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Pierre QUONIAM : Inspecteur Général des Musées de France
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Lire l’articleINTRODUCTION
Tout semble concourir à faire de la construction d’un musée, de son installation dans un bâtiment déjà existant, de son extension ou encore de sa restructuration une opération architecturale des plus complexes, une de celles, à tout le moins, qui, parce qu’elles intègrent de multiples et variables données, ne peuvent être programmées selon un schéma unique, valable dans tous les cas. Car en ce domaine, par excellence, il n’est que des cas d’espèce.
Et cela pour une première raison qui, si évidente soit‐elle, doit être toujours rappelée : un musée est, fondamentalement, constitué de collections. Or, la gamme de celles‐ci, on ne l’ignore pas non plus, est pour ainsi dire infinie ; son allongement progressif, depuis deux siècles, a singulièrement élargi le champ de la muséologie : art, archéologie, histoire, ethnologie, sciences exactes et naturelles de la terre et de la vie, technologie, innombrables produits de la sensibilité, de l’invention, de l’activité de l’homme, depuis ses origines les plus lointaines et jusque dans ses comportements les plus quotidiens, tout est devenu matière à collection. Au point qu’avec l’apparition consécutive de formules muséologiques nouvelles, telles que l’écomusée ou l’aire de présentation du patrimoine industriel, c’est la notion même de musée, traditionnellement liée à celle de bâtiment, que cette prodigieuse prolifération tend à faire éclater.
Diversifiés par la nature et par la richesse de leurs collections, par les conditions dans lesquelles elles sont nées, se sont développées et peuvent encore s’accroître, les musées le sont aussi par les soins qu’imposent la conservation, l’entretien et la mise en valeur des fonds qu’ils rassemblent, par les actions de recherche scientifique et de diffusion culturelle qu’ils suscitent, par les publics, chaque jour plus nombreux et plus variés, qu’ils attirent, ainsi que, on ne saurait non plus l’oublier, par les moyens financiers que leurs propriétaires, personnes morales ou privées, sont en mesure de dégager. Enfin, qu’elle soit dictée par le choix d’un terrain ou par l’utilisation d’un bâtiment préexistant, l’implantation du musée ajoute encore à cette diversification quasi illimitée.
On conçoit que, dans ces conditions, la conduite de la programmation muséologique ne puisse être systématisée : y prétendre relèverait de la gageure. Du moins est‐il possible de présenter, à défaut de règles précises et de normes rigoureusement définies, applicables dans un ordre intangible, les recommandations qu’appelle le plus généralement ce travail préparatoire, toujours nécessaire sous peine d’échec grave, à l’élaboration du projet architectural. Pour en dresser un catalogue logique, avec le minimum d’oublis et de redites, et sans abuser non plus des évidences, l’examen successif des principales faces de l’organisation fonctionnelle du musée paraît bien offrir la meilleure démarche : implantation, accueil des publics, exposition des collections, animation, recherche, gestion.
Cette revue, toutefois, ne peut être abordée sans que soit au préalable évoquée une tâche entre toutes indispensable et, dans tous les cas, initiale : l’analyse des collections.
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2. Implantation
De moins en moins rares sont de nos jours, dans le monde, les créations ou réorganisations de musée qui donnent lieu à des constructions nouvelles. Sauf, évidemment, dans le cas de la réorganisation du musée dans le bâtiment qu’il occupe et qui peut faire l’objet d’une extension, l’utilisation d’un bâtiment plus ou moins ancien, construit et jusque‐là utilisé à d’autres fins que muséales, demeure encore la solution la plus fréquemment adoptée, surtout dans les pays qui, comme la France et la plupart des autres pays européens, possèdent un abondant patrimoine immobilier.
Chacune des deux solutions présente, en principe, des avantages qui lui sont propres. La première (construction nouvelle) est de nature à permettre une meilleure réalisation du programme musé ologique et à offrir au maître d’œuvre une plus grande liberté d’expression ; elle sera, par là même, l’occasion, éventuellement recherchée, d’un geste architectural. La seconde (utilisation d’un bâtiment vacant) retiendra souvent l’attention du maître d’ouvrage par son coût, estimé – à première vue – moins élevé que celui d’une construction, et par le réemploi qu’elle procure d’un édifice dont on n’a plus par ailleurs l’usage : un réemploi tenu généralement pour judicieux lorsqu’il s’agit d’un monument historique, surtout si l’historicité de celui‐ci n’est pas sans rapport avec celle des collections que l’on se propose d’y présenter.
Mais, dans la réalité, l’une et l’autre solution – et pas seulement la seconde – peuvent présenter, du point de vue muséologique, des inconvénients. Plus ou moins graves, ils doivent être, dans chaque cas, rapidement détectés, mesurés et, si aucun d’eux ne fait obstacle à l’implantation envisagée, mis en balance avec les avantages de celle‐ci, non moins précisément évalués. On ne saurait trop insister sur l’importance qu’il faut attacher à ce check-up, qu’il s’applique à un bâtiment ou à un terrain : de l’opportunité de l’implantation dépend, pour une large part, la réussite de l’entreprise.
Pour procéder à cet examen, avec la meilleure assurance et dans les meilleurs délais, s’avère donc indispensable l’esquisse de programme qu’aura déjà permis...
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