Présentation
Auteur(s)
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Farida DARKRIM-LAMARI : Chargée de recherche au CNRS - Laboratoire d’ingénierie des matériaux et des hautes pressions (LIMHP, CNRS UPR 1311)
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Pierre MALBRUNOT : Directeur du comité technique à l’Association française de l’hydrogène (AFH )
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Au XIXe siècle, l’avènement de la machine à vapeur a permis un remarquable développement des transports et de l’industrie. Cette vapeur capable de fournir directement de l’énergie mécanique mais qui n’existe pas comme telle dans la nature – il faut la produire en chauffant de l’eau – était en quelque sorte le premier vecteur énergétique. Puis, à la fin de ce même siècle, tout s’est encore accéléré lorsque sont apparus le moteur à explosion et l’électricité. Le premier permettait d’obtenir de l’énergie mécanique à partir des carburants liquides issus du pétrole présent dans la nature. La seconde, due aux propriétés des constituants de la matière, était un nouveau vecteur énergétique aux possibilités quasi infinies et dont nous connaissons de nos jours, par l’électronique et ses applications, les prolongements les plus évolués et les plus prometteurs. C’est ainsi qu’au XXe siècle, il ne fut pas d’activité humaine qui n’ait pas été bouleversée par les retombées de ces deux révolutions techniques. Le monde est alors entré dans « l’ère industrielle » assortie de la « civilisation de l’automobile », l’une et l’autre à l’origine de profondes transformations économiques et sociales. Mais pour alimenter l’extraordinaire développement qui s’en est suivi, il a fallu – et il faut toujours – de plus en plus d’énergie, c’est pourquoi les ressources de notre planète ont été exploitées sans limite : houille, pétrole, gaz naturel, hydraulique et énergie provenant de la fission de combustibles nucléaires. Aujourd’hui, nous en mesurons les conséquences, elles sont à la hauteur de cette démesure : risque d’épuisement des ressources fossiles, accumulation de déchets nucléaires, pollution atmosphérique menaçant la santé publique et effet de serre additionnel qui contribue au réchauffement de la planète. Et pourtant, cette évolution dévoreuse d’énergie se poursuit et nourrit une croissance permanente qui va de pair avec l’émergence des pays en voie de développement et l’augmentation de la population mondiale. Il est ainsi prévisible que par rapport à 1970, les besoins en énergie doublent en 2020 et triplent à la fin du XXIe siècle.
Pour résoudre une telle contradiction entre le besoin croissant d’énergie, l’épuisement des combustibles fossiles, l’effet de serre additionnel et la pollution, plusieurs solutions concomitantes sont possibles :
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réduire les consommations d’énergie par des actions « d’utilisation rationnelle » ;
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diminuer la pollution et les rejets à effet de serre en utilisant des carburants mieux appropriés ;
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poursuivre l’utilisation de l’énergie nucléaire en souhaitant un jour l’aboutissement de la fusion qui à l’heure actuelle tient du pari scientifique ;
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faire appel à des énergies dites renouvelables : éolienne, solaire, hydraulique, biomasse, géothermie ;
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utiliser l’hydrogène, une énergie propre et stockable.
L’hydrogène est en effet un gaz non toxique et très énergétique. Il est capable de produire de la chaleur par combustion directe avec, comme résidus, de l’eau et des oxydes d’azote, mais aussi de produire de l’électricité dans les piles à combustible avec comme seul résidu, de l’eau. Mais l’hydrogène n’existe pas à l’état libre dans la nature, il ne s’y trouve qu’à l’état combiné, surtout dans l’eau et les hydrocarbures. Il faut donc le produire ; en cela, il est comme l’électricité, un vecteur énergétique.
Dans les dossiers qui suivent, nous n’abordons l’hydrogène que du point de vue de sa valeur énergétique en laissant de côté ce qui est lié à ses propriétés chimiques, par lesquelles il joue d’ailleurs un rôle important dans l’industrie pétrolière, l’industrie chimique et dans certaines technologies. Dans le présent dossier, nous traitons de sa production. Produire l’hydrogène, c’est l’extraire de ses composés (eau, hydrocarbures, biomasse) par une opération chimique ou physico-chimique qui nécessite une certaine dépense d’énergie : c’est là un des problèmes de l’utilisation de l’hydrogène énergie.
Dans le dossier [Combustible hydrogène- Utilisation], nous nous intéressons à sa conversion énergétique, à sa mise à disposition et aux problèmes liés à la sécurité, aux possibles conséquences économiques et sociétales d’un emploi généralisé et, en conclusion, nous livrons une analyse de ce qui reste à accomplir pour que ce vecteur énergétique s’impose.
VERSIONS
- Version archivée 2 de oct. 2013 par Moussa DICKO, Farida DARKRIM-LAMARI, Pierre MALBRUNOT
- Version courante de juil. 2023 par Farida LAMARI, Patrick LANGLOIS, Pierre MALBRUNOT
DOI (Digital Object Identifier)
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2. Filières en recherche et développement
2.1 Production par dissociation de l’eau à partir d’un réacteur nucléaire
Les réacteurs nucléaires produisant chaleur et électricité sans émission de gaz à effet de serre peuvent permettre de dissocier l’eau pour la production d’hydrogène par électrolyse haute température ou bien encore par un processus thermochimique sans production d’électricité intermédiaire . C’est en particulier la perspective d’une génération de réacteurs nucléaires à haute température refroidis au gaz (HTGR : high temperature gas cooled reactor) , qui rend envisageable de telles filières pour produire de l’hydrogène.
HAUT DE PAGE2.1.1 Électrolyse à haute température associée à un réacteur nucléaire
Par rapport à l’électrolyse traditionnelle, l’électrolyse à haute température (EHT) présente deux avantages :
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la part d’euthalpie libre nécessaire à la dissociation – ici sous forme d’énergie électrique – est diminuée. Elle est en fait compensée par une plus grande part d’énergie thermique ;
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les pertes ohmiques à l’électrolyseur, qui sont principalement liées...
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