L’industrie française a perdu 1,4 million d’emplois en 25 ans. Le constat est traumatisant, et les explications nombreuses.
Au-delà du chiffre, c’est l’image de l’outil industriel français qui s’est dégradée chez tous nos concitoyens. Cependant, depuis quelques années, des sondages laissent penser que les Français se “réconcilient” avec leur industrie. Soit.
L’usine du futur présente pour l’Hexagone une réelle occasion de rapprocher les Français de leur industrie. Mais pas que.
Les enjeux se situent essentiellement sur deux plans : l’emploi et le social
Concernant l’emploi, l’occasion est belle pour l’industrie française de dépoussiérer une panoplie de métiers aujourd’hui peu attirants pour les jeunes. Les compétences recherchées pour travailler dans les smart factories vont être de plus en plus pointues. D’où la nécessité de se former tout au long de sa carrière.
Numérique, fabrication, informatique, robotique, CAO, intelligence artificielle… Les domaines de compétences indispensables à la mise en place des usines du futur sont populaires auprès des jeunes, valorisées intellectuellement et également au niveau salarial. A partir de là, il est facile de percevoir tous les bénéfices que l’industrie française pourrait tirer de ce virage technologique, en termes d’image des “emploi industriels”.
Côté social, l’usine du futur pourrait avoir une influence très importante. En effet, les compétences requises pour travailler dans une smart factory sont importantes. On pourrait donc penser que ces métiers seront réservés à une élite d’ingénieurs. Eh bien non. Pour deux raisons.
D’abord, En admettant que les usines du futur se généralisent dans les années à venir, les besoins métiers seront très importants. Difficile d’imaginer cet avènement sans une implication au niveau national sur les besoins de formation. Pour résumer, il faudra former beaucoup de futurs salariés, et cela sera impossible sans que l’Etat n’en soit en partie à l’initiative.
Ensuite, on sait que les technologies qui permettent d’imaginer l’usine du futur sont sans cesse en évolution. D’où le besoin de formation continue, tout au long de la carrière. Cette nécessité va bouleverser les carrières, et notamment donnera la possibilité à des candidats ayant une formation initiale éloignée des métiers de l’usine du futur d’y converger.
A condition de relever les défis de formation liés à l’usine du futur, la France pourrait réussir à recentrer l’industrie plus près du quotidien de ces concitoyens, via les emplois suscités et la formation continue, ce qui accentuerait la relation entre le salarié et l’usine.
Au-delà, l’aspect “social” de l’usine du futur, avec le concours de l’Etat, pourrait être majeur, comme on l’a dit. Même s’il est impossible aujourd’hui de se projeter sur les conséquences sociales de l’avènement de l’usine du futur, on peut imaginer deux scénarii très distincts : soit un fossé grandissant entre les salariés formés sur ces nouvelles technologies et les autres, soit un mouvement général de montée en compétences sur ces technologies.
La deuxième option paraît presque naïve dans son énoncé. Pourtant les besoins, eux seront là. Il semble bien que le chemin que nous prendrons dépend en grande partie de l’impulsion que l’Etat donnera pour former ses nouvelles générations, ou pour laisser l’industrie se charger seule de cette très – trop – lourde tâche.
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