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EnglishRÉSUMÉ
Les virus et autres codes malveillants recouvrent une réalité complexe. Il existe de nombreuses sous-catégories avec des techniques virales et des risques différents, à connaître pour une protection et une lutte efficaces. Cet article présente les virus dans un contexte général, et en lien avec les infections informatiques. Il expose toutes les variétés existantes pour ces programmes et détaille leur fonctionnement, avec leurs techniques d'adaptation aux défenses. Sont exposées également les techniques de lutte antivirale utilisées de nos jours, permettant de réduire les risques, sans toutefois les supprimer complètement. Enfin sont présentées les principales règles qui doivent être appliquées en amont de l’antivirus pour une politique de lutte efficace.
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Éric FILIOL : Directeur de recherche Laboratoire de virologie et de cryptologie opérationnelles de l’ESIEA, Laval, France
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Baptiste DAVID : Doctorant Laboratoire de virologie et de cryptologie opérationnelles de l’ESIEA, Laval, France
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Paul IROLLA : Doctorant Laboratoire de virologie et de cryptologie opérationnelles de l’ESIEA, Laval, France
INTRODUCTION
Le terme de virus informatique, né en 1984, est désormais bien connu du grand public. L’informatique, omniprésente dans le milieu professionnel et maintenant dans les foyers, l’utilisation d’Internet et plus généralement des réseaux (informatiques, téléphoniques), l’émergence des objets connectés et communiquants ont confronté, au moins une fois, la quasi-totalité des utilisateurs au risque viral. Cependant, il s’avère que dans les faits, la connaissance de ces derniers (au sens le plus large du terme) en matière de virologie informatique présente encore beaucoup de lacunes, au point d’augmenter les risques plutôt que de les diminuer. Le terme de virus, lui-même, est en fait improprement utilisé pour désigner une classe plus générale de programmes qui n’ont rien à voir avec les virus : vers, chevaux de Troie, bombes logiques, leurres… Les virus, de plus, recouvrent une réalité bien plus complexe qu’il n’y paraît. De nombreuses sous-catégories existent, de nombreuses techniques virales s’y rapportent, toutes impliquant des risques différents, qui doivent être connus en vue d’une protection et d’une lutte efficaces.
Afin d’illustrer l’importance du risque viral, résumons-le par quelques chiffres particulièrement pertinents : le ver ILoveYou a infecté en 1999 plus de 45 millions d’ordinateurs dans le monde. En 2003, le ver Sapphire/Slammer a infecté plus de 75 000 serveurs sur toute la planète, en dix minutes environ. Le virus CIH dit Chernobyl a obligé des milliers d’utilisateurs, en 1998, à changer la carte mère de leur ordinateur après en avoir détruit le programme BIOS. Les dégâts provoqués par ce virus sont estimés à près de 250 millions d’euros pour la seule Corée du Sud tandis que ce chiffre atteint plusieurs milliards d’euros pour un ver informatique. La menace représentée par les BotNets depuis 2002-2003 concerne, selon le FBI, un ordinateur sur quatre dans le monde, soit près de deux cent millions de machines infectées à l’insu de leur propriétaire. L’attaque Storm Worm, durant l’été 2007, a frappé en moins d’un mois, plus de 10 millions de machines à travers le monde. Ces chiffres montrent avec force l’importance d’une prise en compte sérieuse de la menace virale. Depuis, les attaques se sont tellement multipliées que les medias n’en font plus systématiquement écho. Cela semble être devenu une réalité avec laquelle particuliers et entreprises ont compris qu’ils devaient vivre. Le cas des ransomware en est un des exemples les plus illustratifs. La récente attaque du virus Wannacry en juin 2017 a cependant sorti le monde de sa torpeur : en donnant une seconde naissance à certains codes que l’on croyait appartenir au passé, il confirme avec force que les mafieux et autres pirates ne sont plus les seuls acteurs malfaisants utilisant les virus informatiques. Il faut en effet désormais y ajouter les États qui en font un usage de plus en plus fréquent non seulement dans leurs opérations d’espionnage mais également dans des opérations plus classiques de guerre : la dimension dite « cyber », après les composantes Terre, Air et Mer, est devenue une triste réalité.
Dans cet article, nous allons présenter les virus et les vers informatiques et les envisager dans le contexte général, plus réaliste aujourd’hui, des infections informatiques. Nous définirons dans un premier temps toutes les variétés existant pour ces programmes ainsi que leur fonctionnement, sans oublier leurs techniques d’adaptation aux défenses que l’utilisateur peut lui opposer. Dans une deuxième partie, seront exposées les techniques de lutte antivirale utilisées de nos jours. Ces techniques, bien que généralement efficaces et dopées par l’apport scientifique et technique du machine learning, ne suppriment pas tous les risques et ne peuvent que les réduire. Il est donc essentiel de ne pas faire reposer une politique de lutte antivirale sur la seule mise en œuvre d’un antivirus, aussi performant soit-il. Nous présenterons donc les principales règles, très efficaces lorsque strictement observées, qui doivent, en amont de l’antivirus, être appliquées.
VERSIONS
- Version archivée 1 de oct. 2003 par Éric FILIOL
- Version archivée 2 de avr. 2008 par Eric FILIOL
- Version courante de oct. 2024 par Éric FILIOL, Baptiste DAVID, Paul IROLLA
DOI (Digital Object Identifier)
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1. Infections informatiques
Les virus ne représentent qu’une partie, certes la plus importante, des programmes malicieux pouvant attaquer un environnement informatique. Le terme plus général d’infection informatique (les anglo-saxons utilisent le terme de malware) devrait de nos jours être utilisé pour décrire la grande variété de programmes malfaisants qui frappent les systèmes d’information modernes. Les travaux théoriques de Jürgen Kraus en 1980, puis de Fred Cohen et de Leonard Adleman ont en effet formalisé dans un cadre très élargi, la notion d’infection informatique. En particulier, ces auteurs ont caractérisé ces programmes soit à l’aide des machines de Türing, soit à l’aide des fonctions récursives. La figure 1 en détaille les différents types. Il existe plusieurs définitions de la notion d’infection informatique mais en général, aucune n’est véritablement complète dans la mesure où les évolutions récentes en matière de criminalité informatique ne sont pas prises en compte. Nous adopterons, pour notre part, la définition, générale, suivante :
Infection informatique
Programme simple ou auto-reproducteur, à caractère offensif, s’installant dans un système d’information, à l’insu du ou des utilisateurs, en vue de porter atteinte à la confidentialité, l’intégrité ou la disponibilité...
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - ADLEMAN (L.M.) - An abstract theory of computer viruses (Une théorie abstraite des virus informatiques). - In Advances in Cryptology, CRYPTO’88, Springer Verlag, Berlin Heidelberg, New York, p. 354-374 (1988).
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(2) - ARCAS (G.), MELL (X.) - Botnets : la « menace fantôme » ou pas ? - MISC Le journal de la sécurité informatique, Diamond Éditions, n° 27, sept.-oct. 2006.
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(3) - BRASSIER (M.) - Mise en place d’une cellule de veille technologique. - MISC Le journal de la sécurité informatique, Diamond Éditions, n° 5, p. 6-11, janv. 2003.
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(4) - CASES.LU - Sauvegarde des données - https://www.cases.lu/sauvegarde-des-donnees.html
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(5) - COHEN (F.) - Computer viruses (Les virus informatiques). - Thèse de doctorat, University of Southern California, janv. 1986.
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