Présentation
Auteur(s)
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François BOUVIER : Ingénieur de l'École centrale des Arts et Manufactures - Urbaniste SATG (Séminaire et Atelier Tony Garnier) - Architecte DPLG
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Gilles COURRET : Ingénieur de l'École nationale des Sciences appliquées de Lyon - Docteur ès sciences à l'École polytechnique fédérale de Lausanne - Chargé de cours à la Haute École d'ingénierie et de gestion du canton de Vaud
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Bernard PAULE : Architecte DPLG - Docteur ès sciences, chargé de cours à l'École polytechnique fédérale de Lausanne - Directeur associé d'Estia SA, Lausanne
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Lire l’articleINTRODUCTION
Chez l'homme, plus de trois quarts des informations que reçoit et traite le cerveau proviennent des yeux. L'orientation dans l'espace dépend essentiellement de sa perception visuelle de l'environnement. La précision de ses gestes est obtenue par le fait que l'œil les suit.
Pendant des millénaires, les hommes ont été tributaires de l'alternance des jours et des nuits. L'invention de moyens artificiels d'éclairage a considérablement atténué la rigueur de cette sujétion. Sous la réserve des contraintes de qualité du travail obtenu et du coût de la mise en œuvre de ces moyens, il est devenu possible de vivre, de se déplacer et de travailler, en dehors des heures où l'éclairage naturel est suffisant. Toute la vie sociale s'en est trouvée changée, ainsi que les conditions de travail. Dans ce dernier cas, on a pu s'affranchir absolument des conditions naturelles, aussi bien en faisant fonctionner les usines 24 heures sur 24, qu'en construisant des locaux aveugles.
Avant l'avènement des techniques performantes d'éclairage artificiel, l'utilisation de la lumière naturelle était une nécessité qui a, de ce fait, longtemps stimulé la recherche en architecture. Encore jusqu'au début du XXe siècle, le coût de l'énergie limitait le recours à l'éclairage artificiel. Les bâtisseurs s'assuraient que des baies, en nombre et surface suffisants, permettaient d'éclairer les locaux à la satisfaction des usagers. Avec la baisse continue, au cours du XXe siècle, des tarifs énergétiques, spécialement ceux de l'électricité, les constructeurs de locaux industriels n'y ont plus vu le même intérêt et s'en sont, parfois, complètement affranchis.
Depuis la crise pétrolière des années 1970, et bien que le coût de l'énergie n'ait pas augmenté au point de redevenir décisif, l'éclairage naturel a progressivement repris de l'importance en architecture. On distingue principalement trois raisons à ce retour en grâce :
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les avancées de l'ergonomie qui ont imposé la notion du rôle relationnel des fenêtres. L'importance des conditions de travail a rendu obligatoire la mise en place de moyens d'éclairage naturel ;
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les effets biologiques de la lumière sur l'homme qui sont maintenant mieux cernés. Aujourd'hui, nous savons que la variation quotidienne de la lumière joue un rôle de synchronisation de nos rythmes « internes » aux cycles diurnes et saisonniers. La lumière excite la sécrétion de certaines hormones, par une voie distincte du chemin visuel (noyau suprachiasmatique) ;
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la prise de conscience des impacts et des risques environnementaux engendrés par la production de l'électricité, que ce soit à partir de l'énergie nucléaire, hydraulique ou chimique (combustion).
Concernant ce dernier mode de production, la source d'énergie primaire est, généralement, un hydrocarbure d'origine géologique (houille, pétrole, gaz naturel) ; sa combustion libère dans l'atmosphère du gaz carbonique dont le carbone avait été fixé dans l'écorce terrestre des millions d'années auparavant. Avec celles des autres gaz à effet de serre, ces émanations sont considérées comme l'une des causes principales du réchauffement du climat. Leurs limitations font aujourd'hui l'objet d'un large consensus international. Le protocole de Kyöto (Japon), ouvert aux signatures en 1998, propose un calendrier de réduction de ces émissions gazeuses.
En France, la Haute Qualité Environnementale, qui a d'abord été un socle théorique consensuel, avant de devenir une marque déposée, s'est établie progressivement, au début des années 1990, entre divers acteurs de la construction. Cette démarche vise, entre autres, au renforcement du recours aux énergies renouvelables, donc, en particulier, à la lumière du jour.
La source de l'éclairage naturel est le soleil, ainsi que la voûte céleste, par le jeu de la diffusion de la lumière dans l'atmosphère. Les constructions qui abritent l'homme des intempéries sont essentiellement opaques et limitent l'effet de la luminosité du ciel. Il importe donc de connaître les conditions dans lesquelles des baies transparentes ou translucides permettent de répondre aux besoins, et de savoir calculer la surface de ces percements.
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Grandeurs photométriques
Caractérisent la lumière par son aptitude à stimuler une sensation visuelle chez un individu moyen. Selon sa distribution spectrale, deux rayonnements de même énergie peuvent, en effet, engendrer des sensations d'intensité très différentes. À certaines fréquences, dans l'infrarouge par exemple, notre vision n'a plus aucune sensibilité. L'efficacité lumineuse relative spectrale, donnée en figure 1, illustre les variations de sensibilité de l'œil humain en vision de jour, en fonction de la longueur d'onde considérée, abstraction faite de la sensation de couleur. On constate que le maximum est atteint pour un rayonnement de 555 nm, ce qui correspond à la couleur jaune.
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Flux lumineux
Noté Φ, s'exprime en lumen (lm). Il caractérise un faisceau lumineux. Dans un milieu parfaitement transparent, les flux lumineux et radiométriques d'un faisceau lumineux sont constants tout au long du trajet (conservation de l'énergie).
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Exitance M
Appelée autrefois « émittance », l'exitance d'une source lumineuse en un point est le quotient du flux élémentaire d Φ, rayonné par le voisinage du point considéré sur l'aire de ce voisinage dS :
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L'exitance s'exprime en watt par mètre carré (W/m2). Pour une source secondaire, c'est-à-dire une source qui n'éclaire qu'en renvoyant la lumière qu'elle reçoit, l'exitance est, au plus, égale à son éclairement.
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Luminance L
Caractérise un faisceau d'ouverture angulaire élémentaire dω et coupant une surface élémentaire dS. La direction de ce faisceau est définie par l'angle α que fait le rayon central du faisceau avec la normale à dS. Soit d 2Φ le flux de ce faisceau. La luminance est le rapport suivant :
Elle s'exprime en candela par mètre carré (cd/m2), autrefois appelé nit (nt).
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Intensité lumineuse I
Caractérise la brillance d'une source dans une direction donnée. C'est le flux lumineux élémentaire d Φ, émis dans cette direction, et son voisinage angulaire que divise l'angle solide dω ouvert par ce voisinage :
Elle s'exprime en candela (cd), ou lumen par stéradian (lm/sr). Pour mesurer cette grandeur, on place le capteur suffisamment loin de la source de façon à ce qu'il ne capte qu'un voisinage angulaire.
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Éclairement E en un point
Quotient du flux lumineux reçu au voisinage du point considéré par l'aire de ce voisinage dS :
L'éclairement s'exprime en lux (lx), ou lumen par mètre carré (lm/m2). Il résulte de cette définition que l'éclairement d'une surface réceptrice est un phénomène additif.
On pourra calculer indépendamment les effets sur une même surface de deux sources et en additionner les résultats. Dans la réalité, c'est bien ce que l'on constate : deux sources voisines additionnent leurs effets.
le lecteur pourra utilement se reporter aux articles suivants : Éclairage naturel[98], Éclairage naturel[99] et Éclairage naturel[100].
VERSIONS
- Version archivée 1 de févr. 1988 par François BOUVIER
- Version courante de mai 2020 par Yannick SUTTER, Bernard PAULE, François BOUVIER, Gilles COURRET
DOI (Digital Object Identifier)
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Accueil > Ressources documentaires > Archives > [Archives] Le second oeuvre et l'équipement du bâtiment > Éclairage naturel > Conclusion
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5. Conclusion
On a pu croire, pendant quelques années ou, même, quelques décennies, que l'on pouvait s'affranchir du recours à l'éclairage naturel. Cette conception, qui a prévalu après la seconde guerre mondiale, est en partie liée au formidable essor économique de cette période. Elle s'appuie sur l'évolution considérable des techniques et découle, essentiellement, de la croyance, héritée du siècle des Lumières, que l'homme est appelé à dominer le monde, croyance qui s'est transformée en celle que l'homme pouvait s'affranchir des forces de la nature.
Concernant l'environnement proche de l'homme, ce que l'on appelle aussi les « facteurs d'ambiance », cette conception traduit une approche mécaniste de l'homme, considéré comme un système physique, éventuellement physiologique.
Selon cette approche, les techniciens de l'équipement intérieur des locaux tendent à réaliser un environnement totalement artificiel, parfaitement maîtrisé et, par là même, considéré comme répondant parfaitement aux exigences humaines. Ainsi, s'est-on parfois orienté vers la conception de locaux absolument aveugles. Cependant, il s'est avéré que leurs occupants rejetaient de telles conditions de vie.
Bien que cette conception ne se soit véritablement développée que dans le domaine des locaux de travail et des galeries marchandes, il apparaît que l'on ne peut accepter de priver l'homme d'éclairage naturel. On peut, évidemment, se demander pour quelles raisons la demande en lumière du jour se manifeste et, même, se poser la question de sa réduction définitive. La technique rendra en effet, peut-être un jour, possible de reproduire les conditions de l'éclairage naturel.
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Or, d'une part et essentiellement, les études sur la satisfaction visuelle ont montré l'incompatibilité entre les règles de l'éclairage artificiel et les effets résultants d'un éclairage naturel. Dans le premier cas, les enquêtes de satisfaction montrent que la luminance du plan de travail doit excéder celle du champ visuel périphérique, alors que l'expérience montre, dans l'autre cas, une acceptation parfaite d'un environnement visuel où les plages les plus lumineuses se trouvent dans le champ visuel périphérique. La raison de cette dichotomie comportementale provient, bien sûr, du fait que les ouvertures de l'enveloppe du bâtiment n'apportent pas seulement de la lumière, mais aussi un contact visuel sur l'extérieur, ce qui est essentiel sur...
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - La lumière du jour dans les espaces intérieurs. Guide pour le projet d'éclairage naturel. - AFE Paris, Lux Éditeur, nov. 1983.
-
(2) - Daylight. - Publication no 16, CIE (1970).
-
(3) - GRANDJEAN (E.) - Ergonomics of the home. - London, Taylor and Francis Ed. (1973).
-
(4) - HUTIN (A.) - Éclairage naturel des locaux de travail. - Cahiers de notes documentaires, INRS, no 61, note no 714-61-70 (1970).
-
(5) - Sunlight and daylight. Planning criteria and design of buildings. - Department of the Environment. London, HMSO (1971).
-
(6) - NICOLET (M.), DOGNIAUX (R.) et coll - L'éclairage naturel et ses applications. - Bruxelles, Sic Éd. (1964).
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...
ANNEXES
Revues
Les Cahiers du CSTB.
Lux.
Revue Internationale de l'Éclairage.
Les Annales de l'ITBTP.
Techniques et Architecture.
Light and lighting.
IES Lighting Review.
Illuminating Engineering.
Architectural Science Review.
The Architect's Journal.
Lichttechnik.
HAUT DE PAGE2 Bases de données et Logiciels de calcul
(liste non exhaustive)
ADELINE http://www.ibp.fhg.de/wt/adeline/
DIALux http://www.dialux.com/
Dial-Europe http://www.estia.ch/
Éclairage naturel des bâtiments – site d'informations générales http://www-energie.arch.ucl.ac.be/eclairage/accueil.htm
Ecotect http://ecotect.com/home
Meteotest http://www.meteotest.ch/
Radiance http://radsite.lbl.gov/radiance/HOME.html
Relux www.relux.biz/pdf/flyer_vision11_12.pdf
Satel-Light,...
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