Présentation
Auteur(s)
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Franck THIBAUDAU : Groupe de Physique des États Condensés (GPEC) Faculté des sciences de Luminy Université de la Méditerranée
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Lapparition en 1982 du microscope à effet tunnel a constitué une révolution dans le domaine des microscopies en introduisant le concept de micro-scopie de champ proche qui est à la base des microscopes à sonde locale. Différentes dans leur principe des microscopies traditionnelles, les microscopies à sonde locale (ou de champ proche) se développent en effet à partir des avancées scientifiques et techniques de la microscopie par effet tunnel. Utilisant toutes le balayage d’une pointe sonde à proximité d’un échantillon, elles fournissent des images qui sont des cartographies à très haute résolution de propriétés spécifiques de la surface de l’échantillon selon le type de sonde utilisé. Diverses propriétés (structurales, électroniques, chimiques, optiques...) et leurs variations locales à l’échelle nanométrique ou subnanométrique peuvent être ainsi imagées et étudiées. Grâce à leur grand pouvoir de résolution, les microscopies à sonde locale prennent le relais des microscopies classiques pour étudier la matière jusqu’à l’échelle atomique.
À l’heure actuelle, après quelques années de développement, de nombreux laboratoires de recherche et de l’industrie utilisent ces instruments d’observation et d’analyse. Ils permettent d’étudier les propriétés locales de surfaces (ou d’interfaces) dans des conditions très variées selon les applications : ultravide pour la physico-chimie des surfaces, milieu liquide pour la biologie et l’électrochimie, atmosphère contrôlée pour toutes sortes de matériaux et pour la métrologie en ligne de certaines applications du domaine recherche et déve-loppement. Le tableau A montre comment par la mesure locale et le contrôle de grandeurs ou quantités physiques (un courant, une force, une capacité, une intensité de rayonnement...), on peut accéder à des propriétés locales caractéristiques d’un échantillon.
Certains microscopes (cf. tableau A) permettent aussi de modifier de façon contrôlée la surface de l’échantillon en particulier en manipulant les atomes de surface ou en créant une réaction chimique locale sous la pointe. Ceci permet la fabrication de structures de taille nanométrique, ou la gravure de motifs. On a donc à la fois des instruments de caractérisation des surfaces de matériaux et des outils de gravure à l’échelle nanométrique.
Il existe une abondante littérature et de nombreux ouvrages de revue sur les microscopies à sonde locale. Dans cet article, nous dégagerons seulement les principales caractéristiques des nouveaux instruments et illustrerons les nombreux champs d’application dans différents domaines de la physique, de la biologie, de la métrologie et des nanotechnologies. Après la description du principe général d’un microscope à sonde locale et de son fonctionnement, nous nous attacherons à étudier de façon plus détaillée les premiers microscopes (STM et AFM ou leurs dérivés). Pour chaque instrument nous montrerons les impacts en recherche fondamentale (physique, chimie et biologie), métrologie et technologie. Nous traiterons ainsi de la microscopie par effet tunnel et de ses applications. Un paragraphe sera consacré au microscope à force atomique et à la microscopie de force et un autre abordera la microscopie de champ proche optique et ses applications. Les problèmes généraux de l’instrumentation seront traités à la fin de l’article.
VERSIONS
- Version archivée 1 de avr. 1989 par Frank SALVAN
- Version courante de juin 2023 par Agnès PIEDNOIR, David ALBERTINI
DOI (Digital Object Identifier)
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2. Le microscope à effet tunnel
2.1 Introduction
Conséquence de la dualité onde-corpuscule, l’effet tunnel se manifeste lorsqu’une particule doit traverser une région de l’espace où son énergie totale est inférieure à son énergie potentielle. Une telle région constitue une barrière de potentiel que la particule ne peut traverser. Cependant, si l’onde associée à la particule s’étend sur des dimensions comparables à l’extension de cette barrière, la mécanique quantique prévoit que la particule peut traverser par effet tunnel cette barrière de potentiel, interdite au sens de la mécanique classique. Depuis les prédictions de la mécanique quantique, de nombreuses manifestations de l’effet tunnel ont été observées en physique atomique et nucléaire.
C’est à la fin des années 20 qu’est prévu l’effet tunnel d’électrons au travers de la barrière de potentiel constituée par l’espace vide entre deux solides [2] ; ce n’est cependant que trente ans plus tard que l’on en voit la première réalisation expérimentale avec une barrière solide [3], et seulement en 1982 qu’une expérience fondamentale pour le développement de la microscopie par effet tunnel est mise au point par un groupe de chercheurs des laboratoires IBM de Zurich [4]. Ceux-ci mettent en évidence l’effet tunnel d’électrons dans le vide en mesurant un courant d’électrons qui franchissent par effet tunnel l’espace vide entre une pointe métallique et un échantillon métallique. La distance interélectrodes est contrôlée par un transducteur piézoélectrique. Conformément aux prédictions théoriques, ce courant tunnel dépend exponentiellement de la distance interélectrodes et, ce, dans un rapport de 1 à 104 variations de son intensité. Un modèle unidimensionnel d’effet tunnel entre deux électrodes métalliques planes (figure 2) permet d’appréhender les ordres de grandeur caractéristiques justifiant les performances d’un microscope à balayage basé sur la mesure et le contrôle de ce courant.
HAUT DE PAGE2.2 Effet tunnel entre deux électrodes métalliques planes
La figure 2 présente un diagramme...
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Le microscope à effet tunnel
BIBLIOGRAPHIE
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(1) - * - IBM Journal of Research and Develop. Vol. 30 no 4 et 5 (1996).
-
(2) - * - Scanning Tunneling Microscopy, Vol. I, II et III, éd. par (R.) WIESENDANGER et (H.J.) GÜNTHERODT, Springer Series in Surface Sciences (20, 28 et 30) Springer (1992, 1993, 1995).
-
(3) - WIESENDANGER (R.) - Scanning probe microscopy and spectroscopy. - Cambridge University Press (1994).
-
(4) - MAGONOV (S.N.), MYUNG-HWAN WHANGBOO - Surface analysis with STM and AFM. - VCH Publishers 1996.
-
(5) - CHUNLI BAI - * - Scanning tunneling microscopy and its application. Springer Series in Surface Sciences 32, Springer 1992.
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(6) - JOHN DI NARDO (N.) - Nanoscale characterization of surfaces and interfaces. - VCH 1994.
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