Le Pacte vert pour l’Europe annoncé en décembre 2019 implique de réduire, d’ici à 2050, les émissions de gaz à effet de serre (GES) du secteur des transports de 90 % par rapport à 1990, dans le cadre d’un effort plus vaste de transition vers une économie neutre pour le climat. Les transports représentant environ un quart du total des émissions de GES de l’UE, le transport routier pesant pour 72 % de cette part, une transition vers des carburants alternatifs à plus faible teneur en carbone, notamment l’électricité, constitue un levier essentiel pour réduire les émissions dues au transport routier.
En 2020, malgré un déclin global des nouvelles immatriculations dû à la pandémie de Covid-19, la part de marché des véhicules électriques et hybrides rechargeables a considérablement augmenté, insiste le rapport de la Cour des comptes EU. Cependant, les réseaux de recharge ne connaissent pas le même essor.
Certes, le nombre de points de charge est passé de 34 000 en 2014 (UE et Royaume-Uni) à 250 000 à fin septembre 2020, et trois pays (France, Allemagne, et Pays-Bas) représentent 60% des points de charge installés. La trajectoire actuelle ne permettra donc pas d’atteindre l’objectif, a indiqué Ladislav Balko, membre de la Cour responsable du rapport, lors de la présentation du document le 13 avril. En outre, face à la montée en puissance des véhicules électriques, il faudrait atteindre 3 millions de bornes d’ici à 2030 pour entrer dans le cadre. Il faut donc accélérer. Sans oublier qu’à peine 13% des bornes sont des charges rapides, freinant ainsi le développement d’une mobilité électrique pour de longs trajets sur les réseaux autoroutiers.
Et ce malgré plusieurs réussites à mettre au crédit de la stratégie européenne, comme l’émergence d’une prise standard commune au niveau de l’UE pour la recharge des véhicules électriques. Ainsi, même avec l’amélioration des conditions d’accès aux différents réseaux de recharge et l’interopérabilité des prises, parcourir l’UE au volant d’un véhicule électrique reste compliqué.
Les auditeurs européens constatent en effet que la disponibilité des bornes de recharge ouvertes au public varie considérablement d’un pays à l’autre, que les systèmes de paiement sont loin d’être harmonisés et que les utilisateurs n’ont pas suffisamment accès à des informations en temps réel, notamment sur le positionnement des points de charge.
« L’an dernier, une voiture sur dix vendue dans l’UE était un véhicule électrique rechargeable, mais les infrastructures de recharge sont inégalement réparties sur le territoire européen. Nous pensons que la Commission devrait soutenir davantage le développement du maillage au niveau européen et devrait s’assurer que le financement de l’UE parvienne là où le besoin est le plus impérieux », insiste le rapporteur.
D’après les auditeurs, aucune analyse approfondie du déficit n’a été réalisée afin de déterminer le nombre de bornes de recharge ouvertes au public nécessaires, l’endroit où elles devraient être installées et la puissance qu’elles devraient délivrer. Le financement au titre du mécanisme pour l’interconnexion en Europe (MIE) n’a pas toujours été acheminé là où le besoin était le plus aigu, et l’UE ne s’est dotée ni d’objectifs clairs et cohérents, ni d’exigences minimales communes en matière d’infrastructures, insistent les rapporteurs de la Cour. La multiplicité des systèmes de paiement et d’information complique l’expérience des utilisateurs. Par exemple, les informations sur la disponibilité en temps réel, la recharge et la facturation ne sont guère coordonnées entre les différents réseaux.
Cinq grandes recommandations
Dans l’optique de la révision actuelle du principal cadre stratégique et législatif régissant l’électromobilité, les auditeurs recommandent à la Commission européenne d’élaborer, d’ici à la fin de l‘année, une feuille de route stratégique pour atteindre les objectifs en matière d’infrastructures de recharge (recommandation 2). En outre, le rapport préconise d’établir des normes et des exigences minimales sur l’ensemble du réseau transeuropéen de transport, ou RTE-T (recommandation 1). Avec le concours des coordonnateurs des corridors du réseau central du RTE-T, la Commission devrait de plus élaborer une analyse du déficit d’infrastructures afin de déterminer, à l’aune des exigences de la directive sur le déploiement d’une infrastructure pour carburants alternatifs et du règlement RTE-T révisés, quels sont les tronçons du RTE-T équipés d’un nombre insuffisant de points de recharge, le nombre de points de recharge nécessaires et leur type (recommandation 3).
Les auditeurs préconisent également d’allouer le financement sur la base de critères objectifs et d’analyses du déficit et de veiller à ce que les projets cofinancés garantissent un accès durable et non discriminatoire à tous les utilisateurs (recommandation 4). Enfin, la recommandation 5 vise à « garantir un accès durable et équitable aux infrastructures cofinancées ».
Le rapport spécial n° 05/2021 de la Cour des comptes européenne, intitulé Infrastructures de recharge pour véhicules électriques : des bornes de recharge plus nombreuses mais inégalement réparties dans l’UE, ce qui complique les déplacements, est disponible sur le site eca.europa.eu dans 23 langues de l’UE (ici en français).
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