La durée de vie moyenne des batteries Li-ion des véhicules électriques (VE) oscille entre 8 et 12 ans, selon l’utilisation qui en est faite. Or, la batterie est, de loin, la pièce la plus chère d’un VE (entre 30 et 50 % du prix !). Mais dire que ces batteries sont en fin de vie est une question de point de vue, car une batterie est considérée comme obsolète lorsqu’elle passe en-dessous de 70 % de sa capacité initiale. Pourquoi cette valeur seuil ? Tout simplement parce qu’en-dessous, elle ne permet plus au véhicule de conserver une autonomie suffisante.
Mais ces batteries conservent tout de même trois quarts de leur capacité. Ne pourraient-elles pas convenir à d’autres usages moins exigeants ? La réponse semble être oui.
La réutilisation des batteries « usagées », un marché en devenir
D’après une étude de l’entreprise IDtechEx, le marché de la seconde vie des batteries de véhicules électriques devrait atteindre 4 milliards de dollars d’ici 2035, du fait de l’augmentation du nombre de batteries arrivant en fin de vie et de la croissance rapide des ventes de véhicules.
L’étude tend aussi à montrer que le recyclage n’est pas forcément la priorité si l’on veut valoriser au maximum les batteries usagées et elle identifie au moins trois pistes pour prolonger leur durée de vie :
- le remplacement de certains modules ou cellules, pour réutilisation dans des VE ;
- la réutilisation de cellules pour des applications d’électromobilité de faible puissance ;
- la réutilisation pour du stockage d’énergie stationnaire.
Réutilisation des batteries pour le stockage d’énergie stationnaire
Le stockage d’énergie stationnaire à partir de batteries usagées est une technologie mature. Le projet de recherche européen ELSA (Energy Local Storage Advanced system), démarré en 2015, a d’ailleurs été un succès qui a abouti à la création de plusieurs pilotes en Allemagne, Italie, Espagne, Royaume-Uni, mais aussi en France. Or, ces pilotes ont permis de démontrer la faisabilité technique et la viabilité économique de l’utilisation de batteries de seconde vie pour le stockage d’énergie.
D’ailleurs, les projets consistant à réutiliser ces batteries pour le stockage stationnaire sont en train de se multiplier. Par exemple, Mob-Energy, une entreprise lyonnaise, propose Eiko, une solution de stockage dédiée à la recharge des voitures électriques.
Mob-Energy récupère les batteries usagées auprès des constructeurs, garages, ou entreprises. Les modules de batteries suivent alors tout un processus de qualification et de transformation, puis sont réassemblés par six afin de créer de nouveaux packs batterie. Ces packs batteries permettent alors de fabriquer Eiko, un cube de stockage d’électricité destiné aux parkings d’entreprises et de collectivités.
Chaque cube est relié au réseau électrique (10 à 30 kW), peut contenir deux ou trois packs de 50 kWh et peut être connecté à vingt points de charge.
Autre exemple : avec son concept « Second Life », Porsche développe également des solutions du même type, en utilisant les batteries de ses véhicules. Le constructeur a par ailleurs démontré que son système était conçu pour durer plus de dix ans.
De tels concepts permettent donc aux batteries neuves de durer au moins vingt ans, en comptant la première et la seconde vie, dont la durée est finalement équivalente.
Applications de mobilité électrique moins exigeantes
Mais au-delà du stockage stationnaire, les batteries de véhicules électriques peuvent aussi avoir une seconde vie en mobilité. Le groupe Renault, également partenaire du projet ELSA, fait d’ailleurs la promotion sur son site de la start-up Green-Vision, qui développe des alternatives très variées en mobilité deux-roues : vélos à assistance électrique, scooters de livraison de pizzas et même les motos.
Par ailleurs, TotalEnergies semble également soutenir ce type de solution.
Il ne reste donc plus qu’à attendre que le marché de la seconde vie se développe, ce qui ne saurait tarder, si l’on en croit une autre étude, conduite par Meticulous Research® et qui prévoit un taux de croissance annuel autour de 43,9 % entre 2024 et 2031.
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