issues d'événements extérieurs. Dans certains cas, par exemple la circulation routière, le système doit agir sur les comportements des usagers en leur donnant des informations. Ces informations n'agissent pas d'une façon déterministe mais plutôt probabiliste : en indiquant...
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BIBLIOGRAPHIE
-
(1) - * - Comptes des transports en 2001, p. 28-30 http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/publications/p/1938/873/comptes-transports-2011.html
-
(2) - * - Rapport 2011 de la Conférence nationale de l'industrie § 3.12, p. 66 http://www.industrie.gouv.fr/egi/rapport-annuel-CNI-2011.pdf
-
(3) - * - Conférence de Michel Serres 11 déc. 2007 à l'INRIA http://www.interstices.info/jcms/c_33030/les-nouvelles-technologies-revolution-culturelle-et-cognitive
-
(4) - * - Site du projet européen Instant Mobility pour la multimodalité des biens et des personnes en milieu urbain http://www.instant-mobility.com/
-
(5) - * - ACTIF, aide à la conception de systèmes de transport interopérables en France http://www.its-actif.org/
-
(6) - Les transports intelligents. - Site du...
DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
ANNEXES
ACTIF, aide à la conception de systèmes de transport interopérables en France http://www.its-actif.org/
CHOUETTE est un logiciel libre développé à l'initiative du ministère français chargé des transports, dans le but de faciliter l'échange de données d'offre (théorique) de transport collectif (TC), en s'appuyant pour cela sur la norme NFP 99506, dite Neptune, qui spécifie un profil d'échange XML http://www.chouette.mobi/spip.php?rubrique2
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Projets et journées d'information http://www.predim.org
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