Une étude révèle que le changement climatique devrait provoquer une hausse des prix de l'alimentation qui pourrait se chiffrer à plus 3 % par an en moyenne dans le monde d'ici à 2035. Cela s'explique par la sensibilité du secteur agricole aux conditions météorologiques. Ce phénomène aurait un impact sur l'inflation globale des pays.
L’impact des conditions météorologiques sur le prix des biens et des services est un phénomène peu étudié. Dans un contexte de changement climatique, évaluer cette corrélation est un enjeu crucial sur le plan économique, ainsi que pour le bien-être des populations et la stabilité politique. L’ONU estime par exemple que la crise du coût de la vie des années 2021 et 2022 a précipité 71 millions de personnes supplémentaires dans la pauvreté en raison de la hausse rapide des prix. Une étude de l’Institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact du climat en Allemagne (PIK : Potsdam-Institut pour Klimafolgenforschung) et de la Banque centrale européenne (BCE), publiée dans la revue Communications Earth and Environment, révèle que le réchauffement climatique pourrait menacer la stabilité des prix.
Les chercheurs ont étudié 27 000 observations d’indices mensuels des prix à la consommation dans 121 pays du monde sur la période 1996-2021 et fait le lien avec des indices climatiques (températures élevées, précipitations extrêmes,…). Grâce à des projections, ils ont calculé que la hausse des températures d’ici à 2035 en raison du réchauffement climatique devrait entraîner une pression inflationniste à la hausse dans le monde entier. En moyenne, l’augmentation annuelle des prix alimentaires devrait atteindre à 0,92 % dans le meilleur scénario et jusqu’à 3,23 % dans celui le moins favorable. La pression inflationniste globale devrait quant à elle être environ deux fois moins importante, et se chiffrer respectivement entre 0,32 % et 1,18 %.
La hausse des prix alimentaires s’explique par « un choc de productivité du côté de l’offre étant donné les preuves considérables des impacts sur la production agricole dus à la température et à d’autres fluctuations météorologiques », écrivent les auteurs de cette publication. D’autres études auparavant ont en effet déjà mis en évidence le fait que l’agriculture est particulièrement sensible au réchauffement climatique. Ici, ces travaux permettent de montrer que l’impact très important sur le prix des denrées alimentaires devrait avoir des répercussions non négligeables sur l’inflation globale. Les scientifiques n’ont pas trouvé d’autres sous-composantes de prix impactées par le réchauffement climatique, mises par le secteur de l’électricité, qui pourrait lui aussi être concerné par une hausse des prix liée à la progression de la consommation pour faire face à l’augmentation des températures.
Une inflation alimentaire de 0,6 % en Europe liée aux chaleurs de l’été 2022
L’étude montre que la réponse de l’inflation à l’augmentation de la température mensuelle moyenne n’est pas linéaire puisqu’elle progresse lorsque les températures augmentent, mais qu’elle le fait plus fortement en été ainsi que dans les régions chaudes des latitudes plus basses, notamment dans le sud de la planète, comme en Afrique et en Amérique du Sud. Tandis que dans l’hémisphère nord, la hausse des températures devrait faire grimper les prix surtout pendant les mois d’été. Selon le rapport, une augmentation d’un degré de la température mensuelle moyenne a un impact sur les prix pendant encore 12 mois et que le même phénomène est constaté en cas d’excès de pluie. Par contre, les impacts sur les prix ne sont que de courte durée lorsqu’ils proviennent d’un excès de sécheresse.
Les scientifiques ont également examiné la période de l’été 2022 en Europe, où la chaleur et la sécheresse ont eu un impact considérable sur l’agriculture et l’économie. « Nous estimons que la chaleur extrême de l’été 2022 a augmenté l’inflation alimentaire en Europe d’environ 0,6 %, explique Maximilian Kotz, chercheur au PIK et premier auteur de cette étude. Le réchauffement futur prévu pour 2035 amplifierait les impacts sur les prix jusqu’à 50 % [d’ici à cette échéance]. Ces effets sont très importants pour les unions monétaires ayant un objectif d’inflation de 2 % comme la zone euro et continueront à s’accentuer avec le futur réchauffement climatique. »
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