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RÉSUMÉ
A l’époque actuelle, les eaux souterraines ne sont plus seulement considérées comme un réservoir d'eau potable. Il est reconnu que les eaux souterraines représentent un élément important du cycle de l'eau, en particulier pour la maintenance des zones humides et du débit des rivières, avec un rôle important durant les périodes de sécheresse. Pour préserver la qualité de cette ressource et ne pas courir le risque d’affecter les écosystèmes aquatiques ou terrestres en surface, la prévention des pollutions est devenue un enjeu fondamental. Cependant, les mesures de prévention, de même que les programmes de surveillance et les actions de restauration de la qualité, sont sérieusement compliquées, de par le caractère inaccessible des eaux souterraines. Dans ce contexte, la directive cadre sur l’eau adoptée établit clairement la valeur environnementale des eaux souterraines.
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Groundwater is not currently considered only as a reservoir of drinking water. It is well known that groundwater constitute an essential element in the cycle of water, notably for the preservation of wetlands and river flows an play an essential role during periods of drought. In order to preserve the quality of this resource and avoid running the risk to impact the aquatic or terrestrial ecosystems, preventing pollution has become a crucial challenge. However, preventive measures as well as surveillance and quality restoration actions are extremely complex due to the inaccessibility of groundwater. Within this context, the Framework-Directive on water clearly establishes the environmental value of groundwater.
Auteur(s)
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Philippe QUEVAUVILLER : Docteur en océanologie - Docteur et HDR en chimie de l'environnement - Professeur associé à la Vrije Universiteit Brussel (VUB) - Fonctionnaire scientifique à la Commission européenne
INTRODUCTION
Les eaux souterraines représentent plus de 97 % des ressources en eau douce de la planète (en excluant les glaciers et les calottes glaciaires). Les 3 % restants sont composés principalement d'eaux de surface (lacs, rivières, zones humides) et d'humidité des sols. Jusqu'à une époque récente, les eaux souterraines étaient essentiellement considérées comme source d'eau potable (environ 2/3 des habitants de l'Union européenne dépendent des eaux souterraines pour répondre à leurs besoins domestiques). Cette ressource est également importante pour l'industrie (par exemple les eaux de refroidissement) et l'agriculture (irrigation). Il est pourtant devenu clair que les eaux souterraines ne doivent pas seulement être considérées comme un réservoir d'eau potable, mais également comme un écosystème aquatique fragile . À ce titre, les eaux souterraines représentent un élément important du cycle de l'eau, en particulier pour la maintenance des zones humides et du débit des rivières, jouant le rôle de tampon durant les périodes de sécheresse. En d'autres termes, elles assurent le niveau de base des systèmes aquatiques de surface (c'est-à-dire l'eau qui nourrit les rivières tout au long de l'année) qui, pour nombre d'entre eux sont, utilisés comme des ressources en eau et/ou pour les activités de loisirs. Dans de nombreuses rivières, plus de 50 % du flot annuel provient en effet des eaux souterraines. Lors des périodes d'étiage estivales, cette proportion peut s'élever jusqu'à 90 %. Ainsi, la détérioration de la qualité des eaux souterraines et leur surexploitation peuvent directement affecter les écosystèmes aquatiques ou terrestres qui leur sont liés.
Comme les eaux souterraines s'écoulent lentement sous la surface (en fonction des caractéristiques géologiques du sous-sol), l'impact d'activités anthropiques peut avoir des effets durant des périodes de temps très longues. Une pollution qui s'est produite plusieurs dizaines d'années auparavant – qu'elle soit d'origine agricole, industrielle ou liée à d'autres activités humaines – peut ainsi menacer la qualité des nappes phréatiques aujourd'hui et, dans certains cas, entraînera leur détérioration au cours de plusieurs générations. Ainsi, l'héritage du passé est clairement visible dans les zones des sites pollués à grande échelle, par exemple les sites industriels ou les zones portuaires, où il est tout simplement impossible – avec les technologies actuelles et les fonds publics et/ou privés – de nettoyer de telles pollutions à caractère régional. De plus, l'expérience acquise en matière de réhabilitation de tels sites au cours des vingt dernières années a montré que, dans la plupart des cas, les mesures de décontamination n'ont pas été suffisamment efficaces pour éliminer tous les contaminants et que les sources de pollution, même lorsqu'elles sont partiellement éliminées, continuent à diffuser pendant de longues périodes, en l'occurrence sur plusieurs générations . L'accent devrait donc avant tout être mis sur la prévention des pollutions.
En second lieu, comme les systèmes aquatiques de surface reçoivent des apports continuels d'eaux souterraines, une détérioration de la qualité de ces eaux aura inévitablement une incidence négative sur la qualité des eaux de surface. Autrement dit, la pollution de nappes phréatiques générera une détérioration de la qualité des écosystèmes aquatiques associés et des écosystèmes terrestres dépendants, si les réactions d'atténuation naturelle (« résilience ») telles que la dégradation biologique dans les milieux souterrains n'est pas suffisante pour éviter la dispersion des polluants.
Enfin, les eaux souterraines représentent une « ressource cachée » dont la quantité est, nous l'avons dit, bien supérieure à celle des eaux de surface, et pour lesquelles les mesures de prévention contre les pollutions, les programmes de surveillance et les actions de restauration de la qualité sont beaucoup plus complexes qu'en surface en raison de leur inaccessibilité. Ce caractère caché complique donc la localisation et l'évaluation quantitative des incidences de pollutions, et la mise en évidence de l'étendue des risques et des pressions. Des rapports récents indiquent toutefois que les pollutions d'origine domestique, agricole et industrielle sont, malgré des améliorations notables dans certains secteurs, toujours problématiques, soit en raison de rejets directs (effluents) ou indirects (par exemple liés à la dispersion de fertilisants azotés et pesticides, ou la lixiviation de polluants depuis des sites industriels). À titre d'exemple, selon l'agence européenne de l'Environnement , environ un tiers des masses d'eaux souterraines européennes présentent des valeurs de nitrates dépassant la norme de qualité de 50 mg/L. Alors que les sources ponctuelles ont généré la plupart des pollutions identifiées à ce jour, les pollutions diffuses sont de plus en plus mises en exergue comme ayant un impact croissant sur les nappes phréatiques.
Cet article donne un aperçu des aspects réglementaires (à l'échelle européenne) et techniques concernant la prévention, la protection et la restauration des eaux souterraines. Il repose essentiellement sur un ouvrage récent de l'auteur publié par les éditions Tec. & Doc. auquel le lecteur est invité à se référer pour de plus amples informations. Le lecteur est invité à consulter un ouvrage également publié par les éditions Tec. & Doc. pour plus de détails sur la chimie et les pollutions des eaux souterraines . Enfin, des ouvrages récents, décrivant les différents types d'aquifères en France et dans le monde, sont également disponibles dans la littérature .
VERSIONS
- Version courante de nov. 2017 par Philippe QUEVAUVILLER, Elisa VARGAS
DOI (Digital Object Identifier)
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4. Évaluation du fond géochimique et de l'âge des eaux souterraines
Les eaux souterraines forment des masses d'eaux complexes et tridimensionnelles dans lesquelles les phénomènes de recharge, conditions d'écoulement et les interactions avec l'environnement solide (roches, sols) peuvent être très localisées. Cela signifie que, dans une masse d'eau souterraine donnée, les caractéristiques chimiques, radiochimiques et biochimiques de l'eau varient à la fois dans l'espace (horizontalement et verticalement) et dans le temps. Ces caractéristiques peuvent être modifiées, en comparaison à des conditions naturelles, en cas de pressions anthropiques. Ainsi, la qualité de l'eau d'une masse d'eau donnée ne peut pas être représentée par une seule série de valeurs analytiques, et le degré de l'influence humaine ne peut pas être établi par simple comparaison avec une liste de référence .
Les termes anglo-saxons background (bruit de fond), threshold (seuil) et baseline sont fréquemment utilisés dans diverses disciplines en référence à des valeurs destinées à classifier les qualités des eaux souterraines (différentes selon les usages, cf. ), et afin d'identifier des concentrations anormales de substances en comparaison à des niveaux de concentrations jugés comme « typiques ». La définition suivante de baseline (que nous traduirons ici par (bruit de) fond géochimique) a été proposée : « Le...
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - GIBERT (J.) - Groundwater ecology – A tool for management of water resources. - GRIEBLER (C.), DANIELOPOL (D.L.), GIBERT (J.), NACHTNEBEL (H.P.) et NOTENBOOM (J.), éditeurs, Commission européenne, EUR 19887, rue de la Loi 200, B-1049 Bruxelles, 413 p. (2001).
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ANNEXES
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